Que vous soyez un fidèle du Vélodrome ou un visiteur occasionnel, vous n’avez pas pu raté sa barbe fournie et soignée et sa carrure de déménageur, ou plus précisément de pilier. Jack Higgins, néo-rennais depuis juin dernier, n’a pas perdu de temps pour s’adapter et adopter sa nouvelle terre bretonne. Découverte d’un cousin Anglais vraiment sympa !
D’entrée, le décor est planté. La magie de Whatsapp, outil devenu monnaie courante dans le journalisme d’aujourd’hui offre une rencontre simple et directe entre deux costauds barbus et souriants, où le « Franglais » sera de mise, sans prise de tête. Jack Higgins est comme ça, simple et chaleureux, sans chichi ni compromis. A l’image de sa générosité sur le terrain, le garçon n’esquive pas la difficulté, dont celle de la langue française qu’il essaie de dompter depuis plus d’un an et son arrivée dans les hauteurs du Pilat, à Annonay. Une région qu’il a appréciée, un peu, mais pas totalement : « J’adore la campagne, là-bas, j’étais servi, s’amuse-t-il. Les paysages étaient très sympas, la montagne pas loin mais niveau activité et vie de tous les jours hors rugby, c’était un peu calme. Trop calme. » En Fédérale 1, Annonay est la première étape française du joueur âgé aujourd’hui de 31 ans, arrivé en provenance de l’Angleterre qu’il souhaitait quitter : « Je suis natif de Coventry, où j’ai débuté le rugby à 14 ans. Avant, j’étais au foot, dans les buts, forcément mais l’Ovalie était plus indiquée pour moi. »
Déjà bien bâti, le garçon y trouve facilement sa place : « Le rugby est très inclusif. Il y a de la place pour les petits, les grands, les gros, les maigres. Chacun a besoin de l’autre et c’est cela que j’ai aimé, tout de suite. »
La belle histoire est en marche, Coventry pas forcément sexy niveau foot même s’il suit inévitablement le club de sa ville et le jeune ado obtient à 17 ans la possibilité de partir en Nouvelle-Zélande dans une classe avec un cursus du rugby. Impossible à refuser pour Jack, qui plie ses gaules pour l’autre côté du globe, direction Auckland : « J’ai vécu quelque chose de fort là-bas. J’y ai passé dix ans en jouant dans une bonne équipe et je sais déjà qu’avec ma copine, nous y retournerons après ma carrière. Je veux y vivre.» Rendez-vous pris donc bien que la France prenne une vraie place dans le cœur : « J’adore votre pays ! Ici, tout le monde m’a très bien accueilli au club, avec beaucoup de sourire et la volonté de venir vers moi, me parler en français. Les gens sont sympas aussi en dehors du rugby et j’adore visiter la région, aller me baigner sur la côte à Saint-Malo pour récupérer. Cela fait du bien, même si elle est un peu froide mais je reste anglais ! »
Johnny, Patrick Sébastien…
Son Angleterre, le néo-Rennais y joue en rentrant de Nouvelle-Zélande, en première et deuxième division, de Plymouth à Coventry. Mais il se blesse au tendon d’Achille et veut regoûter au voyage, découvrir d’autres cultures: « Je trouve les Anglais assez peu ouverts. On ne voyage pas, on reste de génération en génération au même endroit. Je ne voulais pas de ça, mais si je le respecte. C’est aussi pour ça que je suis venu en France, avec l’envie de découvrir une autre culture, une autre langue ». Le bon côté de la route aussi, pour conduire : « Quand je suis fatigué, c’est vrai que ça peut être un peu confus mais globalement, j’ai réussi à m’adapter à la conduite. Ce n’est pas ce qui est le plus difficile… »
En quête d’un pilier, Kévin Courties flaire la belle affaire et convainc ce joueur expérimenté et puissant de rejoindre l’aventure REC. Pour retrouver le niveau du dessus et se faire respecter, le manager du REC sait qu’il peut compter sur son nouveau joueur : « Jack est un véritable professionnel, fort, très rigoureux sur l’aspect préparation physique. Il est aussi en capacité de caler le secteur de la mêlée. Je souligne son niveau technique inhérent à sa formation en Angleterre. L’objectif est désormais qu’il assimile vite les attentes du projet pour optimiser tout ce qu’il sait faire. » L’affaire est entendue pour le trentenaire, conquis par la « dimension humaine du management en France, bien supérieure à celle vécue en Angleterre », qui prend une belle part dans le très bon début de saison rennais. Lui est parfaitement intégré et se montre satisfait mais aussi très exigent : « Nous sommes plutôt bien et en progrès mais il faut continuer de prendre les matchs les uns après les autres, sans trop calculer. Chaque match demande beaucoup d’exigences et chaque adversaire est dur à jouer ». Couvé par Carlos Muzzio pour la mêlée notamment, avec qui il « adore échanger et apprendre, même en n’étant plus tout jeune ! », Jack Higgins est une bonne pioche pour le REC qui ne manque pas de lui offrir une culture hors terrain qui fleure bon le terroir : « J’aime beaucoup la musique, j’écoute de tout et je me suis mis à la musique française forcément. Je trouve d’ailleurs le rap français franchement « dégueulasse » mais j’aime beaucoup Johnny Hallyday et Patrick Sébastien, c’est très sympa pour la fête ». Les secrets des troisièmes mi-temps, dirons-nous, probablement raccourcies par l’arrivée à ses côtés de Madame, en provenance de l’Angleterre : « Elle revient près de moi, ce sera plus simple. Nous étions éloignés et durant deux mois, ce n’était pas facile mais là, nous allons pouvoir continuer de découvrir Rennes et les alentours, c’est top ! » Au programme notamment, du vrai foot avec le Stade Rennais et d’autres riches découvertes musicales. Avant de raccrocher, un mot sur la dernière coupe du monde de rugby ? « L’Angleterre est allée plus loin que la France, non ? » Bon, désolé Jack, il va falloir raccrocher mais merci, forcément, pour cet excellent moment.