Foot-EL : Même à dix mille contre 11, le Stade Rennais rend les armes à Milan (3-0)

San Siro, antre du football
Vue depuis le parcage rennais. @Crédit photo Max Coolen

Faire corps avec son peuple, n’être qu’un et se battre sous les mêmes couleurs, avec la même ferveur. « Dare Tutto », comme l’annonçait le club en dernière page de la Gazetta. La promesse avait de l’allure mais hélas, la froide réalité de l’écart de niveau entre les deux formations a eu raison des réelles bonnes intentions rennaises, avec un 3-0 clair et net qui tue quasiment totalement l’espoir d’une folle Remontada dans une semaine.

Le cortège incroyable et admirable, la passion « rouge et noir » bon esprit et les chants, résonnant fort dans la capitale de la mode puis dans San Siro n’ont donc pas suffi. Si il ne s’agit pas de parler de regrets, le Stade Rennais peut quand même s’en vouloir de ne pas avoir fait un peu mieux, notamment dans la gestion des temps forts.

Non fructifiés d’un but pourtant possible, comme sur la belle tentative de Benjamin Bourigeaud en première période ou sur celles d’Amine Gouiri en seconde. Il peut aussi regarder amèrement son temps faible exploité à 100 % par les milanais en seconde période, avec deux buts pour éteindre tout espoir.

Pas assez impactant pour bouger ce Milan-là

L’écart n’était pas abyssale mais bien réel et tout n’est pas à jeter. Rennes a existé mais n’a jamais pu inquiéter réellement des Milanais gérant l’affaire à leur guise, avec la sérénité des grands du monde européen.

Non, tout ne fut pas mauvais, loin de là. Un placement haut sur le terrain, la volonté de défier dans les yeux son adversaire, le Stade Rennais n’a pas à rougir de sa première période où seule sa timidité offensive vient ternir la note.

S’il a manqué de répondant physique face à de très solides « Rossoneri », le club breton a tenté de tenir son adversaire, à l’image de Guéla Doué, très volontaire et accrocheur sur le roc Rafa Leao. Seulement, un oubli sur Florenzi suffit au latéral droit italien pour trouver Ruben Loftus Cheek dans la surface, esseulé, qui marque de la tête.

En début de partie, Leao avait trouvé la barre, passant en force dans la surface rennaise (5′). Offensivement, malgré les prises de balles intéressantes de Désiré Doué, Rennes ne fut pas assez impactant pour bouger une défense rennaise diminuée mais ô combien expérimentée.

Pour la qualification, c’est compromis.

Julien Stéphan en zone mixte

Après la pause, la concentration et l’implication mise durant 45 minutes était balayée d’une tête en deux temps de Lofus Cheek, après un premier exploit de Steve Mandanda, puis par une relance ratée de ce dernier aussitôt exploité avec maestria par le duo Théo Hernandez-Rafa Leao, ce dernier ne laissant pas le moindre exploit au gardien rennais. A la 57′, l’affaire était pliée !

Lors de la dernière demi-heure, Milan, en gestion, offre au Stade Rennais plusieurs cartouches pour s’offrir un très mince sursis mais Amine Gouiri, qui butte sur Maignan puis ne trouve pas le cadre, ou Baptiste Santamaria, de loin, ne trompe pas la vigilance du gardien des Bleus.

En contre, Steve Mandanda puis Azor Matuziwa, sur sa ligne, empêchent même une addition plus lourde…

Julien Stéphan, en conférence de presse, reconnaissait la supériorité de l’adversaire et l’affaire désormais pliée, ou presque :  » Je vais être très honnête : pour la qualification, c’est compromis. Je suis déçu du résultat mais je ne suis pas déçu des joueurs, je sais d’où ils viennent, et je savais que la marche serait très haute ce soir « .

Trop timide, les rennais ?  » Je n’ai pas vu une équipe inhibée par l’atmosphère. On est simplement tombés sur équipe plus forte, plus efficace, beaucoup plus puissante aussi . Avec des joueurs très expérimentés, capables de sanctionner les moments où on était moins bien. J’ai un regret, le début de deuxième période, qui nous a condamnés sur ce match. On a mis du temps à s’en remettre.« 

Pour sûr, les Rennais ont payé ce jeudi pour apprendre, et vu aussi la route les séparant encore du haut du panier. Les regrets ne seront pas sur cette soirée de San Siro, mais sur ce but annulé de Lorenz Assignon ou celui du 2-3 concédé après l’égalisation face à Villarreal. Comme l’année précédente, le Stade Rennais pouvait, et devait, s’épargner le barrage en concluant positivement sa poule, à la première place.

Financièrement, Rennes n’est pas un petit, ni un inexpérimenté de l’Europe, malgré la présence de trois joueurs sur quatre formés au club en défense à Milan.

Ces explications-là n’ont plus lieu d’être, et l’an prochain, si Europe il y a, les Rennais devront être encore plus exigeants et « tueurs », avec un nouveau format de compétition encore plus exigeant, que ce soit en C1 ou en C3.

Un quotidien national encore chargé et prometteur

Retrouver ce parfum, une soirée comme celle vecue par près de 10 000 rennais exceptionnels, doit être une motivation absolue pour finir la saison en boulet de canon. Fructifier l’apprentissage du très haut niveau, l’implacable punition qui survient pour la moindre approximation : au Stade Rennais de transposer tout cela sur son quotidien national, chargé et prometteur.

Attention tout de même, l’affaire n’est pas encore définitivement bouclée. Il reste un match retour à jouer à fond, sans la moindre question, pour faire honneur à une communauté « Rouge et Noir » qui mérite une grande fête à la maison, dans son Roazhon Park.

Dare Tutto, de nouveau, sans parler de Remontada… Tout faire pour ne rien regretter et ne pas s’interdire de rêver immense à ce qui deviendrait probablement l’un des plus gros exploit non pas du club, mais de l’histoire européenne du foot français.

D’autres, encore plus mal engagés, ont réussi, dans un passé récent, à renverser un 4-0 au match aller. Une probabilité infime, qui a pourtant le mérite d’exister…

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra