Quand la mémoire n’empêche pas l’élégance. Ce mercredi soir, au moment où, comme dans l’ensemble des salles françaises (excepté à Montpellier, son club d’alors, pour le coup bien plus rancunier), Nikola Karabatic était célébré pour sa dernière venue à Cesson, impossible de ne pas se souvenir de sa participation au fameux Cesson-Montpellier de 2012 et de l’affaire des paris. Son frère Luka était de la partie, sans jouer lui non plus tandis que côté terrain, Sylvain Hochet et Romain Briffe faisaient face au Liberté. Romaric Guillo, dans l’effectif, n’était pas aligné mais déjà au club. Tous les trois ont aussi applaudi le champion sur la sortie.
L’élégance des joueurs, donc mais aussi du public et du club breton, allant au-delà du ressentiment face à l’immensité de l’un des plus grands champions français tout sports confondus de tous les temps. La mémoire, par ailleurs, se doit de ne pas être sélective, et permet aussi de se souvenir que le triple champion olympique participa au Crowdfunding lancé lors du Covid par le président Stéphane Clémenceau pour aider le club, et que son nom est ainsi mêlé à tous ceux qui ont donné au club. Merci Niko, pour cela..et place au match !
Arnaud Tabarand « On Fire » en première période
Car au-delà de ce moment frisson, il y avait une 25ème journée à disputer et pour Cesson, un match à jouer pour le plaisir de se frotter au monstre du hand français, piqué et battu à Nantes tout récemment. De leur côté, les Irréductibles, tout auréolés d’une superbe victoire à Toulouse, voulait offrir aux 4500 supporters un combat, un vrai beau moment de handball et pourquoi pas, un exploit historique au passage.
Celui-ci, les Cessonnais l’ont parfois effleuré. L’entame de partie est pourtant compliquée, offensivement. Face à un PSG pas venu pour plaisanter, les Irréductibles peinent à prendre à défaut Green le bien nommé avec son beau maillot vert. En face, Arnaud Tabarand et une très grosse défense devant lui limitent néanmoins les dégâts (3 arrêts) et bien que bousculé, Cesson ne décroche pas totalement (2-7, 12′).
La révolte est même sonnée par les locaux qui parviennent à allier agressivité défensive et enfin, réalisme offensif. Si Mathéo Briffe et Junior Tuzolana sont parfaitement pris (et ciblés) par les parisiens, Axel Oppedisano, insaisissable tout au long de la partie en pivot et Romain Briffe à la mène, portent les leurs. Cesson recolle à 10-10 avec un missile de Mathieu Salou et s’offre même le plaisir de prendre le score, pour la seule fois du match, à la 24′ grâce à Axel Oppedisano (11-10).
L’avertissement est reçu par les Parisiens qui après s’être heurté à un Arnaud Tabarand « On fire » (10 arrêts en première période), reprennent l’avantage avant le repos (12-13).
Elohim Prandi en mode « Patator » pour faire la différence
Lors du second acte, l’homme autant observé et attendu par le public breton, Elohim Prandi, entre en scène. Celui dont le but face à la Suède lors du dernier Euro est entré dans la légende, ne va pas décevoir. Avec élan, sans élan, l’artilleur parisien formé à Créteil fusille à tout va et permet au PSG de s’en sortir à frais réduits lors du second acte !
Six buts sur sept tirs, et un enfer pour Arnaud Tabarand, croisé après la rencontre : « Franchement, c’est tellement compliqué. Tu choisis un côté et tu t’y tiens. Là j’ai essayé à gauche, ça ne marchait pas, puis à droite, ça ne marchait toujours pas…Il est très impressionnant dans la vitesse de déclenchement. Néanmoins, il y a des regrets car je pense que nous n’étions vraiment pas loin d’aller les chercher mais face à ce genre d’équipe, le moindre détail compte ». Au contact du début à la fin, le CRMHB a ainsi pu mesurer ce qui le sépare encore du très haut du panier.
Une occasion d’égaliser, puis deux autres de revenir à une unité, toutes hélas mises en échec par Jannick Green, lui aussi très bon entre les bois. « Avoir des regrets contre le PSG, c’est déjà signe que l’on a fait un bon match », confiait ainsi Axel Oppedisano après la rencontre.
Et maintenant, Montpellier…
Pas mieux pour résumer ce second acte où le public, lui aussi au rendez-vous, aura cru presque jusqu’au bout à une dernière minute incertaine. Paris ne l’entendait cependant pas de cette oreille et s’impose malgré quelques frayeurs, 24-27, soit le plus faible total de buts inscrits cette saison par le PSG (29 auparavant pour nul face à Toulouse). L’intensité et la qualité de la défense cessonnaise n’y sont pas étrangères et viennent confirmer l’excellente seconde partie de saison cessonnaise.
Dernière étape d’un mois d’avril terrible et finalement pour le moment plutôt positif avec trois points, Montpellier, samedi soir. Un adversaire XXL évidemment, mais qui ne va pas effrayer un CRMHB qui vient de tenir en respect le PSG. Toujours dixièmes, les Irréductibles n’ont désormais que plaisir et envie de finir le plus haut comme objectifs et pression. Autant dire que le plaisir devrait encore être au rendez-vous pour les cinq dernières sorties d’une saison d’ores et déjà très positive !