Football – Stade Rennais : Des déceptions sur toutes les lignes cette saison

Warmed Omari face à Lorient. Crédit : JRS

L’été s’annonce mouvementé sur les bords de la Vilaine. Dixième du championnat de France et non-européen pour la première fois depuis la saison 2016/17, le Stade Rennais a raté sa saison dans les grandes largeurs. Si la défense a souvent été pointée du doigt, et à juste titre, les autres secteurs de jeu n’ont pas davantage convaincu et portent aussi leurs responsabilités dans l’échec. Décryptage et perspectives.

Une défense qui se saborde, trop souvent en perdition

Le gros point noir de cette saison. Déjà désignée comme le maillon faible avant même le début de saison, la défense « Rouge et Noir » a malheureusement donné raison à ses détracteurs. Si elle n’est « que » la neuvième défense du championnat avec 46 buts concédés, l’arrière garde bretonne a surtout commis d’innombrables erreurs qui ont coûté trop cher au moment du verdict final. Des cadeaux à la pelle, un manque d’impact criant dans les duels, dans le jeu comme sur coups de pieds arrêtés, et un manque d’expérience payé cash.

Avec les départs d’Hamari Traoré et de Birger Meling sur les côtés, le Stade Rennais a décidé de faire confiance à la jeunesse et à sa formation, un choix malheureusement non-payant et qui aura alimenté la critique tout au long de l’année. Surtout en ne les remplaçant pas… La venue de joueurs d’expérience est indispensable la saison prochaine pour retrouver sérénité et sérieux. Dans une saison où le secteur défensif n’a pas été à la fête, loin de là, difficile de dissocier le poste de gardien de but.

Un pari de la jeunesse non-payant

Gautier Gallon n’ayant joué que cinq matchs, quatre en coupe de France et un en Europa League (pour un clean sheat), le regard va obligatoirement se poser sur le capitaine de la deuxième partie de saison du Stade Rennais, Steve Mandanda. À l’aube de ses 40 ans et à l’image de l’équipe bretonne, le portier du SRFC a soufflé le chaud et le froid. S’il n’a plus la fougue de ses 20 ans, il est évidemment un cadre majeur du vestiaire « Rouge et Noir ».

Une expérience du très haut niveau précieuse dans un effectif en manquant cruellement, mais aussi des performances à géométrie variable. Capable de prestations XXL comme à Paris en championnat où seul un penalty de dernière minute aura permis aux Parisiens d’égaliser, ou encore en préservant la victoire rennaise en Grèce face au Panathinaïkos, plusieurs erreurs sont venues entacher la saison de Steve Mandanda.

Contre Lorient début mars ou encore à Metz par exemple. Le symbole de quelques errements préjudiciables mais d’une fébrilité devant lui par moment contagieuse. Car il faut bien le reconnaître, avec une défense juvénile et manquant de repères devant lui, le gardien rennais n’aura pas non plus été aidé.

L’an pire du milieu…

Annoncé comme l’un des tous meilleurs milieux de terrain de Ligue 1 avec les arrivées d’Enzo Le Fée et de Nemanja Matic, voire de Ludovic Blas en fonction de son positionnement, l’entrejeu rennais n’a lui pas confirmé les attentes. L’international serbe, plus grosse recrue du mercato sur le plan salarial, n’a jamais trouvé sa place et a vite plié bagage pour rejoindre Lyon cet hiver au terme d’un feuilleton pour le moins agaçant.

Au moment où arrivait pour lui une vraie montée en puissance après des premières semaines compliquées, Enzo Le Fée s’est blessé à la cuisse. Un stop net, l’écartant des terrains pendant deux mois et au final, une première saison frustrante pour l’ancien Lorientais dont les arabesques et la qualité techniques ont tout de même été entre-aperçues, avec de vrais motifs d’optimisme pour la suite. Autour, des performances là aussi variables.

Habitué au démarrage diesel, Benjamin Bourigeaud n’aura pas réussi cette fois-ci à réaliser une phase retour constante, mais s’offrant tout de même au passage un triplé marquant contre Milan et un nombre de buts au final très élevé ! Difficile d’émettre un jugement sur Fabian Rieder, lui aussi blessé pendant plusieurs mois et manquant de temps de jeu, ou sur Azor Matusiwa, arrivé en janvier mais montrant du mieux semaine après semaine. Un renfort pour l’an prochain quand son apport aurait été le bienvenu dès février…

L’éclaircie Désiré Doué

Baptiste Santamaria a eu le mérite de reprendre sa place après le départ de Nemanja Matic avec des résultats immédiats début janvier mais n’aura pas non plus permis à l’équipe de surnager lorsque les avis de tempêtes étaient prononcés. Eclaircie dans le marasme, cependant avec la confirmation de cette saison, Désiré Doué. Une technique largement au-dessus de la moyenne et une capacité à éliminer et à accélérer le jeu qui ont fait le plus grand bien à un SRFC en manque d’idées.

