Au cœur d’une crise de confiance et de résultats majeure l’ayant amené dans la zone des relégables, le CRMHB a de quoi s’inquiéter pour les mois à venir et l’issue d’un championnat qui sera tendue jusqu’au bout. Entre le changement temporaire de direction sportive, l’avenir immédiat et celui à plus long terme, sans éviter les questions épineuses sur la gestion humaine du moment, le président n’a éludé aucun sujet.
Avec une série de onze défaites en douze matchs, comment vit-on au quotidien une crise dont l’issue tarde à se profiler ?
Question atmosphère, on ne nage pas dans le bonheur, c’est certain. Les résultats de l’équipe première impactent forcément tout le monde. Moralement, d’abord, car la défaite est toujours difficile à vivre, des joueurs aux dirigeants, en passant par les salariés, le staff, les supporters ou les partenaires.
Sportivement ensuite, car si la situation devient critique en Starligue, elle l’est aussi pour notre équipe de N1 qui a été impactée tout au long de l’année par nos séries de blessures, obligeant le staff à puiser en réserve, avec pour conséquence directe une équipe qui n’a pas pu avoir de continuité en N1. C’est tout un club qui souffre, même si notre école de handball est toujours en très bonne santé, avec un gros travail de fond effectué. Néanmoins, je suis convaincu que c’est tout un club qui va tâcher de ressortir plus fort de ce moment.
Ressentez-vous une unité dans un contexte qui pourrait être propice aux règlements de compte et divers clans ?
Il y a une union sacrée, prônée et portée par tous, vraiment. Nous avons la chance – et je l’ai constaté lors de l’audit que nous avons mené qui a conduit aux changements que l’on sait – d’avoir un groupe sain. Il n’y a pas de situation vérolée, avec des personnes qui pourraient tirer contre leur camp et ça, c’est déjà énorme et c’est un atout pour la suite.
Certes, il y avait des incompréhensions, des frustrations et des absences de solutions qui ont fait glisser vers la situation où nous sommes aujourd’hui mais personne n’a joué sa carte ou négligé l’intérêt collectif. Sauver l’institution CRMHB demeure plus que jamais à ce jour, la priorité de tous, chacun dans sa position.

« Il n’a jamais été question de s’asseoir sur les quatre années précédentes et l’excellent travail réalisé »
Ces positions, justement, ont été redéfinies avec la mise en retrait temporaire de Sébastien Leriche et la mise en avant de Yann Lemaire. Quel regard, un mois plus tard, portez-vous sur cet ajustement ?
Cette décision a été prise après Saint-Raphaël, où un large audit était nécessaire. Le doute installé, la pression du résultat très forte, il fallait agir, faire quelque chose. Pour Sébastien, on ressentait que les clés manquaient pour sortir de l’impasse mais pour autant, il n’a jamais été question de s’asseoir sur les quatre années précédentes et l’excellent travail réalisé avec son staff.
Ce n’est pas un souci de compétence, de vision handball mais peut-être de contexte du moment. En ce sens, cette solution de confier l’entraînement et la gestion des matchs à Yann, avec un message différent et une personnalité différente, apparaissait comme la meilleure solution.
Le choix de conserver votre confiance en Sébastien Leriche, notamment pour la saison prochaine, n’est donc pas guidé par l’aspect financier qu’aurait contraint un licenciement ?
Clairement, non, ce n’est pas du tout le cas. Je le répète, comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, Sébastien sera bien l’entraîneur principal du CRMHB en juillet prochain, ce quelle que soit l’issue du championnat, avec son staff à ses côtés. Les choses sont très claires, dites, admises et comprises de tous.
Alors oui, comme dans un couple, quand ça ne va pas, les défauts de chacun ou les reproches passés jusque-là sous silence remontent mais au final, je suis convaincu que tout le monde va ressortir plus fort de cette période, renforcé avec ses relations qui certes, devront peut-être se reconstruire un peu, mais qui auront des bases encore plus solides grâce à un vécu comme celui-ci.
« Yann ? C’est un amoureux de son sport, un passionné, sans filtre et sans limite dans son investissement. Il a l’envergure et la compétence pour nous sauver »
Quel est le rôle aujourd’hui de Sébastien Leriche, en retrait, et sa réaction face à cette situation ?
Sébastien est un garçon intelligent, avec qui j’ai pu échanger évidemment très longuement. Nous n’avons pas parlé de handball, vous vous en doutez, mais de management, de la vie, des relations humaines et de tout ce qui se passe depuis des semaines. Même s’il est déjà très expérimenté, il est jeune et toujours désireux de s’améliorer, de progresser. C’est un bosseur et j’espère que tout ce que l’on s’est dit lui a fait du bien. C’était en tous cas ma volonté, de partager mon « grand âge » avec lui, mon expérience professionnelle.

