Football – Stade Rennais : Ce qu’il faut retenir de la première d’Habib Beye devant la presse

Habib Beye, nouveau coach du SRFC
Habib Beye déjà à 200 % tourné vers Strasbourg, dimanche @Crédit Photo JRS

Ce vendredi, Habib Beye s’est prêté à l’exercice de la conférence de presse, en position de coach principal du Stade Rennais soit son premier poste dans l’élite après avoir officié trois saisons au Red Star en nationale avec une montée en Ligue 2 à la prime. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ex-défenseur de l’Olympique de Marseille s’est montré bavard et à l’aise, tout en étant très intéressant à écouter. Resta à attendre la traduction rapide des belles intentions sur le terrain.

Le bon moment pour tout le monde

En place pour six mois, avec des conditions qui lui « vont très bien, parfaites » pour lui, dixit l’intéressé, Habib Beye a évoqué le timing et l’officialisation de son arrivée : « L’important c’est le défi qu’on a devant nous, et pas les conditions d’un contrat. Ce qui m’intéresse c’est d’être ici aujourd’hui, penser au Stade rennais et ne pas penser à ma situation personnelle.

C’est un privilège d’être au Stade rennais. Ça montre la reconnaissance de tout le club. Je voudrais remercier la famille Pinault car quand on s’est rencontrés il y a quelques mois, on avait eu un échange extrêmement intéressant ».

Celui-ci était sur le point d’aboutir mais Jorge Sampaoli, qui arrivait avec un « staff complet dans l’instant » avait été préféré « C’est toujours un privilège pour un coach de se sentir désiré. Ça a failli arriver il y a quelques mois, ça arrive maintenant et je pense que c’est le bon moment pour tout le monde, pour moi. » Cela, seul l’avenir le dira.

« La situation est pour moi loin d’être dramatique… » Vraiment certain de cela ?

Amener du positif, cela commence par la posture, les mots, l’attitude. En la matière, Habib Beye a parfaitement géré son entrée en scène, à coup de positive attitude. De l’enthousiasme, de la fraîcheur et de l’appétit, oui mais gare, toutefois, à ne pas voir trop beau un effectif dont la réalité comptable aujourd’hui en fait le seizième de Ligue 1, gros potentiel ou non.

Longtemps, le discours récurrent du « groupe de qualité » et de bonne série pour sortir de là, servi par les joueurs et entourage du groupe, a sans doute endormi les consciences, pour les résultats et la situation que l’on sait et surtout, actuelle.

Gare, pour le nouveau coach rennais, de ne pas trop cajoler un groupe ayant aussi besoin d’être sérieusement secoué et mis face à ses responsabilités. Affaiblir et enfoncer, non, responsabiliser puis mettre en confiance, oui. Le coach, lui, dédramatise : « La situation qui m’importe est la situation présente. Il faut considérer que mes joueurs, moi et mon staff on est ensemble pour une aventure qui va être exceptionnelle. On a 15 échéances devant nous amener à être performants ensemble. »

Et le classement dans tout ça, l’état des têtes ? « La situation est pour moi loin d’être dramatique, il y a encore beaucoup de choses à faire. Ce qui me motive dans ma vie ce sont les défis. Ce que je vois c’est de la compétence. Au club mais aussi dans l’équipe, et je suis tout à fait serein sur ce qu’on va vivre. » Cela en fera au moins un, au coup d’envoi ce dimanche…

Tout à gagner pour le coach

S’il réussit à redresser le Stade Rennais et surtout, au-delà des points ou d’un classement, à redonner plaisir et joie à la communauté rennaise, Habib Beye aura relevé le défi qui est le sien. Et qui va au-delà d’un simple maintien pour l’équipe et d’un lancement de carrière pour lui : « Je me suis toujours construit pour aller chercher des objectifs, vivre des aventures qui m’épanouissent. Je ne me pose pas la question de savoir si j’ai quelque chose à perdre.

Il faut redonner de l’énergie à un club, redonner une identité à cette équipe. Je ne suis pas dans le calcul. Quand je prends un club, c’est pour tout lui donner. Si vous observez mon parcours, ça vous montre que je ne suis pas dans une logique de gagner ou perdre, mais de progresser, avancer. »

Si Arnaud Pouille n’a pas démenti qu’une clause existe en cas de maintien, il n’a pas non plus confirmé que le nouveau coach du Stade Rennais serait automatiquement prolongé à la tête de l’équipe si celui-ci est efficient en mai prochain. La manière importera donc beaucoup, tout autant que les résultats, pour un club qui doit déjà se sauver puis, dans un second temps, sauver un peu les apparences avant de réattaquer un cycle nouveau, où bien des hommes pourraient encore changer. Le Stade Rennais n’est plus à un remaniement près…

Quel système de jeu ? Premiers éléments de réponse…aux joueurs !

La bouillie de football servie par Jorge Sampaoli ces dernières semaines fait que peu de supporters rennais seront difficiles pour les prochaines échéances. Retrouver de l’envie, de la maîtrise, du jeu vers l’avant, des buts et surtout, arrêter les cadeaux. Autant d’axes qu’Habib Beye et son staff ont forcément déjà identifié.

