Arrivé pour éteindre l’incendie en novembre dans un vestiaire qui ne répondait plus à la méthode Genesio, Julien Stéphan a remis les têtes à l’endroit avant d’y réintroduire ambition et confiance. Si l’issue de la saison reste incertaine, qu’elle soit si positive était aussi inespéré. Sa prolongation récompense ainsi logiquement le travail effectué et donne le ton de celui à venir.
Avant même qu’il n’ait pu se garer sur le parking en travaux de la Piverdière après avoir redécouvert les chemins de traverse de la Prévalaye, Julien Stéphan était mis au bucher par certains experts qui affirmait haut et fort que les « come-back, ça ne marche jamais. ». A celui de Carlo Ancelotti au Real Madrid par exemple, on peut aujourd’hui ajouter celui du coach rennais au chevet de l’équipe qu’il avait emmené en haut de la tribune officielle du Stade de France un soir d’avril 2019 ou à la lutte avec Arsenal à l’Emirates un mois plus tôt.
Tout n’est pas parfait mais incontestablement, la version 2.0 de l’enfant du pays séduit et a été validée par des résultats encore inespérés en décembre dernier. Si ses joueurs l’ont adoubé, à l’image de Benjamin Bourigeaud récemment, parlant d’un coach « plus proche des joueurs, avec plus de recul », les supporters ont aussi dans leur majorité validé le retour de celui qui leur a offert l’unique trophée de ces cinquante dernières années.
Ne pas reproduire les mêmes schémas
En toute logique, tout ce petit monde qui fait le Stade Rennais s’est donc réuni pour transformer la mission de six mois en nouveau CDD de deux ans supplémentaires, avec une option d’un an en cas de qualification européenne. Une prolongation qui va de pair avec la présence d’Olivier Cloarec à la présidence et de Florian Maurice, évoqué avec insistance du côté de la Roma depuis plusieurs semaines, confirmé et désireux de rester au club, selon ses dires lors de l’annonce officielle de la prolongation du coach, comme directeur sportif.
Le triumvirat va donc surmonter à une saison compliquée, qu’elle qu’en soit l’issue, avec une feuille de route où chacun dans ses prérogatives, devra tirer un bilan de l’exercice sur le point de s’achever pour ne pas revivre les mêmes remous. Une stabilité bienvenue à l’air de l’emballement souvent prématuré mais qui nécessitera des ajustements. Qui, ainsi, décidera au moment d’un mercato où chacun doit avoir son terrain d’action, qui fixera les objectifs annoncés du début de saison et qui incarnera le club en dehors du rectangle vert ?
Ces questions ont sans doute déjà trouvé réponse et tout le monde travaille déjà dur car aujourd’hui se prépare un demain ambitieux. Possiblement européen une septième année de rang, le Stade Rennais n’a pas le droit de rater son prochain mercato, que ce soit dans le sens des arrivées comme dans celui des départs. Les dossiers Adrien Truffert, Désiré Doué ou encore Arnaud Kalimuendo et Arthur Theate devraient rapidement revenir sur la table et il faudra une cohésion de tous les instants non seulement entre les différents protagonistes, du coach à l’actionnaire, mais aussi entre les décisions prises.
Florian Maurice également attendu lors du prochain mercato
Le parti pris de faire confiance à la jeunesse a montré certaines limites cette saison, même s’il devrait surtout dégager de très forts plus-values. Florian Maurice se sait attendu et son coach souhaitera probablement de l’expérience dans toutes les lignes pour faire beaucoup mieux lors du prochain exercice, sans renier l’ADN formateur du club. En ce sens, la prolongation de Steve Mandanda, toujours performant, est une excellente nouvelle et son profil de joueur au vécu conséquent peut être une source d’inspiration en vue de renforcer un effectif qui s’il est jeune, demeure pétri de qualités.
Julien Stéphan, enfin, devra, après avoir anéanti l’affirmation du « retour à la maison qui ne marche jamais » se défaire de la caricature de l’entraîneur qui ne tient pas plus d’un an en poste avant de perdre son groupe. Ses fins d’aventures lors de son premier passage en « Rouge et Noir » puis à Strasbourg ont offert aux détracteurs de dépeindre un coach qui s’isolait et perdait l’écoute puis l’affect de son groupe mais les choses ne sont pas si simples et chaque histoire est unique, même sur les mêmes lieux.
Une conclusion qui occulte les responsabilités des joueurs, en premier lieu, et des entourages mais aussi l’excellent parcours à la formation de l’entraîneur rennais. Pour sa troisième expérience à la tête d’un groupe pro, celui-ci a pris de l’expérience, du recul sur les événements et sur soi, et ne tombera probablement pas dans les mêmes écueils, bien conscient de l’opportunité donnée par l’actionnaire de reprendre l’histoire où il l’avait lui-même arrêtée.
Avec deux ans devant lui désormais pour asseoir ses idées, ses principes de jeu et sa patte, il possède l’occasion rêver de franchir un vrai cap et de s’affirmer comme l’un des meilleurs entraîneurs français de sa génération. Une étiquette qui cette fois-ci, sera bien plus agréable à porter.