Bien plus discipliné tactiquement et techniquement, notamment avec l’arrivée de Julien Stéphan, il est incontestablement la « pépite », puisque tous en veulent une dans leur club, du Stade Rennais. Une éclosion qui forcément, comporte son revers de médaille, avec l’attrait très prononcé des cadors européens, à l’affût pour le récupérer dès cet été. Sans ticket européen à lui proposer, le Stade Rennais devra être très persuasif pour ne pas perdre son Désiré… 

Une attaque qui marque mais pourtant peu marquante…

C’est un peu une surprise, si l’on ne se base que sur le ressenti des matchs vécus au Roazhon Park mais en y regardant de plus près, l’attaque  « Rouge et Noir » se classe à la… troisième place des meilleures attaques de Ligue 1 (à égalité avec Brest). Un podium assez contradictoire avec l’impression globale laissée. Mais l’occasion d’un constat, l’attaque n’aura cette fois-ci pas réussi à compenser les errements défensifs. Quand la défense avait encaissé 39 buts l’année passée et 40 il y a deux saisons, l’attaque avait inscrit 69 et 82 buts.

Difficile d’en vouloir à Martin Terrier qui, revenu de sa grave blessure, a quand-même marqué 9 buts et offert 4 passes décisives en 35 matchs toutes compétitions confondues, avec notamment le prix du meilleur joueur du mois de janvier. Pas si mal pour un garçon n’ayant pas encore recouvré tous ses moyens, notamment en vitesse.

Amine Gouiri moins décisif

Arnaud Kalimuendo est lui monté en puissance au fur et à mesure de la saison et réalise finalement un meilleur exercice que le précédent avec 15 buts et 5 passes décisives en 41 matchs (7 buts et 5 passes décisives en 38 matchs l’année passée). Pour autant, il laisse lui aussi un goût d’inachevé, avec trop de prestations transparentes et un poids sur le jeu trop souvent insuffisant. Faut-il la bonne association pour faire exploser « Kali » sous le maillot « Rouge et Noir » ? C’est fort probable !

Hormis évidemment l’année particulière vécue par Terrier, la baisse de régime significative au niveau statistique est celle d’Amine Gouiri. Avec 11 buts et 3 passes décisives en 40 matchs (contre 17 buts et 8 passes décisives en 2022/23), le néo-international algérien aura certes offert l’un des buts de la saison au Parc des Princes, mais aura aussi eu du mal à trouver de la régularité. Autre déception, plus prévisible, celle de Bertug Yildirim qui n’aura pas réussi à se faire une place et à se montrer décisif lors de ses entrées en jeu.

Une année sans Europe mais pas sans pression…

Loin du niveau d’un Top 5 Ligue 1, l’international turc devrait être invité à s’aguerrir ailleurs la saison prochaine. Ibrahim Salah, lui, a pu tirer son épingle du jeu en ayant réussi à marquer à plusieurs reprises lors de ses entrées en jeu mais son apport dans le jeu demeure là aussi trop limité techniquement pour viser l’Europe. Et que dire de Ludovic Blas, supposé remplaçant de Jérémy Doku, auteur d’une saison sans peps ni folie, à l’exception peut-être du missile envoyé contre le Maccabi ou encore d’un ou deux buts ici et là.

Une grosse déception, surtout au regard de l’investissement réalisé (15 M€). Au final, une saison décevante à bien des égards et des changements impératifs à opérer pour espérer retrouver rapidement l’Europe. Ceux-ci ne se feront pas que sur le terrain, où le groupe constitué par Florian Maurice, Bruno Genesio et Olivier Cloarec l’été dernier n’a clairement pas répondu aux attentes.

Si le coach Genesio, qui refusa notamment à l’époque un défenseur central expérimenté ainsi qu’un attaquant supplémentaire, porte sa responsabilité dans l’échec de la saison, Florian Maurice, qui invitait les médias à faire le bilan en fin de saison, a lui aussi sa part. Le mercato estival à venir ressemble à tous points de vue à un tournant charnière dans le projet rennais. Si celui-ci n’est pas arrêté mais freiné, il ne supporterait pas, pas plus que son actionnaire, une seconde saison blanche de rang. L’année sans Europe ne sera pas sans pression…

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