Alors fin, tant espérée, de cette défense à trois inefficace et poreuse ? « J’ai une idée très précise de comment on jouera dimanche, mais je réserve ça à mon groupe que je vais rencontrer. Il faut qu’on aille vite dans le vif du sujet, dans la préparation de ce match. »

Bonne nouvelle, les joueurs sauront précisément ce que l’on attends d’eux et contrairement au discours de leur précédent coach, ne devraient pas être toujours la cible des soucis mais la solution : « Je n’émets pas les mêmes réserves que vous dans l’aspect déséquilibré de l’équipe. Je pense que l’équipe est de grandes qualités, il y a énormément de ressources au club. Il faut être en capacité de redonner très rapidement de l’énergie à cette équipe, et surtout de la confiance. Cette confiance elle arrive quand le coach valorise les joueurs qui sont au club. » Le message est passé, à quiconque veuille l’entendre…

Une énergie non feinte, oui, mais sera-ce suffisant ?

Concernant le climat actuel du club, le nouveau coach est là-aussi dans l’optimisme et la séduction. Légèrement trahi, cependant, par les visages beaucoup moins souriants d’Arnaud Pouille et Frederic Massara à ces côtés : « Vous voyez une crise, moi je vois un club structuré, équilibré, avec une volonté commune de travailler ensemble.

C’est le seul jugement que j’ai. Je ne peux pas arriver avec un jugement sur ce qu’il s’est passé avant sinon je suis déjà pollué. Le constat que je fais c’est qu’il y a énormément d’énergie dans le club. »

Avant d’enchaîner : « Cette énergie, j’en déborde, je suis hyperactif, très présent. Je vais être honnête, vous parlez de classement, je ne le regarde pas aujourd’hui et je me concentre sur tout autre chose : que mon équipe soit très vite performante, capable d’assimiler ce qu’on va lui demander, de transmettre des émotions dans un stade qui va être dimanche j’en suis sûr acquis à notre cause, et que cette équipe dégage une identité très vite.

De manière générale je suis serein, ce qui peut par moment être apparenté à de l’égo. Je suis juste quelqu’un qui travaille beaucoup pour se donner les moyens de pouvoir afficher cette sérénité. Je suis engagé dans une aventure qui me semble exceptionnelle et qui le sera quoi qu’il arrive. » Exceptionnellement positive, alors, quitte à choisir.

Prophétie auto-réalisatrice et croyances

La positive attitude, on vous dit. Relancer sur la possible lutte pour le maintien, l’ex international sénégalais a reprécisé, au besoin, son propos : « Je pars du principe que dans la vie, il y a la prophétie auto-réalisatrice : si vous pensez négatif, vous ne véhiculez que du négatif autour de vous. La situation du club, la direction, l’entraineur et les joueurs en sont conscients. Mais mon job ce n’est pas d’amener les gens à penser de manière plus négative que ce qu’ils vivent au quotidien. C’est d’amener de la croyance tout de suite. »

Mais de quelle croyance nous parle donc le coach ? « On doit être capable d’assimiler qu’en tant que groupe, on est ensemble, je considère tout le monde, il n’y a pas de statut et que de fait, tout le monde sera sur un pied d’égalité. Je concentre toute mon énergie sur le groupe que j’ai aujourd’hui. »

Un groupe qui ne cesse d’être chamboulé avec un dernier week-end de mercato bouillant, et des connexions à créer, avant de rebrancher tout le monde sur le bon circuit. Pas sûr que les croyances suffiront.

L’identité de jeu, enfin

Contre Strasbourg, donc, revenons y. Habib Beye n’a pas dévoilé son système tactique mais difficile d’imaginer ce 3-4-3 inefficace et coupable d’une terrible chute au classement. S’il a observé jour et nuit l’équipe comme cela semble être le cas, l’ex-consultant de Canal + proposera forcément quelque chose de plus offensif et protagoniste : « Je veux une équipe dominante, une équipe en capacité de gérer le tempo, de faire mal à l’adversaire en permanence.

Ça c’est l’aspect théorique. Ensuite il y a la pratique, mais l’axe de travail, je peux vous garantir que ce sera de donner de la liberté à des joueurs qui ont énormément de talent et sont créatifs. »

En termes de création, Gouiri, Gronbeak, Jota et à un degré moindre, Baptiste Santamaria sont partis, sous l’impulsion de Jorge Sampaoli. Voilà des cartouches en moins mais pas de quoi désarmer Coach Beye : « Je suis là pour appuyer sur la qualité intrinsèque de mes joueurs. Je veux aller chercher chez mon joueur ce qu’il a en lui, qu’il est capable d’amener à l’équipe. Mon rôle est de faire que dimanche on ait un climat de confiance au sein de l’équipe. véhiculé par nous le staff et le club. »

Premiers éléments de réponse aux alentours de 19 h 30, dimanche soir, Roazhon Park. Degemer Mat, M.Beye !

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.