Après avoir fait le choix de la pluriactivité il y a deux ans en arrivant au Rheu, Gaëtan Béraud profite désormais de sa nouvelle vie, entre la Fédérale 2 avec les Frelons et son travail chez Solarenn, une coopéraive agricole. Il revient avec nous sur la saison rheusoise et sur son nouvel emploi du temps, plus souple, mais pas pour autant moins chargé.
Toujours le Top 6 en ligne de mire
Objectif clairement identifié par Martin Lagarde en début de saison, le Top 6 est plus que jamais d’actualité à sept journées de la fin de la phase régulière pour le SC Le Rheu Rugby. Si le mois de février s’annonce corsé avec la réception du leader Tours et un déplacement à Saint-Malo, troisième, pour le derby, le tout avant de recevoir Maisons-Laffitte début mars. Gaëtan Béraud y voit surtout un moyen de jauger la progression du groupe : « Globalement, nous sommes dans les objectifs que nous nous étions fixés.
Les matchs qui arrivent vont nous permettre de voir où on se situe et de voir si nous avons progressé par rapport à la phase aller. Même s’il y a un écart comptable avec les quatre premiers, nous n’avons pas pris 40 points et nous avons rivalisé. Sur le terrain, nous ne sommes pas si loin que ça. Après, notre objectif reste la qualification en play-offs et pour le moment, nous y sommes. Il faudra prendre les points que nous avons à prendre en battant nos concurrents directs et les équipes moins bien classées ».
En battant Plaisir, quatrième de la poule, pour son premier match de l’année 2025, Le Rheu a déjà prouvé qu’il pouvait faire mieux que rivaliser. Les play-offs, si qualification, auraient eux aussi une autre vérité : « Castillon nous l’a bien montré l’année dernière et la réalité d’une saison n’est pas forcément celle des play-offs. Il faudra voir la poule et l’adversaire que nous croiserons, c’est aussi la beauté des play-offs ».
Des fins de matchs qui coûtent cher
Le club rheusois, parfait exemple de cet écart davantage comptable que sportif, a ainsi vécu plusieurs dénouements cruels. Sur leurs trois derniers matchs de l’année 2024, les Frelons ont tout simplement concédé trois défaites dans les ultimes secondes. D’abord, à domicile contre Rochefort, puis deux fois en déplacement, à Gennevilliers et à La Roche-sur-Yon.
Le tout sans compter le derby contre Saint-Malo également perdu dans les derniers instants : « Malheureusement, il y a plusieurs matchs que nous perdons en fin de partie et qui auraient pu, comptablement, rendre la saison beaucoup plus belle. Pour moi, le match face à Saint-Malo est à part, car c’est une erreur d’appréciation de l’arbitre. Sur le passage des trois matchs, c’est une somme de petites erreurs individuelles qui font que nous perdons le fil.
Nous pouvons peut-être mettre ça sur le compte de la jeunesse, car il y a un peu moins d’expérience que les autres années, mais si on analyse les fautes, c’est plutôt une volonté de trop bien faire. Nous avons un groupe très généreux et il peut y avoir un petit peu de déchet, par moments. Par malchance, c’est arrivé en fin de match. Mais dans la construction de l’effectif, nous sommes dans le vrai et ce sont surtout des détails. Tout cela reste positif ». Avec 16 points au lieu des 4 points de bonus défensifs récupérés, Le Rheu serait actuellement à la lutte pour le podium.
La Fédérale 2, un niveau exigeant et des règles à assimiler
Oui, Gaëtan Béraud a évolué au niveau Nationale avec le REC Rugby, où il était même capitaine, mais non, le fait d’évoluer plusieurs échelons en dessous n’est pas une sinécure pour le troisième ligne centre : « C’est un niveau de compétition vraiment intéressant et ce n’est pas que du ludique. Nous rencontrons des joueurs bien préparés et très compétiteurs ».
Au-delà même du niveau, le fait d’évoluer en Fédérale 2 s’accompagne de règles qui ne font pas loi au-dessus : « C’est la plus grosse différence. Par exemple, nous ne pouvons pas plaquer à deux simultanément, ni plaquer au-dessus de la ceinture. Si un adversaire s’engage entre deux joueurs, nous ne pouvons pas y aller à deux. Ça rend le jeu plus haché et ça laisse aussi plus de place à l’interprétation.
On s’habitue, on travaille aussi pour, mais il y a des réflexes. Je trouve que la règle du plaquage à deux va à l’encontre de l’esprit du rugby car tu ne peux pas aider ton collègue qui « prend l’autobus » tout seul. Ce sont bien sûr des règles pour protéger les joueurs, donc il y a sans doute des effets positifs, mais en tant qu’amoureux de rugby, ça a été difficile à assimiler ».
Son double-projet au Rheu
Débarqué la saison dernière au Rheu pour pouvoir profiter davantage des siens, mais aussi pour appréhender au mieux sa pluriactivité, Gaëtan Béraud a trouvé son équilibre de vie : « Ça se passe très bien et je suis très épanoui. Ça prend quand même du temps, car depuis cette décision, j’ai aussi eu une promotion, mais ça me permet d’avoir un équilibre et de poursuivre les deux dans un laps de temps raisonnable. Ça me permet également d’avoir des projets de famille ».
Un double-projet qui devenait difficile à gérer au REC Rugby : « Je revoyais mes priorités, notamment pour préparer mon après-carrière, et c’est clairement ce que je suis venu chercher au Rheu. C’est pour cela que j’ai demandé à arrêter mon contrat professionnel. Il y a eu l’année en Nationale, l’exigence que cela implique mais aussi pour que le REC continue de grandir. Je suis quelqu’un qui fait les choses entièrement et si c’est pour louper des entraînements, ça ne m’intéresse pas et ce n’est pas intéressant pour le club non plus ».
« Ça me donne du temps pour faire mes deux passions »
Un emploi du temps qui n’en reste pas moins prenant, mais avec davantage de flexibilité : « Il y a de l’organisation mais moins que quand je devais aller m’entraîner le midi. D’un côté, j’ai de la souplesse avec le boulot, et de l’autre, le club du Rheu a parfaitement conscience de nos obligations professionnelles. Même si nous nous entraînons pas mal au Rheu, ça me donne du temps pour faire mes deux passions car je m’éclate dans mon « taf ».
En plus, comme je travaille dans une coopérative, je retrouve l’esprit d’équipe que j’ai dans le rugby. Il y a aussi moins de déplacements et je peux passer des week-ends avec ma compagne ou en famille, et même quand il y en a, je ne suis pas obligé de poser mon vendredi pour aller jouer à Bourgoin par exemple ». Attention toutefois, car en cas de play-offs, il faudra sûrement poser d’autres vendredis !
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