Football-Ligue 1 : Un très bon point au gout amer ramené de Lille pour le Stade Rennais (2-2)

Bourigeaud et Kalimuendo ramènent un point du Nord
Un point malgré tout pour Benjamin Bourigeaud et Arnaud Kalimuendo @Crédit Photo JRS

Le constat est là, implacable. Comptablement, sur ses trois derniers matchs, contre Paris, Lorient et Lille, le Stade Rennais n’a pris que deux points, soit un net coup de frein après son exceptionnelle série de six victoires consécutives en championnat.

Trop peu, malgré une excellente dynamique en 2024, pour regagner définitivement « sa place » dans le Top 5 mais suffisant pour espérer encore y revenir, même si la marge d’erreur se réduit semaine après semaine. Paradoxal et tellement frustrant !

A Lille, ce sont encore deux points qui s’envolent dans les arrêts de jeu, comme face à Paris. C’est aussi, comme à Paris, un excellent point de pris, malgré la légitime amertume laissée par le scénario. A force d’accepter de subir, de reculer, de ne pas toujours presser aux bons moments, les Bretons se mettent en danger et perdent de trop précieux points, s’ajoutant à ceux lâchés en nombre lors de la phase aller.

Le manque d’expérience en défense, marotte depuis de longs mois, ne peut non plus être évacué, tout comme la construction d’un effectif qui manque toujours de maîtrise émotionnelle et de vécu dans les moments clés. Les exemples en ce sens ne manqueront pas à l’heure du bilan, quel qu’il soit.

Une efficacité maximale et un peu de réussite

Au Stade Pierre Mauroy, l’affaire démarre idéalement. Sur sa première incursion, le Stade Rennais fait mouche. Benjamin Bourigeaud, décalé sur une transversale d’Arthur Theate, envoie un excellent centre au second poteau repris de manière peu académique mais efficace par Ludovic Blas. Une minute à peine, Rennes est devant et se met en confiance.

Bien en place, les Bretons sont parfaitement concentrés, disciplinés et ne concèdent pas grand chose aux Nordistes. Mieux, après une tentative d’Azor Matusiwa arrêtée par Lucas Chevalier (12′), Arnaud Kalimuendo fait le break aux 20 mètres d’un tir parfaitement croisé à l’angle de la surface, gagnant avec l’aide du poteau (20′, 0-2).

Steve Mandanda retarde l’échéance et préserve l’avance rennaise

Totalement inattendu, le scénario est idéal pour le Stade Rennais, en position de force pour contrôler un match où les Lillois paraissent absents. La performance est néanmoins impressionnante quand l’on sait que le LOSC n’a encaissé que quatre buts à la maison, le plus faible total des cinq grands championnats européens.

Malgré les remontées de balles intéressantes d’Amine Gouiri, malheureusement non validées par de bons choix dans la dernière passe ou le bon décalage, le Stade Rennais recule trop et Lille commence à cumuler les occasions. Zhegrova, à trois reprises, butte sur Steve Mandanda tandis que Jonathan David trouve le poteau dans les arrêts de jeu. Avec réussite mais aussi l’efficacité de son gardien, Rennes garde son avance intacte au moment de regagner les vestiaires.

Lors du second acte, le Stade Rennais se met dans le rouge face à des Dogues pourtant peu mordants. Toujours aussi peu inspirée sur les nombreuses opportunités en transition, où les décalages ne sont pas fait au bon moment, l’équipe de Julien Stéphan s’expose et ne tue pas le match.

Steve Mandanda retarde longtemps l’échéance, sortant de multiples parades (59′, 61′) tandis que Lenny Yoro est épargné d’un rouge alors qu’Amine Gouiri partait au but (63′). La sortie sur blessure d’Arthur Theate, pour la dernière demi-heure, réduit encore la jauge expérience rennaise.

Jonathan David punit le Stade Rennais dans les arrêts de jeu

Lille continue de pousser, et finit par trouver la réduction du score. Un ballon parfaitement déposé par Trévis Daho trouve Jonathan David, oublié de la défense, qui bat enfin Steve Mandanda (83′). Les nombreux arrêts de jeu laissent à penser que le temps va être très long pour Rennes.

Comme à Lyon ou Paris, avec deux issues différentes, les Bretons vont souffrir, jusqu’au bout… Sept minutes de temps additionnel, c’est beaucoup. C’est hélas trop pour les « Rouge et Noir » qui cèdent une seconde fois. La tête de Rémy Cabella est repoussée dans un arrêt reflexe énorme de Mandanda sur sa ligne mais hélas, le pied du gardien breton remise pile-poil sur Jonathan David, qui ne laisse pas passer l’aubaine (90’+2′, 2-2). Lille revient de très loin et s’imagine même aller chercher les trois points mais Rennes, solidaire à défaut d’être serein, tient jusqu’au bout.

Dans un match parfait miroir du match aller en terme de scénario, le Stade Rennais décroche un précieux point dans le Nord, malgré tout. Les défaites niçoises et brestoises atténuent la déception, quand les victoires monégasques, lensoises et marseillaises accentuent encore la difficulté de la « remontada » toujours en cours côté rennais.

Tout est encore possible, avec l’envie de renverser l’OM !

Julien Stéphan a prévenu, il faudra faire le point après Monaco, mais pour être encore dans la course à ce moment-là, le Stade Rennais sait qu’il va devoir sortir un match « européen » dimanche au Roazhon Park face à l’OM avant de souffler un peu avec la trêve internationale.

De la folie, de l’efficacité défensive et offensive, et l’envie d’aller toujours de l’avant et de faire mal, ajouté évidemment à une maitrise tactique et émotionnelle de la fin de match, seront indispensables pour y croire avant d’entamer un sprint final qui garde tout pour être totalement fou et passionnant. Si la Ligue des Champions parait aujourd’hui loin, très loin, à huit points, une cinquième place n’a rien d’inaccessible et doit être un premier cap à fixer. Et plus si affinités…

Ajoutez à cela la coupe de France une excitante demi-finale le 3 avril prochain dont on connaîtra l’adversaire cette semaine et gageons que la saison rennaise, renversante et totalement dingue, est loin d’avoir livré son dénouement. Cette équipe, revenue de nulle part, n’a aucune certitude sur sa destination finale et tant de visage que ni l’euphorie, ni le le dépit ne peuvent guider une réflexion bien difficile à mener sur la durée. Et quelque chose nous dit dans l’oreillette que la tendance est bien parti pour durer jusqu’au bout, n’en déplaise aux pragmatiques ou pessimistes.

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra