Au diable, cette habitude qui fait tant débat, de célébrer, ou non, un but marqué face à un club par lequel on est passé. Le Rhône (et l’OL aussi…) a coulé sous les ponts depuis l’époque où Martin Terrier faisait ses gammes dans un club qui ne lui aura finalement pas totalement laissé sa chance et face auquel il a le plus marqué en Ligue 1 (5 fois, stat Opta).
Comme un symbole, « L’as de la fléchette » est de retour et n’a pas manqué de remettre d’actualité son fameux lancé, qui nous avait tant manqué, au Groupama Stadium. La « patate » envoyée dans la lucarne d’Anthony Lopes méritait au moins cela ! Martin Terrier est de retour et la nouvelle mérite d’être savourée !
L’entame n’est pourtant pas vraiment enthousiasmante, avec beaucoup de pertes de balles et d’erreurs techniques de part et d’autres. Privé de Warmed Omari en défense, Julien Stéphan aligne la charnière Belocian-Theate et confirme Guéla Doué à droite. En tribune, confirmant un manque d’élégance et de classe assez évidents, déjà constaté à Rome, Nemanja Matic, futur lyonnais encore équipé par l’équipementier du Stade Rennais, assiste en loges à la partie aux côtés de Caleta-Car, suspendu.
Les 20 premières minutes sont insipides, le beau football aux abonnés absents, avec deux frappes de « poussin » signées Caqueret et Cherki, bien loin d’obliger Steve Mandanda a sortie le grand jeu. A la 22′, le festival rennais débute, avec une récupération puis un délice d’ouverture de Désiré Doué pour Martin Terrier, qui frappe angle fermé et trouve le poteau rentrant pour battre son ancien coéquipier (0-1). Première frappe, premier but !
On connait la suite, avec d’abord une occasion en or pour Arnaud Kalimuendo qui n’ajuste pas sa tête au point de pénalty (26′). Dans la foulée, avec un tir en pivot très malin, suite à un nouveau beau mouvement, Martin Terrier frôle déjà le doublé (28′). La sentence tombe logiquement quelques instants plus tard.
Comme son coéquipier d’attaque, Désiré Doué, très inspiré dans ce premier acte, s’amuse de la défense lyonnaise et frappe aussi à l’entrée de la surface, pour doubler la mise (36′). Lyon est groggy et bientôt KO, cinq minutes plus tard, avec cette fois-ci l’opportunisme de Martin Terrier bien placé près du poteau suite à une reprise d’Adrien Truffert sur corner pour réussir le doublé (41′).
A la pause, le Groupama Stadium sait déjà l’affaire réglée…ou presque
Trois changements pour Pierre Sage à la pause, dont l’artiste Cherki, une nouvelle fois hors-sujet et revoilà l’OL avec un collectif totalement décousu et sans automatisme, mais paradoxalement plus dangereux. La faute à des Bretons qui reculent et n’appuient pas pour aller coller un quatrième but qui aurait clôt l’affaire pour de bon.
A force de subir, le Stade Rennais cède une première fois. Guéla Doué et Benjamin Bourigeaud ne ferment pas dans leur dos sur Henrique, qui ne se fait pas prier pour ajuster Mandanda en force (60′, 1-3). Il n’y a pas encore le feu mais le danger guette, d’autant qu’Anthony Lopes passe une seconde période tranquille.
Azor Matusiwa, recrue du mercato, fait sa première entrée en jeu à la 63′. Stabiliser le jeu, endiguer les nombreux espaces dans la défense rennaise, le rôle de l’ancien rémois n’est pas des plus simples pour une première.
Lyon pousse mais le talent et la cohésion font défaut aux locaux. Pourtant, une nouvelle approximation en défense, sur un ballon aérien où Lacazette se montre beaucoup plus déterminé, promet une fin de partie irrespirable. Opportuniste, l’ancien d’Arsenal ajuste Steve Mandanda en angle fermé, de près, sous les yeux impuissants de Guéla Doué et Jeanuël Bélocian (81).
« Il ne faut pas oublier d’où l’on revient. Avant le match de Clermont, en décembre, nous n’avions que deux points d’avance sur le premier reléguable… »
Julien Stéphan sur Prime Video
On imagine alors une furia et des occasions pour les ultimes minutes mais Lyon n’obtient pas la moindre occasion nette. La dernière sera même rennaise, avec une frappe puissante de Ludovic Blas, entré en jeu, sortie par Anthony Lopes.
Le coup de sifflet libère les Rennais de 45 minutes très contrastées au regard des 45 premières. Le ouf lâché par le coach Stéphan confirme la sensation globale : d’abord ultra séduisant, le Stade Rennais s’est ensuite fait peur et n’a pas encore la sérénité après laquelle il court. Deux buts encaissés, un manque de maîtrise, côté négatif.
Du panache, des transitions rapides, un doublé pour Martin terrier et une nouvelle très belle prestation d’Enzo Le Fée à laquelle il convient d’ajouter le gros match de Désiré Doué, tellement plu décisif quand il simplifie les choses. « Il ne faut pas oublier d’où l’on revient. Avant le match de Clermont, en décembre, nous n’avions que deux points d’avance sur le premier reléguable… » concluait Julien Stéphan après la partie.
Après Clermont et Nice, Rennes ajoute une troisième victoire de rang (cinq avec la coupe de France) et confirme son net regain de forme, et de points. Si la route est encore longue, elle se dégage avec les réceptions de Montpellier et Clermont en février et un déplacement au Havre. De quoi imaginer la suite, raisonnablement, avec optimisme, dans un mois qui verra aussi trois sommets face à Milan puis le PSG. Qu’on se le dise, le Stade renaît…