Originaire de Naskup, village niché au milieu des montagnes canadiennes de la Colombie-Britannique, la pointue Adriel Goodman a posé ses valises cet été en Bretagne après un passage en Finlande. Addict au volley depuis son plus jeune âge, sa carrière sportive bascule sur le tard grâce au beach-volley. Entretien avec une véritable globe-trotteuse.
Comment as-tu découvert le volley ?
Mon père adorait ce sport et c’est lui qui me l’a fait découvrir. J’ai ensuite continué de pratiquer jusqu’à l’Université. J’ai d’abord commencé en tant que réceptionneuse-attaquante à Cranbrook (College of the Rookies Avalanche), puis je suis allée à l’Université de Calgary où j’ai basculé en tant que pointue.
Le français n’est pas la langue officielle dans l’Ouest du Canada. Comment se fait-il que tu parles aussi bien notre langue ?
Ma mère est Québécoise et mes grands-parents, ainsi que mes cousins, vivent au Québec. Je n’ai jamais vécu là-bas, mais ma mère a fait en sorte de m’apprendre le français pour rester en contact avec la famille, car ils ne parlent pas anglais. De plus, j’ai un copain français et j’ai pu pratiquer. Ayant toujours vécu à l’ouest du Canada, je n’ai jamais trop eu l’accent, mais j’ai le vocabulaire québécois.
Le volley est-il un sport répandu au Canada ?
Comme le pays est un territoire très étendu et finalement assez peu peuplé, il n’y a pas beaucoup de sports collectifs car il est difficile de se déplacer d’un côté à l’autre du pays. Le plus haut niveau se joue à l’Université et il est divisé en quatre secteurs : Maritime, Québec, Ontario et Canada Ouest. Nous jouons d’autres universités présentes dans notre division et c’est diffusé en ligne. C’est géré un peu comme un club professionnel, mais nous représentons notre école. Tu es d’ailleurs payé en bourses pour l’école et il faut étudier en même temps pour jouer dans ces équipes. Mais il n’y a pas de ligue professionnelle.
Tu pratiques aussi le beach-volley à haut niveau. Comment y es-tu arrivée ?
Pile quand j’ai fini l’Université, le Covid est arrivé et je ne pouvais pas trouver de contrat en salle. J’avais un diplôme en chimie et, pendant un an, j’ai travaillé dans une micro-brasserie et je ne faisais plus de volley. Néanmoins, il était encore possible de jouer au Beach et une joueuse à Calgary m’a alors approchée en me proposant un projet, celui de jouer sur le plan international. À ce moment-là, je n’avais pas d’attaches à Calgary et j’avais un travail que je pouvais quitter.
Six mois plus tard, je déménageais à Toronto pour les sélections de l’équipe nationale. Ça a duré jusqu’en janvier 2024 et pendant tout ce temps, nous avons représenté le Canada à travers le monde. Mais à l’instar du tennis, c’est surtout du « prize money » et les voyages coûtent cher. Le temps était venu d’arrêter et j’ai sollicité un agent pour aller jouer en salle. Je vais continuer le Beach, mais seulement pendant l’été, et ne représentant plus le Canada, car il faut être domiciliée à Toronto.
« J’ai fait des recherches et j’ai appris que ma famille française d’il y a 400 ans venait de Bretagne »
Tu décides alors de tenter l’aventure en Finlande…
Je n’ai pas eu peur de partir loin, car Toronto était déjà très éloigné de chez mes parents. Cela faisait à peu près un an et demi que j’étais avec mon copain français et nous avions passé pas mal de temps en Europe, donc j’avais plutôt hâte. Nous étions dans le nord de la Finlande et c’était vraiment « le village du père noël » (rires).
Il faisait juste très froid et il n’y avait que 2-3h de soleil par jour, mais ça reste une super expérience et je suis très reconnaissante de l’avoir vécue. J’adore voyager et en plus vivre du volley, c’est génial. J’avais un contrat de trois mois et j’ai fait la moitié de la saison. La seule appréhension, c’était de repasser en tant que réceptionneuse-attaquante, car cela faisait 5-6 ans que je n’avais pas joué à ce poste en salle.
Comment as-tu atterri à Rennes ?
Au départ, avec mon agent, nous avions retardé ma rentrée en salle. J’avais certes décidé d’arrêter le Beach à temps plein car j’avais besoin de me stabiliser, mais il y avait un tournoi d’exhibition international à l’automne en Chine, avec de l’argent à gagner. Pour l’anecdote, j’étais à l’ambassade de Chine pour faire mon visa quand mon agent m’a appelé pour me dire que c’était ok avec le REC Volley. J’ai raccroché et j’ai traversé la rue pour aller à l’ambassade de France (rires). En plus, j’avais fait un essai en janvier à Aix et je connaissais déjà Emma Le Roux !
Comment se passe ton adaptation en Bretagne ?
Il fait déjà beaucoup plus chaud qu’en Finlande (rires). J’adore la ville et l’équipe a été très accueillante, d’autant plus en arrivant un peu tard. Je suis aussi très contente de revenir à la pointe. Yann gère très bien le projet et il a une bonne démarche. J’apprécie aussi le fait que nous parlions tous en français, car c’est la première fois que je vis ma vie en français et ça, c’est spécial. J’ai fait des recherches et j’ai appris que ma famille française d’il y a 400 ans venait de Bretagne. D’une certaine façon, c’est une partie de moi !