Elle s’éclate, progresse et s’étonne, avec le sourire, de signer des autographes les soirs de match. Elle, c’est Zeina Raymond-Harek, arrivée de Bouillargues cet été et déjà conquise par la Bretagne. Entre son nouveau poste, The Voice et une double culture lui tentant à cœur, la numéro 7 des « Rose et Noir » vous dit tout !
Le public de la Ricoquais te découvre au poste de pivot alors que tu as été formée arrière. Ta reconversion est-elle actée et définitive ?
J’ai encore du mal à me dire que je suis pivot même si je prends énormément de plaisir à ce poste. J’ai évolué quinze ans en arrière, donc naturellement, c’est mon poste mais pour autant, cela devient aussi naturel ici d’évoluer pivot, de donner et de prendre des coups.
Et puis j’ai gardé mon bras d’arrière pour tirer, l’expérience est très sympa, même si je dois encore ajuster ma souplesse de panier et bonifier mes positions ! Petite, mes idoles étaient Ludovic Fabregas et Beatrice Edwige donc ce poste me parle depuis longtemps !
Tu sembles aussi avoir beaucoup de responsabilités sur le terrain, prenant la parole, encourageant les autres. L’adaptation a été express !
J’ai toujours été une fille très sociable, j’aime encourager parler mais oui, je me suis tout de suite super bien sentie ici. C’est Guillemette qui a glissé mon nom à Olivier, alors que l’effectif était quasiment bouclé avant que Claire Scheid ne parte. Le challenge était, au départ, de ne jouer qu’en défense puis avec mon gabarit, l’option pivot s’est présentée.
Il m’a été demandé de parler, de prendre de vraies responsabilités, chose que je n’avais jamais connue jusque-là et franchement, j’adore. On me fait confiance et cela donne envie de donner toujours plus. Ça m’a libérée, je tente des choses sans me prendre la tête et je commence à voir mon handball différemment.
C’est-à-dire ?
L’an passé, je ne jouais pas beaucoup mais déjà, j’apprenais, je prenais du plaisir. Le handball, c’est ma vie depuis quinze ans, j’adore ça. Je l’appréhende de plus en plus sérieusement, je veux me donner les plus grandes chances d’en faire quelque chose, ne pas m’interdire de rêver grand.
Je mets beaucoup de rigueur dans mes entraînements, dans mes matchs, je fais aussi aujourd’hui beaucoup plus attention à l’entraînement invisible qu’avant. Fini les fiestas, au boulot !
« Je me demande même quel niveau nous pourrions atteindre si nous ne faisions que du hand… »
Il y a un sacré changement entre le Gard et l’Ille-et-Vilaine…
Quand Olivier m’a appelé, j’ai été surprise franchement, c’était la première fois qu’un club me demandait, venait me chercher. Alors même de l’autre côté de la France, j’ai foncé, même si les copains, la famille, me demandait si j’étais sûre de partir vers ce lointain pays, la Bretagne. Sincèrement, j’avais besoin de changer de cadre, de me challenger et je ne regrette pas un instant !
Je connaissais aussi Charlotte Satgé, que j’avais croisée à Aix, et tout s’est mis en place très naturellement. Le club m’a trouvé un appartement à Beauregard, je vis pour la première fois seule, avec mes petits rituels, je suis proche de tout, et j’apprécie beaucoup la région. Franchement, que demander de plus ?
Le soleil peut-être ?
J’avoue que pour une fille comme moi, la chaleur du Sud, les cigales, ça manque mais je sais pourquoi je suis ici, ce que je veux faire et apporter au club, alors le soleil attendra. Dès que des vacances se présentent, un petit aller-retour, une petite cure de soleil et l’affaire est réglée !
Quelle a été ton histoire avec le handball ?
J’ai démarré à 7 ans. J’ai tout de suite eu le coup de cœur pour ce sport. Au début, je jouais avec les garçons mais on ne me donnait pas la balle. Je n’ai pas lâché, suis enfin passé chez les filles. Ça a parfois été compliqué, comme lorsque je n’ai pas été gardée au pôle.
Ils ne font pas de sentiments, sont là pour sortir des joueuses et il est difficile de rester au bord de la route. Pour autant, je n’ai pas lâché, j’ai évolué avec la N2 de Bouillargues avant de faire des rotations avec la D2. J’ai beaucoup appris aux côtés de Marion Lahcene que je remercie au passage.
Aujourd’hui, je suis là, à Saint-Grégoire, dans un super groupe et je passe mes diplômes d’entraîneur à côté, titre 4, en entraînant des jeunes à la Ligue de Bretagne, des U11 au U18. J’apprends beaucoup, c’est passionnant.
