Pour leur première saison au sein d’une poule unique composée de 30 équipes, les Cormorans entraînés par Yven Sadoun ont connu un exercice difficile. Entre le renouvellement de son effectif et une adversité bien supérieure aux années précédentes, l’entraîneur rennais reconnaît que la marche était tout simplement trop haute pour prétendre à mieux.
Alors que la fin de saison approche, la formule du championnat, qui a évolué cette année, ne vous est guère favorable…
Jusqu’ici, nous étions sur quatre poules géographiques : nord, sud, est et ouest. Cette année, le championnat s’organisait sous la forme d’une poule unique avec 30 équipes et le cahier des charges de la fédération assurait 16 matchs de championnat à une distance de plus ou moins 300 km, que ce soit pour des soucis écologiques ou économiques. L’autre nouveauté, c’est que contrairement aux éditions précédentes, nous pouvons jouer trois fois contre la même équipe.
« Ça fait mal au moral quand tu sais qu’au moins 9 matchs sur 16 vont être très compliqués. »
Sur le papier, cette nouvelle formule paraissait intéressante, mais dans les faits, en tout cas pour vous, ça n’a pas été le cas…
Précédemment, sur les sept formations qui composaient notre poule, il y avait trois équipes contre qui il était difficile, voire impossible, de rivaliser. D’un côté, la nouvelle formule nous offrait la possibilité d’avoir plus de rencontres et donc plus de matchs intéressants à disputer, mais de l’autre, une fois le calendrier dévoilé, nous nous sommes rendu compte que les équipes que nous allions affronter à trois reprises étaient des formations du haut de tableau.
Au regard de ce que nous avions connu avant, il n’y avait pas eu de matchs avec autant d’écart et sur les équipes que nous avons rencontrées, trois figures dans le « top 5 » (les réserves de Caen, Evry-Ivry et Tours, ndlr). Dès le premier match contre la réserve de Caen, il y a eu plus de 10 buts d’écart. Ça n’était jamais arrivé avant.
À Tours, il y a des anciens joueurs de première division et à Cholet, une équipe qui pourrait être davantage à notre hauteur, le club a un partenariat avec Angers pour faire jouer des jeunes du centre de formation et qui pourraient, à terme, évoluer avec les Ducs d’Angers, en Magnus… C’est difficile de rivaliser dans ces conditions et ça fait mal au moral quand tu sais qu’au moins 9 matchs sur 16 vont être très compliqués.
D’autant plus qu’il y a eu plusieurs départs importants dans l’effectif…
L’effectif a été remanié à 30 ou 40%. J’ai perdu deux défenseurs sur six, deux attaquants sur neuf et un gardien. À notre échelle, ça fait beaucoup. Dans ces départs, nous avons un jeune du club qui avait intégré l’équipe première et qui est parti en Junior Elite. C’est une magnifique expérience pour lui, mais le revers de la médaille, c’est que nous ne pouvons pas en profiter.
Nous avons aussi un jeune qui part poursuivre ses études au Canada. Les résultats de notre centre de formation ressortent aussi à travers ces gamins qui s’expatrient. Il y a la réussite sportive en jouant dans des clubs plus huppés, mais aussi la réussite d’un double-projet et où la vie au sein du club permet de pouvoir s’épanouir scolairement et sportivement.
Les jeunes formés au club représentent la moitié de l’effectif actuel et c’est le travail de toute une équipe. Nous avons aussi la section para-hockey qui est double championne de France en titre et double vainqueur de la coupe de France avec notamment quatre membres de l’équipe de France. Ça reste quelque chose, en termes de performance. Enfin, nous avons une dizaine de joueuses qui évoluent en 5×5 à Brest avec l’équipe de Bretagne.
« J’ai la chance et l’honneur d’avoir mon maillot au-dessus de ma tête à chaque entraînement. C’est peut-être la plus belle reconnaissance, car on dépasse le cadre du sport. »
Quel est le programme d’après-saison ?
Une fois la rencontre de gala contre l’équipe des Sentinelles passée (ndlr : équipe de hockey sur glace des Forces de l’Ordre françaises), les gars vont d’abord souffler. Après cela, nous recommencerons à travailler avec juste le plaisir de s’entraîner et de profiter de ces moments jusqu’à ce que le Blizz soit déglacé vers la fin mai.
Au niveau des organes dirigeants, nous aurons un ou deux mois de transition pour trouver des solutions pour renforcer l’équipe. Cela peut être en contactant des joueurs ou en mettant en place des partenariats gagnant-gagnant avec d’autres clubs. Le club se positionne en facilitateur de vie en trouvant, par exemple, un travail à quelqu’un et en profitant de l’attractivité d’une ville comme Rennes, en contrepartie des qualités de hockeyeur.
Enfin, à titre personnel, ton maillot a été retiré il y a quasiment deux ans, en signe de respect pour ta carrière… Cela doit être une immense fierté…
J’ai la chance et l’honneur d’avoir mon maillot au-dessus de ma tête à chaque entraînement. C’est peut-être la plus belle reconnaissance, car on dépasse le cadre du sport. Aujourd’hui, j’accorde autant d’importance à un double-projet qu’à la performance pure et certains gamins que j’ai formés sont maintenant parents. La symbolique est énorme et c’est aussi le plaisir de voir des jeunes être dans un lieu et dans un cadre où ils se sentent bien.
Article à retrouver dans votre JRS de mars