A ce jour, il n’est pas mis hors-jeu du tout, simplement investi dans d’autres missions qu’il accomplit avec un grand professionnalisme. Il prépare les stratégies, est en back office, regarde et analyse bien sûr tous les matchs et se trouve dispensé temporairement de la pression des matchs, de la gestion au quotidien des joueurs. Il aura aussi l’occasion d’aller visiter les autres coachs de la division, enrichir encore son bagage en vue de la saison prochaine, où nous avons toute confiance en lui pour repartir de l’avant avec un groupe qui sera très différent.
Cela sans conséquence pour Yann Lemaire, propulsé numéro 1 et qui retrouvera son poste d’adjoint, qu’il réussisse ou échoue dans la mission maintien ?
Yann, à son arrivée, faisait l’unanimité et était à chaque fois bien placé dans nos listes respectives, à David Christmann, Sébastien et moi-même. Nous n’avons jamais été déçus et nous le sommes encore moins aujourd’hui. C’est un amoureux de son sport, un passionné, sans filtre et sans limite dans son investissement. Il a l’envergure et la compétence pour nous sauver, avec un discours parfois moins policé que celui de Sébastien.
Ses mots sont adaptés à la situation, quitte à froisser. Il n’a aucune velléité pour rester numéro 1 ou le devenir dans ces circonstances-là, surtout au détriment de Sébastien, et les choses sont là aussi très claires. Chaque lundi, lui, David et Sébastien, avec l’apport de Nicolas Lemonne en soutien sur la partie défense et gardiens, ont une réunion, débrieffent, analysent ensemble et les retours que j’ai de ces échanges sont très positifs. Je vous le répète, tout le monde tire dans le même sens.
Pensez-vous avoir manqué d’anticipation sur la fin d’un groupe ou d’un cycle ayant conduit à cette situation ?
Quand nous prolongeons tel joueur ou ne gardons pas tel autre, nous sommes convaincus de faire le bon choix mais forcément, nous réfléchissons aussi à notre part de responsabilité dans tout cela et il est possible que nous n’ayons pas suffisamment régénéré ce groupe qui a pu prendre des habitudes, y compris dans ses relations au staff. C’est toujours simple à dire ou constater a posteriori mais je réalise qu’aujourd’hui, les cycles des joueurs et leur investissement dans un club sont plus courts que par le passé, à Cesson comme ailleurs.

« Je reste optimiste pour accomplir cet objectif et je suis convaincu que l’on ressortira plus forts »
Si d’aventure, l’issue était malheureuse en juin, avec une descente en Proligue, le club serait-il en danger ?
En danger sur sa survie, non, car le travail effectué depuis tant d’années permet tout de même une vision à moyen et long terme mais ce serait un coup d’arrêt sévère par rapport à tout ce qui a été engagé, à tous les niveaux. Nous serions à l’évidence obligés d’adapter notre train de vie et on ne pourrait pas repartir en D2 avec l’effectif que nous avons construit pour la Starligue l’an prochain, c’est une évidence. La présence à la Glaz Arena serait aussi, forcément, un sujet très sensible…
Une descente, c’est adapter son quotidien, réduire les dépenses, promouvoir nos jeunes. Pour autant, et même si en tant que dirigeant, nous nous devons d’anticiper tous les scénarios, je reste convaincu que nous pouvons nous en sortir. Plusieurs contenus ces dernières semaines m’indiquent qu’il y a des raisons d’y croire, même si nous n’avons pas été récompensés par des points.
Lesquels ?
Déjà, il ne faut pas oublier que nous vivons une saison totalement infernale et inédite sur le plan des blessures. Du jamais vu, qui fait que nous n’avons jamais eu notre effectif au complet. C’est aussi l’une des raisons de cet enchainement qui nous a menés là aujourd’hui. Pour autant, on voit dans les comportements que personne ne lâche. Sur le terrain, le manque de confiance est là, avec tout ce qu’il engendre et la régularité au sein du même match fait forcément défaut.
Je reste persuadé cependant que le retour de Romain Briffe, qui nous a beaucoup manqué, peut faire du bien, rassurer mentalement et techniquement notre équipe. Il faudra de toute façon faire avec les forces en présence car nous pouvons imaginer qu’il y aura encore des aléas d’ici à la fin, pour aller chercher les points pour se maintenir. Je reste optimiste pour accomplir cet objectif et suis convaincu que l’on ressortira plus forts et armés d’une saison si compliquée.
