Du bassin d’Arcachon à la région parisienne, en passant par l’île de la Réunion, à tout juste 20 ans, Emilie Despiau a déjà vu du pays. Prêtée cette saison chez les « Rose et Noir » par la Stella Saint-Maur, l’arrière droite découvre une nouvelle région et retrouve aussi la confiance et le plaisir de jouer, perdus depuis un certain temps.
« Je souhaitais partir de la Stella pour un an, car je ne me sentais plus à ma place. J’avais un peu perdu le plaisir de jouer et j’ai eu la chance qu’Olivier me contacte. Nous avons discuté ensemble et il m’a présenté les objectifs qu’il avait pour moi. Le projet m’a vraiment intéressée et nous avons ensuite regardé la possibilité d’un prêt. Dès mon arrivée à Rennes, je me suis sentie bien », rembobine Emilie Despiau. Cantonnée à la Nationale 1 l’année passée, la néo-Grégorienne ne fait que deux feuilles de matchs en LBE.
Deux ans sur l’île de la Réunion
Pourtant, avant cela, elle connaît le premier grand moment dans sa jeune carrière en participant à la montée de son club au premier échelon national : « C’était ma première année au centre de formation de la Stella et nous sommes championnes de France de D2F. J’ai fait les six premiers mois avec la réserve en N1, puis j’ai pu prendre part à 7 ou 8 matchs avec l’équipe première en fin de saison et j’ai participé à la montée. Je me souviens aussi de mon premier but, devant mes parents présents en tribunes, c’était incroyable. C’est arrivé super vite, alors que je revenais de la Réunion… »
Car oui, avant ces deux années en région parisienne et son prêt au SGRMH, Emilie Despiau a vécu pendant deux ans sur l’île de la Réunion. Âgée de 16 ans, alors qu’elle joue à l’US Mios Biganos HB, proche du bassin d’Arcachon d’où elle est originaire, son papa est muté sur la bien nommée île Intense, loin de la métropole : « C’était en sortie de la période covid, donc j’étais forcément hyper contente.
Nous y étions déjà allés en vacances et ça m’avait beaucoup plu. La partie un peu moins drôle, c’est que nous avons dû laisser mon frère et ma sœur en France, car ils étaient en études supérieures. Ça reste deux années que je n’oublierai pas et j’ai appris plein de choses. J’ai découvert une autre culture, je me suis fait plein de copines et ça m’a aussi beaucoup apporté au niveau du handball ».
Maurine Semerle : « Depuis qu’elle est à Rennes, je la vois épanouie et ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu se faire autant plaisir »
En parlant de copines, elle rencontre notamment sa meilleure amie, Maurine Semerle, avec qui elle partage le pôle espoirs pendant un an. Elles se suivront d’ailleurs, avec une année d’intervalle, à la Stella Saint-Maur. Aujourd’hui à Nîmes, Maurine Semerle est dithyrambique au sujet de son amie : « Emilie est une joueuse très percutante sur le terrain. Elle a des qualités incroyables, mais elle arrive de temps en temps à en douter.
Mais dès qu’elle est en confiance, avec ses prises d’intervalles extérieures et ses parpaings de loin, personne ne peut l’arrêter. Depuis qu’elle est à Rennes, je la vois épanouie et ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vue se faire autant plaisir. Je pense que je l’admire pour sa détermination et pour toute la persévérance qu’elle met dans ce sport. C’est une personne qui a la tête sur les épaules et qui a beaucoup d’empathie. Elle est aussi très drôle et si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer (rires) ».
Drôle, mais aussi parfois tête en l’air, et pas forcément très bonne cuisinière : « Un jour, elle se faisait à manger et comme d’habitude, elle cramait tout. Elle était là à ventiler le plafond avec un torchon et je ne comprenais pas trop pourquoi… Je lui demande et elle me dit que c’est pour éviter que l’alarme ne sonne à cause de la fumée. En fait, elle pensait que la lumière au plafond, c’était le détecteur de fumée (rires) ».
« J’arrivais de la Réunion avec un niveau équivalent N3 »
Après deux années concluantes à la Réunion où elle termine notamment meilleure marqueuse avec Le Port Handball lors de sa dernière saison, elle rentre donc en métropole pour s’engager avec la Stella Saint-Maur et participe même à plusieurs stages avec l’équipe de France U20. Mais tout juste revenue de la Réunion et avec un niveau d’exigence bien différent, son expérience avec les Bleues tourne court : « Éric Baradat m’a convoquée pour un premier stage, mais malheureusement je me suis fait une entorse à la cheville.
Je suis quand même restée avec le groupe, mais en faisant des soins. Il m’a ensuite repris sur deux autres stages, mais ce sont des stages que je n’ai pas forcément appréciés, car je pense que je n’étais pas prête mentalement. Avec du recul, je pense que ça m’a beaucoup apporté et j’ai appris ce qu’était le haut niveau. Moi, j’arrivais de la Réunion avec un niveau équivalent N3… »
Un travail le midi en école maternelle dans le périscolaire
Débarquée en Bretagne après deux ans à la Stella, l’arrière droite, qui aimerait devenir professeur des écoles, commence en parallèle une licence en sciences de l’éducation et, pour faire rentrer un peu d’argent, travaille le midi en école maternelle dans le périscolaire, comme sa coéquipière Lila Pakel, « mais pas dans la même école ». Peu de temps libre, mais juste de quoi s’adonner à un loisir commun avec ses partenaires : « Avec les filles, on essaie de découvrir tous les cafés de Rennes et nous jouons à des jeux de société. »
Recommandation avisée de la néo-Rennaise ? « J’ai beaucoup aimé le 7 grammes ». En attendant de découvrir d’autres lieux de la capitale bretonne, Emilie Despiau met toute sa détermination au service du SGRMH dans une première partie de saison compliquée, où le plaisir de jouer dans la difficile quête de maintien ne sera jamais de trop.