Si l’on revient sur la saison des « Noir et Rose », il y a aussi pas mal de motifs de satisfaction, non ?
Clairement, oui ! Nous réussissons une bonne première partie de saison et franchement, je pense que nous en avons encore beaucoup sous le pied ! A mes yeux, il nous manque des points que nous aurions pu glaner avec un peu plus de maîtrise et de réussite, c’est vraiment dommage.
Cette équipe a de la qualité à tous les postes, tout le monde s’entend très bien et il y a une vraie volonté commune de progresser, d’appliquer les consignes et de réussir. Si nous parvenons à gommer ces moments où nous n’osons plus faire ce qui a marché juste avant, je suis convaincue que nous allons réussir de très belles choses.
Bien sûr que l’objectif du club est de se maintenir, avant tout, mais nous ne devons surtout pas nous interdire de voir plus haut, d’aller chercher une belle place. Sincèrement, en dehors de Sambre, qui parait au-dessus, personne ne m’a paru largement supérieur. Croyons en nous et nous allons nous régaler. Je me demande même quel niveau nous pourrions atteindre si nous ne faisions que du hand…
En pro à temps complet ?
Oui, c’est cela. Performer de semaine en semaine demande beaucoup d’exigence, d’efforts, mais aussi des temps de récupération et nous sommes toutes sur deux fronts avec le hand et nos études ou métiers à côté. Quand je vois ce que nous sommes par séquences capables de faire, je suis vraiment curieuse de cela même si je sais que ce n’est évidemment pas encore à l’ordre du jour.
« Après le match contre Pessac, en signant un autographe, je me suis revue petite… »
L’ambiance de la Ricoquais, notamment en janvier avec une salle pleine, t’a-t-elle conquise ?
Oh ça oui, c’est juste dingue. Contre Bouillargues puis Pessac, c’était fou, il y avait vraiment ce soutien, cette chaleur qui nous oblige à ne rien lâcher, même quand c’est plus difficile. Pessac est 2e et pendant un quart d’heure, nous les avons bloquées, on a inversé le rapport de force.
Nous n’avons pas tenu sur la durée mais c’était fort. Ce public est reconnaissant. Quand tu te donnes à 100 %, il ne prête presque pas attention au résultat mais te remercie d’avoir tout tenté. Quand on perd, toujours contre Pessac, je n’avais aucune envie de rester sur terrain, j’avais les « boules » mais j’ai une petite fille qui est arrivée avec son poster à me faire signer, me disant « bien joué ».
Je me suis revue petite. Dans ce moment-là, on switche tout de suite, on se doit de remercier cette gentillesse, cette fidélité du public, qui au-delà des résultats, vient vivre un bon moment que l’on se doit de lui offrir. Signer autant d’autographes, avec autant de bienveillance, je n’avais jamais connu ça et c’est très fort, vraiment. Le partage des émotions, c’est aussi pour cela que l’on joue à ce niveau.
Tu te consacres aujourd’hui à 100 % au hand entre tes diplômes et le SGRMH. Te vois-tu y durer ?
Je fais ce qu’il faut pour me donner en tous cas la chance de pouvoir le faire. Après, il faudra bien reprendre les études un jour ou l’autre et ce ne sera pas un souci mais je ne me voyais pas mener les deux de front. Je suis passionnée de langues vivantes et je m’orienterai vers cela. On verra en temps et en heure.
La musique a aussi une belle place dans ta vie ?
Elle a eu, en tous cas (rires) ! Petites, nos parents voulaient que ma sœur et moi fassions une activité physique et une autre culturelle, la musique. J’ai du coup fait du saxophone et du chant lyrique. Je n’en fais plus même si je chante tout le temps ! J’ai plein de CD, j’adore ça, des Beegees, à Shade, en passant par les Beastie Boys ou NTM !
Il y a de tout et j’adore. Cabrel et le rap aussi ont une bonne place dans les play-lists. Si je chante bien ? Ma mère voulait m’inscrire à The Voice mais pour le moment, j’ai d’autres priorités (rires) !
Dernière question mais non des moindres : faut-il t’appeler Zeina Raymond ou Raymond-Harek ?
Raymond-Harek, si possible. J’ai obtenu de l’administration d’ajouter le nom de ma maman à mon nom, j’y tenais. Elle est Algérienne et je suis très fière d’elle, de mes origines. La moitié de ma famille est en Algérie et j’ai la double nationalité.
C’était important pour moi et j’espère pouvoir apprendre l’arabe plus tard. Je comprends quelques mots, de ma mère ou ma grand-mère, mais j’espère l’apprendre bien mieux plus tard. C’est dans un coin de la tête mais surtout bien ancré dans mon cœur.