Football – Ligue 1 : Rennes domine Reims sans pétiller (1-0)

Kalimuendo buteur sur pénalty
Kalimuendo, auteur du seul but de la partie @Crédit Photo JRS

Elle est peut-être là, l’action du match, et n’est pas venue du terrain. Soudaine et fournie, et quelque peu disproportionnée, la bordée de sifflets accompagnant le coup de sifflet final n’est pas passée inaperçue. Ni pour les observateurs, ni aux oreilles d’Habib Beye, décontenancé devant son banc, mentionnant les « quelques petits sifflets » au micro du diffuseur, histoire de ne pas en rajouter, avant de « féliciter les joueurs qui enchainent un troisième match sur les quatre derniers sans prendre de but ».

Avec neuf points sur douze, le nouveau coach rennais a déjà donné de l’air à une équipe qui était encore suffocante il y a un mois. Et ça, ce n’est pas rien, n’en déplaise aux esthètes… Le Rennes barragiste d’il y a un mois n’est pas devenu un prétendant à la Ligue des Champions et a encore besoin de temps. Et de soutien, malgré tout. L’heure du bilan attendra juin.

Scénario catastrophe d’entrée pour Reims

Les planètes avaient pourtant décidé de s’aligner sous la pluie continue, invitée désagréable de la soirée. Un crachin combiné à une douche froide pour les rémois avec un carton rouge direct après moins de cinq minutes pour Cédric Kipré, auteur d’une semelle très maladroite sur la cuisse de Jordan James.

Dur pour de Champenois qui reçoivent une seconde réplique trois minutes plus tard avec une main de Koné qui dévie la frappe de Lorenz Assignon. C’est désormais la norme en Ligue 1 avec ces pénalties prêtant au débat et cela sourit à Rennes. Arnaud Kalimuendo transforme magistralement et pense ouvrir un festival offensif… Il n’en sera rien (9′, 1-0)…

Le Stade Rennais, stable en défense et jamais inquiété, avec un trio Brassier-Hateboer-Jacquet bien en place devant un Steve Mandanda serein en remplacement de Brice Samba, suspendu, essaie d’appuyer. Néanmoins, le liant n’est pas évident entre le milieu et l’attaque et les connexions clairement à améliorer, voire créer, dans les trente dernièers mètres.

Cela, le coach l’a également constaté : « J’aurais aimé qu’on ait plus de personnalité dans les 30 dernières mètres, que l’on fasse mal à l’adversaire. Nous avons eu plusieurs fois l’opportunité de mettre le deuxième, le troisième mais on est restés à la merci de l’adversaire. Ces situations je les ai vécus quand j’étais joueur, les joueurs l’ont aussi déjà connu… »

Diouf en sauveur face à des rennais maladroits

Ces sifflets pénalisent sans doute ce manque de qualité. Oui, le public aurait aimé voir un rouleau compresseur marcher sur un adversaire au fond du trou, restant sur onze matchs sans victoire. En oubliant, au passage, que ce Stade Rennais se construit, dans la difficulté, et que Reims possédait un gardien dans un excellent soir en la personne de Yéhvann Diouf.

Celui-ci s’interpose notamment devant Jérémy Jacquet (45′ et 52′) puis sur une tête de Seko Fofana (60′) quand les Rennais ne gâchent pas eux-mêmes de nombreuses opportunités en ne cadrant pas, notamment par Jordan James, Hans Hateboer, Musa Al-Tamari qui ne trouvent pas le cadre.

Avec seulement cinq frappes cadrées sur 23 tentatives et une adaptation tactique trop tardive au milieu de terrain, Rennes s’est rendu la tâche difficile. Et aurait pu le payer cher…

En effet, les Reimois ont eu les opportunités de revenir, restant dans la partie jusqu’au bout ou presque. Des mauvais choix, notamment par Ito, des approximations puis un second carton rouge en toute fin de partie pour le jeune Ibrahim sorti en larmes, pour un second jaune, ont eu raison des espoirs du nouveau coach champenois, Samba Diawara.

Un point devant son adversaire du soir avant la rencontre, le Stade Rennais empoche donc trois nouvelles unités au compteur et remonte doucement, revenant de loin. Au grand bonheur de son coach : « Le plus important quand on est dans la situation du Stade Rennais, c’est que l’on a neuf points sur douze et c’est très positif.

En ce moment, les points comptent. Je suis très satisfait pour mes garçons qui enchaînent un troisième match sans prendre de but. C’est bien aussi pour Steve de réussir un clean-Sheet et cela doit nous donner confiance. Nous allons travailler les liaisons milieu-attaque en vue de Montpellier dimanche. »

Confirmer à Montpellier pour tourner la page du maintien

Dans l’Hérault, les Rennais, désormais huit points devant Saint-Etienne, premier barragiste, ont l’occasion de se rapprocher des trente points et potentiellement, de mettre sans doute définitivement à distance la zone rouge, sans pour autant pavoiser ou se voir trop beau pour autant. Tourner la page du maintien, éventuellement… Il y a encore beaucoup à faire, à réparer et la lisibilité du projet, tant tactique que globale, reste bien floue mais certains constats font du bien.

Celui de la jeunesse rennaise, portées par Djaoui Cissé et Jérémy Jacquet, convaincants depuis leur entrée dans le onze « Rouge et Noir ». Celui d’une défense enfin stable, où la peur n’est plus maîtresse du jeu et celui d’une envie d’aller de l’avant, même si dans le temps, l’équipe manque de gaz et d’endurance dans l’effort et l’envie d’aller chercher l’adversaire.

Encore en plein hiver, le Stade Rennais entrevoit l’éclaircie et doit poursuivre sa guérison, avant de retrouver panache, sourire et symbiose avec un public dont il aura encore besoin pour définitivement se sortir d’affaire. A celui-ci aussi d’être patient et digne de la réputation méritée qu’il s’est bati au fil des années en étant toujours avec ses joueurs, si possible sans ajouter de difficultés dans un contexte déjà suffisament compliqué et enfin plus respirable.

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.