Après avoir baroudé dans le sud de la France, Gaëtan Clermont a progressivement remonté l’hexagone pour atterrir au REC Rugby cet été. Travailleur infatigable sur et en dehors du terrain, voici l’itinéraire d’un pilier venu conquérir la Nationale 2.
L’homme est plutôt réservé, discret, mais ne rechigne jamais quand il s’agit de faire les efforts. En s’attachant les services de Gaëtan Clermont, pilier polyvalent de 28 ans, Kévin Courties a recruté un « bon soldat », fiable sur le terrain et qui se fond aisément dans un collectif. Joueur aguerri aux joutes de la Fédérale 1, le néo-Réciste fait d’abord ses gammes chez lui, dans le Sud-ouest, contrairement à ce que son nom indique, là où le rugby est roi : « Tous les petits villages ont au moins un club, certes dans des divisions inférieures, mais les équipes sont toujours très suivies. Tu as forcément des copains ou de la famille qui joue au rugby et c’est vraiment le sport numéro un. » Lui a commencé à Lannemezan, petite bourgade à côté de Tarbes dans les Hautes-Pyrénées. Malgré ce que son parcours laisse paraître, Gaëtan Clermont, attaché à ses origines, n’avait pas l’intention de bourlinguer : « De base, je ne voulais pas du tout bouger et je me voyais bien passer toute ma carrière à Lannemezan. Mais au fur et à mesure des années, et avec les premières expériences loin de chez toi, tu te rends compte que tu as des choses à apprendre peu importe l’endroit où tu vas. Tu lies des nouvelles amitiés et tu découvres des nouvelles cultures, c’est génial ! »
Son premier départ justement, à Tarbes, est un électrochoc, notamment rugbystique : « J’ai eu la chance d’y aller avec plusieurs joueurs que je connaissais déjà, ce qui a facilité mon intégration, mais j’ai aussi découvert un niveau bien supérieur. Les premiers mois ont été un peu difficiles, particulièrement en mêlée. Tu passes chez les espoirs de Pro D2 et il y une vraie marche. Je me souviens de mon premier match amical, j’avais passé une sale après-midi. J’avais en face de moi des mecs de 120 kg et le ballon était à peine rentré qu’il était déjà ressorti (rires) ». Après un retour express dans son club formateur, le pilier rejoint Carcassonne, puis un an plus tard, le Castres Olympique : « Comme je sortais d’un petit club, la préparation n’avait rien à voir, que ce soit au niveau des infrastructures ou des joueurs avec qui tu t’entraines. J’avais notamment fait la préparation avec l’équipe professionnelle à Castres et là, tu te retrouves avec les joueurs que tu vois d’habitude à la télévision ! »
Chahir Aouadi : « C’est un excellent joueur, réservé, mais pour autant, il ne manque pas de caractère et n’hésite pas à le montrer quand il faut »
S’ensuit une expérience à Lavaur, dans le Tarn, où il se forme aux exigences de la Fédérale 1. Puis le coup de cœur de sa carrière : Niort. Entrecoupée d’une pige écourtée à Saint-Jean-de-Luz à cause du Covid et quatre petits matchs avec les « Vert et Rouge », Gaëtan découvre dans les Deux-Sèvres un environnement qui lui convient parfaitement : « En tant que joueur, je retiens surtout mon passage à Niort. J’étais loin de la maison, dans un club avec un projet sympa. Ce qui m’a beaucoup marqué, c’est d’avoir 2.000 personnes à chaque match, comparé au niveau dans lequel on évoluait. »
Avec le NRC, il connaît même l’accession en Nationale 2 après plusieurs années passées en Fédérale 1. Son ancien coéquipier à Niort, Chahir Aouadi, garde un excellent souvenir du nouveau pilier rennais : « Que dire de l’infatigable Gaëtan (rires) ? Il est très gentil et il est très gaillard en musculation. C’est un excellent joueur, réservé, mais pour autant, il ne manque pas de caractère et n’hésite pas à le montrer quand il faut. J’ai partagé avec lui quelques séances de musculation sympa et nous nous sommes poussés jusqu’au bout du bout. La bise à mon « Gueguette » . Le message est passé. Arrivé cet été au REC Rugby, les premiers contacts ne datent pourtant pas d’hier : « Kévin Courties m’a contacté en janvier. J’étais en fin de contrat avec Niort et nous avions aussi visité la région avec ma copine, et on avait adoré. De plus, j’avais déjà joué contre le REC donc je savais où je mettais les pieds. »
Un choix sportif mais aussi personnel car à côté du rugby, Gaëtan Clermont n’est pas du genre à rester au fond de son canapé devant la télé. En parallèle à l’Ovalie, il cumule une formation de conducteur de travaux à distance et un travail chez un partenaire du club, Lhydemat : « C’est un rythme soutenu, mais je n’ai jamais été professionnel à 100% et quand j’avais des après-midis libres, je trouvais le temps long ! » Pas de problème pour lui, les résultats suivent et l’intégration se passe bien. De son propre aveu, il rentrera « définitivement dans le sud » après sa carrière rugby, lui l’amoureux de la montagne, en espérant continuer son ascension, pourquoi pas vers la N1 avec le REC. Ok avec l’idée, Gaëtan ? « Je dois vous laisser, je suis en pleine randonnée. » Très bien, ça marche, pourrait-on dire, et à bientôt au Vélodrome pour un mois capital en vue de gravir de prochains sommets.