« Et ils sont où, et ils sont où les Canaris » ou encore des « On est chez nous, on est chez nous » avec en conclusion, « Et un, et deux, et trois zéro ». Clairement, le parcage rennais n’a pas boudé son plaisir pour chambrer son voisin nantais. Parce qu’un derby, c’est aussi cela, tant que les limites sont respectées. Parce qu’il s’agissait aussi et surtout d’un énorme soulagement, à la sortie d’une terrible série de trois défaites de rang ayant fortement compromis les chances rennaises d’aller chercher le top 5. Pour autant, il faudra évidemment se garder de pavoiser, au regard des dernières semaines et de la faiblesse abyssale d’un adversaire qui n’aura jamais existé.
Une bien triste première période…
Au coup d’envoi, Julien Stéphan avait décidé de laisser Benjamin Bourigeaud souffler sur le banc. Une rareté. Arthur Theate était lui aussi invité à être remplaçant. Une décision consécutive à ses performances ou à ses virulentes déclarations d’après-match de samedi dernier ? Seuls les principaux intéressés le savent , et qu’importe ! Toujours est-il qu’Azor Matusiwa démarre aux côtés de Baptiste Santamaria, tandis que Ludovic Blas, de retour sur des terres où il brilla il n’y a pas si longtemps, n’en déplaise à ses ex-supporters l’ayant sifflé toute la partie, prenait place à droite et Christopher Wooh dans l’axe.
Dans une rencontre sans rythme, loin de l’intensité requise par un derby, aucune des deux équipes ne veut commettre la première faute. Une frappe lointaine de Baptiste Santamaria à côté offre la première tentative aux « Rouge et Noir », à laquelle Florent Mollet répond, sans succès. Renato Douglas sort blessé et Nantes, déjà affaibli, s’enfonce encore plus dans une prestation déprimante.
Rennes, pour sa part, s’offre un gros frisson suite à un enchaînement de Désiré Doué aux vingt mètres dont la frappe enroulée trouve la barre puis le poteau avant de ressortir (27′). C’est tout pour une triste première période où Rennes maîtrise les événements sans frayeur. Un classique, dont on sait qu’il peut mal tourner par la suite… (mt, 0-0).
Kalimuendo fait la différence
Après le repos, le Stade Rennais joue plus haut et allume une première mèche par Arnaud Kalimuendo, parfaitement décalé par Santamaria, de peu à côté (54′). Quelques minutes plus tard, sur corner, la tête de Christopher Wooh passe de peu à coté (58′). Ca se rapproche sérieusement et logiquement, Rennes finit par être récompensé. Ludovic Blas temporise et sert Guéla Doué à droite. Le centre du latéral en retrait trouve Arnaud Kalimuendo qui reprend du droit pour libérer les siens (0-1, 67′).
Face à Toulouse, les Rennais n’étaient pas parvenus à garder le contrôle du match et du score. Cette fois-ci, aucune réaction côté nantais, malgré les changements d’Antoine Kombouaré et logiquement, Rennes enfonce le clou. Lancé en profondeur par Benjamin Bourigeaud, entré en jeu à la place de Ludovic Blas, Arnaud Kalimuendo efface Alban Lafont, qui l’accroche. Pénalty indiscutable, et l’occasion pour le numéro 14 rennais de tuer tout suspense (74′, 0-2).
La fin de rencontre s’apparente à un long calvaire pour le public de la Beaujoire, dépité devant la prestation des siens. Absence de révolte, si ce n’est sur deux têtes de Mustapha Mohammed mettant Steve Mandanda en valeur. De son côté, Rennes enchaîne les « passe à dix » et se permet même de s’offrir quelques occasions d’aller enfoncer le clou. Logiquement, Amine Gouiri, auteur d’une très belle entrée, vient ponctuer le succès rennais sur un nouveau travail de Désiré Doué, une nouvelle très intéressant sur son côté gauche (0-3, 90’+1′).
Quatre finales à disputer !
Avec ce onzième succès de la saison, le premier depuis près d’un mois, Rennes évite le crash et reste dans le wagon pour les derniers strapontins européens en attendant les autres résultats de ses concurrents et la remise à jour du calendrier. Et à vrai dire, on retiendra surtout cela, car si la prestation fut sérieuse et solide, avec de l’efficacité dans les deux surfaces, elle doit être aussi mise en perspective avec la faiblesse de Nantais passés totalement à côté de leur derby.
Trois buts, trois points et encore quatre matchs à jouer, soit douze points qu’il faudra prendre pour espérer revenir dans un top 5 avant même de regarder les résultats d’untel ou untel. Brest, Metz, Lens et Reims, enfin, à l’extérieur, quatre finales et un programme à venir qui n’est pas simple mais pas non plus inaccessible pour une équipe qui a déjà prouvé sa capacité à réaliser des séries, positives comme négatives.
Espérons qu’une dernière ait ainsi démarrée ce samedi avec un derby victorieux, sensation restante à apprécier à sa juste valeur, pour aller chercher les 54 points qui risquent bien d’être indispensables pour finir dans les six premiers. A ce jour, bien malin qui pourra donner l’ordre des concurrents à ces places de « consolantes » alors aux rennais de tout rafler pour avoir le moins de regrets possibles et adoucir un peu une note qui restera quoi qu’il advienne amère à l’issue d’une saison bien difficile à comprendre.