D’un missile d’entrée de jeu de Blas à un tour d’honneur mérité suite au succès historique face à Milan, la campagne européenne a une nouvelle fois offert frissons et frustration.
Nelson Mandela disait que l’on ne perd pas, on apprend. Parfois, même sans perdre, c’est aussi le cas. A l’image de Monsieur Karaoglan, arbitre de Rennes – Villarreal, finale du groupe F d’Europa League. Petit rafraichissement. Pour terminer premier et s’éviter le barrage face à un repêché de Ligue des Champions, Rennes doit faire à minima match nul. Dans la foulée de l’égalisation de Ludovic Blas, Parejo marque de nouveau le 2-3, soulignant le manque de maîtrise des Bretons alors que le plus dur était fait.
Mais comme si cela ne suffisait pas, au fin fond des arrêts de jeu, l’égalisation méritée signée Lorenz Assignon est annulée pour un règlement que même l’arbitre du match ne connaissait pas avant la partie. Oui, il est interdit de se faire une passe à soi-même sur coup-franc direct, comme dans « Olive et Tom », chose réalisée par Enzo Le Fée au départ de l’action et de son «une-deux» avec la barre transversale…
Pour voir ça de son vivant, il fallait donc être au Roazhon Park et nulle part ailleurs dans le monde. D’un 3-3 incroyable et qualificatif directement pour les huitièmes, on passe donc à une climatisation totale pour 29.000 fans et à un barrage, qui offrira évidemment le plus gros de tous les adversaires au tirage, le Milan AC. Tellement Stade Rennais…
10.000 rennais à Milan, sans heurts ni fracas, entre convivialité, ambiance festive et passion « Rouge et Noir »
Avant ce coup du sort improbable, le Stade Rennais avait plutôt bien géré sa campagne, dans un groupe il est vrai assez faible. Le Maccabi Haïfa pour la première journée à domicile, d’abord, balayé à l’aller dans l’un des rares matchs aboutis de la première partie de saison sous Bruno Genesio.
Un 3-0 propre et net avec un but sublime d’entrée de jeu de Ludovic Blas, des 35 mètres, un très gros match de Bertug Yildirim et la sensation que la saison était alors lancée. Il n’en sera rien, on le sait, même si l’Europa League échappa au marasme rennais de l’automne. Face au Panathinaïkos, un match costaud et solidaire en Grèce, gagné 1-2 puis un retour maitrisé et remporté à 10 contre 11, avec caractère.
Pas de soucis notables non plus pour s’imposer en terrain neutre face au Maccabi Haïfa, 0-3, avec le premier but de Martin Terrier à Budapest depuis son retour à la compétition. Auparavant, le numéro 7 aurait pu déjà marquer, à Villarreal, lors du match aller. Hélas, son pénalty tiré après huit minutes de VAR (encore du Stade Rennais 100 % pur jus…) était repoussé par Reina dans un match perdu 1-0 ô combien regrettable au moment du décompte final…
Quatre victoires, un nul et une défaite donc, excellent bilan mais insuffisant, comme l’année précédente, pour s’éviter un barrage. Celui-ci restera dans l’histoire, malgré une nouvelle conclusion frustrante et perdante.
Une victoire de prestige à domicile contre Milan
Sur le regard de la double confrontation, difficile de ne pas nourrir de regrets sur le match aller, perdu en dix minutes au retour des vestiaires, alors que les Rennais avaient accroché les Milanais dans un premier acte conclu avec un petit but de retard et la sensation, certes, d’être dominé mais aussi de pouvoir réussir quelque chose, sinon dans ce match mais au retour en limitant la casse.
Hélas, Rafael Leao et Ruben Loftus Cheek en décidèrent autrement. Hors terrain, les Rennais l’ont en revanche emporté, réussissant un parfait déplacement en Lombardie à près de 10 000, sans heurts ni fracas, entre convivialité, ambiance festive et passion «Rouge et Noir ».
Une performance dans le monde d’aujourd’hui saluée en Italie et confirmant que la communauté rennaise compte aujourd’hui parmi les meilleures de France, tout en écrivant son histoire continentale année après année. Au match retour, Rennes voulait s’offrir, après Arsenal, le Bétis à l’extérieur ou encore Leicester, le scalp d’un grand européen, une nouvelle soirée à marquer au fer rouge !
Revivre ça, vite !
On peut ne pas être d’accord avec Julien Stéphan, qui estime que le Stade Rennais a remporté la plus belle victoire de son histoire européenne mais une certitude : il a battu l’équipe la plus titrée qu’il ait affronté jusque-là. Avec panache, dans une ambiance de folie et avec un triplé historique pour l’emblématique, Benjamin Bourigeaud !
L’histoire européenne du club s’offre une page supplémentaire, très belle mais le plafond de verre n’est toujours pas crevé. Bloqué successivement par Arsenal et Leicester en 8es de finale, puis le Shakhtar et Milan AC en barrages d’Europa League, le Stade Rennais devra encore patienter pour découvrir les quarts de finale et le frisson total du top 8 européen.
S’il apprend de ses erreurs mais s’il est aussi oublié par le facteur X qui ne manque pas de frapper chaque année, peut-être que l’année prochaine sera la bonne. Désormais ancrée dans le quotidien des fans rennais, la coupe d’Europe sera la bienvenue une 7e année de suite. Aux joueurs, désormais, d’aller chercher la qualification et de tout donner pour cela, histoire cette fois-ci de n’avoir aucun regret !