Après quatre ans passés chez le voisin vannetais, le jeune pilier gauche Abel Charrier a décidé de poursuivre l’aventure bretonne, mais cette fois-ci sous l’étendard « Noir et Blanc ». Une suite logique dans sa progression, d’autant plus à un poste où le vécu est indispensable.
Tu quittes le RCV, club dans lequel tu évoluais depuis 2020. Que retiens-tu de ton expérience dans le Morbihan ?
Je pense essentiellement à ma progression et j’ai le sentiment d’avoir progressé tous les ans là-bas. J’ai essayé d’atteindre le meilleur niveau possible et de toucher le haut niveau, que ce soit avec ce que j’ai pu apprendre en espoirs ou avec les professionnels. J’ai pris part à plusieurs entraînements avec le groupe professionnel et j’ai même effectué la présaison avec eux l’année dernière. Même si je n’ai pas réussi à prendre la place des mecs devant moi, ce fut quatre années très sympa.
Parle-nous de cette montée en Top 14, de toute la folie qui l’a accompagnée…
C’était assez incroyable ! Je ne peux pas vraiment dire que j’ai fait partie du truc, mais je me suis quand même entraîné avec les gars et évolué avec plusieurs jeunes qui ont participé à cette montée. Nous avons vraiment vu la progression du club et c’est une juste récompense, mais aussi un soulagement…
C’est-à-dire ?
La Pro D2, c’est un championnat qui peut être à double tranchant. Nous sentions que nous avions les armes pour monter, mais la « hype » peut aussi très vite retomber. À ce niveau, ça bouge constamment.
« J’ai hésité à rester en centre de formation en Pro D2, mais je voulais jouer contre des adultes »
D’une certaine façon, c’est aussi la victoire du rugby breton, dont le RCV est le fier étendard !
C’est vraiment un point qui est abordé à Vannes. La plupart des clubs bretons sont derrière le RCV et ils sentent que ça peut aussi leur permettre de se développer. Le recrutement commence à s’améliorer et il y a une identité forte. Ce sont des choses que les clubs veulent utiliser. Les clubs du Sud-Ouest mettent en avant leur identité. Il y a un engouement réel et c’est très positif. Il faut que ça s’étende et si ça peut servir pas uniquement à Vannes, c’est positif.
Pourquoi avoir choisi le REC Rugby ?
J’arrivais en fin de parcours à Vannes et quand j’ai vu que ça n’allait pas s’ouvrir, je savais que j’allais devoir trouver un nouveau challenge pour poursuivre ma progression et m’épanouir. Dans cette recherche de temps de jeu, j’ai hésité à rester en centre de formation en Pro D2, mais je voulais jouer contre des adultes car ça n’a rien à voir. Ça va certes moins vite, mais ça tape plus fort.
Je cherchais un club avec un projet en Nationale ou en Nationale 2. Le REC Rugby, qui évolue en N2 avec l’ambition de monter, était le projet idéal. Ça me permet aussi de rester dans le coin et après quatre ans à Vannes où l’identité régionale est mise en avant, comme au REC, j’avais envie de continuer à défendre l’identité bretonne.
As-tu pu échanger avec certains joueurs du REC avant de venir ?
J’ai joué deux ans avec Hypolite (Cornu) et je connais aussi bien Edwin (Vérité) avec qui j’ai évolué plus récemment à Vannes. J’ai eu de bons échos de sa part, même avant l’éventualité de venir, et il était content du projet qu’il avait trouvé à Rennes. Je sais qu’il y a du lien entre les deux clubs, notamment les coachs, et j’avais déjà croisé Kévin Courties.
Évidemment, quand tu connais des gens, ça joue un peu. Quand j’ai eu le contact avec Rennes, je me suis sans doute posé moins de questions et j’étais assez confiant. Je connais aussi Mathéo Lhuillier qui est, comme moi, originaire des Pays-de-la-Loire et qui rejoint le REC cette année. Il n’y a pas beaucoup de clubs de rugby dans la région et nous avons déjà joué l’un contre l’autre lors de petits tournois.
« Le championnat risque d’être un peu différent cette année »
Comment se passent tes premières semaines au club ?
La très grande majorité des mecs sont super avenants, et même ceux qui le sont un petit peu moins sont très sympas et restent abordables. Les échanges sont faciles entre nous et j’ai une très bonne première impression. Je prends de plus en plus mes marques et ça facilite forcément la qualité du travail. J’ai vraiment trouvé un groupe impliqué et c’est intéressant pour la suite.
Tu vas connaître ta première expérience en senior. Comment abordes-tu cette saison en Nationale 2 ?
Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. J’ai un peu suivi la saison du REC, notamment avec Edwin, mais le championnat risque d’être un peu différent cette année. Il y a notamment trois promus avec des recrues intéressantes, un peu comme Langon l’année dernière, et la mêlée sera importante. Il va y avoir des gros défis physiques et sans doute des équipes qui jouent moins dans la vitesse que nous.
Nous avons cette volonté de produire du jeu pour faire des performances. Maintenant, je n’ai pas envie de trop anticiper les choses et j’ai juste hâte de démarrer. J’espère que nous pourrons performer et de ce que je vois, nous avons largement la qualité d’effectif pour le faire.
La mêlée du REC a notamment été en difficulté lors de la demi-finale de play-offs, as-tu une forme de pression par rapport à ça ?
En arrivant au club, j’ai entendu dire que c’est ce qui avait péché sur la demi-finale. Carlos (Muzzio) et les autres coachs se basent là-dessus pour continuer à progresser et tout faire pour inverser la tendance. Sur la première ligne, ce sont des postes avec la maturité la plus tardive dans le rugby. Il y a bien sûr des exceptions, mais ce sont des postes compliqués et assez spécifiques.
Quand tu joues contre des mecs expérimentés, ils savent comment te faire tomber ou t’amener à la faute. Il faut du vécu et jouer contre des adultes va beaucoup m’apporter. Nous bossons déjà énormément là-dessus et je ressens déjà la différence pendant les entraînements. Au vu de la poule, nous allons jouer contre des équipes solides, un peu avec le même profil que Langon, et ça sera un point clé.