Difficile, au sortir du match et de ses statistiques édifiantes, humiliantes pour les Verts, d’imaginer que ceux-ci étaient devant Rennes avant le coup d’envoi. Difficile aussi, d’y voir la moindre ambition au coup d’envoi, et le moindre poids dans les débats à la fin. Indispensable, enfin, était la nécessité absolue de réaction des « Rouge et Noir », en déliquescence depuis des semaines et en grand danger au classement.
Peut-être pas d’un combat pour le maintien, la saison n’en étant pas encore à sa moitié, mais d’une quête d’un honneur à retrouver, d’une fierté à rendre à des supporters désormais aussi fâchés qu’inquiets. Avec cette « manita », Rennes s’est un peu rassuré mais ne doit surtout pas pavoiser.
Jordan James a gagné plus qu’un match…
Au coup d’envoi, Jorge Sampaoli confirme sa prise en main de l’effectif déjà entrevue à Lille. Jordan James est titulaire, tout comme Mahamadou Nagida et Ludovic Blas, de retour. Jota, toujours énigmatique, ne démarre pas, tout comme Baptiste Santamaria, Christopher Wooh ou encore Glenn Kamara.
Satisfaction du jour avec une prestation complète, l’international gallois devrait terminer l’année civile, et plus si affinités, dans le onze breton. Ses projections vers l’avant, son fighting spirit et son punch ont dénoté et beaucoup se demandent pourquoi celui-ci, plutôt savoureux en zone mixte, ne trouvait pas grâce aux yeux de Julien Stéphan…
Saint-Etienne a le « Cafaro », Rennes en profite !
La première période est pourtant loin de convaincre, poussive, même si les intentions sont évidemment rennaises. Pas compliqué face à onze plots « blanc et vert » venus là pour contribuer à l’exercice possession de balle et détection de la faille pour les « Rouge et Noir ».
Le manque de talent individuel et d’expression collective des stéphanois ont de quoi mettre en dépression leurs supporters, qui n’auront qu’un long ballon anodin mal géré par Mikhayl Faye pour vibrer. Sur celui-ci, Mathieu Cafaro s’emmène le ballon côté gauche et vient trouver le poteau de Steve Mandanda, battu (17′).
Rennes, pourtant seul dans le match, a failli se faire piéger, tout comme sur une nouveau duel loupé par le défenseur sénégalais avec Mathieu Cafaro. Déséquilibré dans la surface, « l’homme du match » côté stéphanois s’écroule mais ne bénéficie pas de pénalty. Il y avait pourtant clairement débat…
Joue-là comme Suarez…
Il n’y en aura pas un peu plus tard dans la partie, malgré certains commentaires partiaux et erronés, pour les Rennais. Jordan James est seul au niveau du point de pénalty suite à un bon mouvement collectif et allume Gautier Larsonneur, battu. Sur la trajectoire, Mathieu Cafaro fait étalage de son « sens du jeu » et dévie de la main le ballon vers le poteau, à la Suarez.
Après vérification vidéo, M.Bollengier accorde très logiquement le pénalty et donne rouge, l’attaquant stéphanois annihilant de façon totalement stupide une occasion franche de but. Double sanction pour les Verts et premier but de la soirée, logique, signé Arnaud Kalimuendo (39′).
Blas sonne le glas des Stéphanois
Dans l’air, la fin du suspense, déjà, Saint-Etienne n’imprimant aucun révolte. Au fond des arrêts de jeu, Ludovic Blas bénéficie d’un double-contact pour venir allumer de près sous la barre Gautier Larsonneur (45’+6′). Rennes, bien plus volontaire dans le jeu à défaut d’être brillant, est logiquement devant, les trois points quasi en poche.
Pourtant, en début de seconde période, Ibrahima Wadji, entré à la pause, essaie de relancer les siens. Bousculé illicitement par Faye dans la surface, il ne bénéficie pourtant pas de pénalty. L’ASSE renonce alors pour de bon à exister lors du second acte et se recroqueville encore plus, un exploit, avec la spécificité de ne pas savoir défendre ! Et Rennes va en profiter pour se régaler !
Le Stade Rennais en mode attaque-défense
Rapidement, Amine Gouiri inscrit le troisième but, seul entre Yunnis Abdelhamid, en mode pré-retraite, et Dylan Batubinsika, en mode spectateur, pour ajuster d’une tête parfaite Gautier Larsonneur, pas décidé à plonger, contrairement à son équipe. 3-0, le Roazhon Park retrouve le sourire et la voix et apprécie le spectacle.
Celui-ci n’est pas terminé, puisqu’Arnaud Kalimuendo, parfaitement décalé par Ludovic Blas, décisif ce samedi (2 passes décisives et un but), pivote et trouve le petit filet quelques minutes plus tard pour le 4-0, face à une défense une nouvelle fois spectatrice.
Premier triplé d’Arnaud Kalimuendo en pro !
C’est trop facile pour Rennes, qui ne relâche pas pour autant et Léo Pétrot, malgré sa combativité, montre ses limites en bousculant Ludovic Blas dans la surface. Second pénalty, logique, et triplé pour Arnaud Kalimuendo, facile face au pauvre Gautier Larsonneur. L’heure de jeu à peine passée et Rennes mène 5-0. Pour Arnaud Kalimuendo, petit événement avec le premier triplé réussi en pro !
Les 20 dernières minutes seront un long calvaire pour des Stéphanois aux abois. Albert Gronbeak trouve la barre sur un improbable cafouillage tandis qu’Arnaud Kalimuendo se procurera plusieurs belles situations pour inscrire un quadruplé.
Rien n’est ajouté à la marque cependant, et le Stade Rennais renoue avec la victoire en infligeant un 5-0 clair et net aux Verts, offrant ainsi un dernier hommage à la hauteur à Dom, membre historique bien connu du RCK disparu cette semaine.
Deux derbies pour exister en 2025
Avec ce succès, Jorge Sampaoli et ses hommes stoppent l’hémorragie, à défaut d’avoir convaincu de A à Z mais ont aussi trouvé quelques éclaircies. La prestation très convaincante de Jordan James, dont l’association avec Azor Matusiwa est à revoir, l’efficacité sur cette rencontre d’Arnaud Kalimuendo et la prestation volontaire, à défaut d’être brillante, des latéraux. L’état d’esprit, aussi, volontaire et enfin positif dans son ensemble.
Il faudra au moins cela, et sans doute plus, dimanche prochain à la Beaujoire, pour confirmer et battre des Nantais surprenant à Paris (1-1). Prendre six points, d’abord contre le voisin donc, puis dans un autre presque-derby contre Angers, afin d’atteindre avant Noël la barre des vingt points.
Un strict minimum qui pourrait être une base de travail en vue de modifier intelligemment l’effectif lors du mercato d’hiver mais surtout d’enclencher une grosse série pour retrouver une position décente au classement. Si le chemin emprunté ce samedi semble enfin être le bon, la route est encore très longue pour le Stade Rennais, qui s’il ne doit pas bomber le torse, a le droit de savourer ces trois points et le retour à l’horizon d’un peu de plaisir et d’ambition.
A condition, évidemment, de confirmer…