Après des longs mois de patience, de travail et de résilience, Antoine Quentric peut de nouveau refouler les parquets. Victime d’une rupture au tendon d’Achille en mars 2024, le Taeïste reprend petit à petit la compétition et savoure son retour. Avant de retrouver la pleine possession de ses moyens, sans brûler les étapes, il revient sur tout le chemin déjà parcouru.
Ecarté si longtemps des terrains, le temps a dû te paraître interminable. Peux-tu nous rappeler la cause de cette si longue absence ?
C’est arrivé lors d’une rencontre face à Lille, il y a huit mois et demi. C’était en début de match, je venais de marquer et sur un appui, tout seul, je me blesse. Je n’ai pas entendu de « crac », mais le tendon s’est cassé. Je ne pouvais plus marcher et je me suis tout de suite allongé par terre. C’était la première fois que je subissais une blessure aussi importante donc je ne savais pas trop ce que j’avais, mais quand j’ai vu que je ne pouvais pas poser mon pied, j’ai compris que c’était quelque chose d’assez grave.
Comment as-tu été pris en charge ?
Je suis allé directement à l’hôpital. Le chirurgien a touché mon tendon et il m’a immédiatement dit que c’était une rupture totale. On m’a donné des béquilles pour rentrer chez moi et je suis revenu le lendemain, à jeun, pour me faire opérer sous anesthésie générale. J’ai ensuite été plâtré pendant deux mois et demi. Une fois le plâtre enlevé, le temps a été long.
Je devais attendre, d’abord pour poser mon pied, ensuite pour marcher un tout petit peu avec des béquilles, puis sans béquilles, jusqu’à pouvoir marcher plus rapidement et commencer la course. C’est très long. Cependant, quand j’étais encore à l’hôpital, j’ai vu des personnes avec des blessures bien plus graves que moi et ça m’a permis de relativiser.
Au-delà de la blessure physique, le mental a aussi un rôle primordial…
Pour tenir mentalement, je me fixais des objectifs réalisables, étape par étape. Reposer mon pied avec les béquilles, sans béquille, commencer à trottiner puis à courir, rejouer avec le ballon, reprendre avec le groupe B puis reprendre avec le groupe A. Chaque petite étape te donne de la force pour revenir et dans ta tête, tu as l’impression que c’est moins long car tu valides des points de passage rapidement.
Je pense que c’est grâce à ça que j’ai pu reprendre plus vite. Si je m’étais dit d’entrée, « mon objectif est de reprendre avec la D2 », le temps aurait été long et cela aurait été plus compliqué mentalement. Ce qui est difficile, c’est la période où tu ne peux rien faire tout seul et où tu es assisté. Le simple fait de remarcher et de reprendre la vie quotidienne, ça fait du bien.
Même si tu as repris la compétition, ta rééducation n’est pas totalement terminée. Quel est le programme ?
J’ai été bien suivi par le kiné du club, Jean-Charles Gervais, et effectivement, il me suit encore et il me reste entre trois et quatre mois avec lui. J’ai une routine de deux à trois séances par semaine, en plus des entraînements futsal. J’ai retouché le ballon il y a environ quatre mois, mais, à ce moment-là, ça ne voulait pas dire avec le groupe, juste tout seul. Avec la résonnance, je ressentais encore le coup derrière. Maintenant, je peux commencer à reprendre, j’en suis à quelques matches. Je ne suis pas encore à fond, mais pouvoir rejouer en D2 après cette blessure, c’est déjà très bien.
« On ose moins mettre le pied dans certaines situations, mais il faut prendre le temps et ça va revenir »
As-tu encore des douleurs ?
Je n’ai pas de douleurs quand je joue, mais j’ai une faiblesse à la jambe. J’ai le mollet droit qui est beaucoup plus faible que le mollet gauche. Il me reste encore trois à quatre mois pour bien me renforcer. Quand je frappe, je sens que je n’ai pas de force, et quand je cours, je sens que j’ai du mal à pousser sur mes appuis. Ce sont toutes ces petites choses que les gens ne voient pas, mais que je ressens. C’est aussi là que je comprends qu’il me faudra encore du temps pour retrouver mon niveau et toutes mes capacités.
Avais-tu des appréhensions avant de reprendre ?
Oui et j’en ai encore. J’avais posé la question au chirurgien et à d’autres personnes ayant connu cette blessure, et ça va durer encore un certain temps. Par exemple, on ose moins mettre le pied dans certaines situations, mais il faut prendre le temps et ça va revenir. Il faut travailler psychologiquement là-dessus, car c’est aussi un travail à faire sur soi. Maintenant, ce n’est que du bonus et j’ai même marqué deux buts pour mon premier match (rires). J’ai un temps de jeu assez long pour quelqu’un qui revient, et juste ça, c’est plaisant !