Sans retournement de situation improbable, la saison de l’Union Rennes Basket devrait s’arrêter à la fin de la deuxième phase. Un exercice à deux visages, d’abord brillant avec un podium longtemps occupé, puis plus difficile à partir du début d’année 2024. Pas de quoi entamer la satisfaction de Pascal Thibaud, lui qui a dû composer avec un effectif rajeuni et à qui on promettait les bas-fonds de la Nationale 1.
Comment abordes-tu la fin de la seconde phase ?
L’idée est de bien finir en prenant match après match. Mathématiquement, les play-offs sont encore accessibles et ça serait la cerise sur le gâteau, mais il faudrait quand même un concours de circonstances pour y accéder. Actuellement, ce n’est pas un sujet pour nous.
Nous voulons continuer à être performants à la maison et en montrant le même visage que lors des derniers matchs à Colette-Besson, tout en poursuivant notre montée en puissance à l’extérieur. Au-delà des résultats et du jeu, nous constatons une vraie communion avec les supporters, les dirigeants et les partenaires à domicile.
Comment expliques-tu les difficultés à l’extérieur ?
Nous ne pouvons pas omettre que certains longs déplacements en bus ont eu un impact, sans compter que nous jouons également face à de belles équipes. D’ailleurs, je trouve que le groupe B est plus fort que les années précédentes. Néanmoins, il y a du mieux sur nos prestations à l’extérieur.
Il est vrai que nous avons été surpris à Pont-de-Chéruy, notamment sur le plan athlétique, et même si les deux autres matchs loin de chez nous se sont soldés par deux défaites, nous étions encore dans le coup à cinq ou six minutes du terme à Mulhouse et encore plus longtemps au Havre. Les adversaires s’adaptent aussi à notre agressivité et je pense que la réponse est à trouver au niveau de nos duels. Nous avons des qualités, mais qui s’expriment à travers le collectif, et nous avons parfois été pris à l’expérience sur les un contre un.
« Je trouve que tout le monde a progressé »
De manière plus générale, quel regard portes-tu sur la saison ?
La grosse satisfaction, c’est l’état d’esprit, particulièrement dans le travail. Il y a eu une bonne alchimie et de la complicité qui se sont matérialisées dans les résultats de la première partie de saison. À ce moment-là, nous étions régulièrement sur le podium et notre jeu de passes était mis en avant. Nous avons ensuite connu un mois de janvier très difficile, qui s’explique prioritairement par la blessure de Fabien Damase que nous n’avons pas eu les moyens de remplacer.
Nous avons l’un des plus petits budgets de la poule et cette blessure nous a fragilisés. C’est arrivé en même temps que les points de pénalité et malgré le fait d’avoir un petit peu relevé la situation par la suite, ça a aussi eu un impact. Là où nous étions une équipe de jeunes au départ, les résultats ont fait que nous étions davantage observés et c’est aussi l’une des raisons qui nous ont amené dans le groupe B.
Le jeu qui est l’un des axes forts du projet de l’URB…
Avec Bastien Demeuré, nous avons travaillé sur un projet de jeu qui est transposable sur l’ensemble des équipes du club. Il y a trois axes principaux. L’agressivité défensive d’abord, avec notamment la « zone press » (défense et pressing de zone) qui est un peu notre marque de fabrique et qui s’est diffusée dans pas mal d’équipes de Nationale 1. Ensuite, le jeu rapide et la contre-attaque, et enfin, le jeu de passes.
Les deux premiers points découlent d’un projet plus global, avec le souhait de construire une équipe locale et composée de jeunes. Nous avons l’adhésion des dirigeants et je les remercie pour leur totale confiance là-dessus. Pour les deux premiers axes, il faut un gros rythme de jeu et c’est cohérent avec la jeunesse et avec le projet. Concernant le troisième point, la passe, nous sommes sur quelque chose de plus spécifique. Une vision presque sociale, voire politique, avec cette notion de partage.
Il y a une citation de Daniel Herrero (ndlr : ancien entraîneur mythique de rugby) que j’ai réadapté à ma façon : La passe, on la pousse avec ses jambes, on la dirige avec ses bras, on la précise avec ses doigts et on l’offre avec son cœur. Ce jeu-là correspond aussi à nos qualités et aux garçons que nous recrutons. Vient ensuite tout un travail d’apprentissage sur la visualisation, l’anticipation et la prise d’informations.
Constates-tu une progression de ton groupe ?
Je trouve que tout le monde a progressé. Cheick Condé, qui était déjà très performant dans la passe, a encore progressé. Lucas Fontaine s’est amélioré dans la projection et dans l’anticipation du jeu. Maxime Djo Ebala réalise une très belle deuxième phase. Et c’est encore plus spectaculaire chez les plus jeunes. Nous avons un groupe étoffé avec l’équipe de NM2 et des joueurs qui peuvent basculer entre les deux équipes.
Il y a eu une vraie progression et c’est aussi une démarche mentale. Il y a quelques années, j’ai entraîné un ancien joueur de NBA et malgré son expérience, il était attentif à tout et encore dans l’optique d’apprendre. C’est aussi là-dessus que se construisent les carrières de haut niveau, notamment chez les plus jeunes.
As-tu commencé à te projeter sur la saison prochaine ?
Chez nous, c’est encore un peu tôt. Traditionnellement, nous coupons une dizaine de jours pour souffler et prendre du recul sur la saison. Tu prends le temps de la réflexion et c’est aussi une période où arrivent le budget prévisionnel et les entretiens individuels. Pour les joueurs qui resteront, nous préparons des exercices individuels avec le préparateur physique, mais aussi des axes de travail purement basket. À peu près jusqu’à fin juin. Parfois, durant cette période, les joueurs ont aussi des obligations extra-sportives.
De mon côté, je suis compétiteur et ambitieux. Une priorité dont nous avons parlé avec les dirigeants, c’est que le club se structure au niveau extra-sportif. Il faut prendre conscience de cette nécessité et ça soulagerait nos dirigeants qui ont des emplois du temps à côté. Avec l’enveloppe dont nous disposerons, nous verrons comment agencer l’équipe du mieux possible, avec de la formation interne évidemment et un souci de performance.