JRS 69 – URB : Pascal Thibaud : “Du jeu découleront les résultats puis les ambitions”

A la tête d’une formation auteur d’un très bon début de saison, quand beaucoup lui promettaient les dernières places du championnat, Pascal Thibaud ne se gargarise pas pour autant et garde retenue et prudence. L’expérience, le vécu et la raison n’interdisent pas l’ambition ! Et si l’urb était la grosse cote ?

Coach, avec cinq victoires en sept matchs (ne tient pas compte du déplacement à Berck, le 31 octobre), l’URB déjoue les pronostics et fait plaisir. Peu de monde vous attendait à pareille fête !

Il est vrai que nous ne savions pas trop comment le groupe constitué, et fortement remanié cet été, allait performer. Les premiers résultats sont encourageants, bien sûr, mais nous ne sommes qu’au tout début d’une longue saison. Sept matchs joués, c’est peu au regard de ce qui nous attend et il est beaucoup trop tôt pour juger ou déjuger les pronostics. Néanmoins, je reconnais que les garçons me surprennent très agréablement, pas tant par les résultats que par leur attitude, en match comme tout au long de la semaine.

C’est-à-dire ?

Nous avons amené de la jeunesse de l’extérieur et de la N2, aux côtés de garçons confirmés et anciens dans notre effectif, comme Lucas, Joffrey, Clément ou Cheick. On constate que ce groupe, et notamment nos jeunes, sont impressionnants de maturité, de capacité à assimiler les conseils, les consignes. Ce sont des éponges en termes d’apprentissage et cela facilite forcément notre travail. Ils ont faim d’apprendre, de progresser et jouent comme ils s’entraînent jusqu’à maintenant. Les résultats sont mérités, en ce sens. Par exemple, nous avons un entraînement quotidien mais des séances « Open » sont aussi mises en place trois fois par semaine, sur la base du volontariat. Sept à huit d’entre eux sont systématiquement là, à bosser les gammes, travailler, en faire plus. C’est très motivant et encourageant pour le staff mais aussi pour la suite. Au-delà d’un projet de jeu, on sent ce groupe en adhésion totale avec le projet de club !

« Quand on voit certains effectifs de notre poule, avec des anciens de Pro A ou des joueurs confirmés de Pro B, cela indique bien que rien n’est simple à ce niveau »

Il a fallu reconstruire après le départ de joueurs du calibre de Sébastien Cape ou Guillaume Eyango. Quelles ont été vos méthodes et leviers pour repartir de l’avant ?

Avec Bastien, nous avons choisi plusieurs systèmes de jeu sur lesquels nous avons l’adhésion des garçons mais ne souhaitons pas en avoir non plus trop, afin de ne pas se perdre. Nous avons décidé aussi d’apporter de nouvelles méthodes d’entraînements, des exercices nouveaux pour captiver, impliquer les gars, les surprendre. Parfois, certains sont déstabilisés mais cela permet aussi de construire un groupe, une identité. Les satellites, terme visant à désigner des responsables parmi les joueurs pour tel ou tel domaine, sont aussi de retour, et responsabilisent tout le monde. Après, pour remplacer les garçons partis, contre notre volonté mais logiquement au vu de leurs possibilités et de nos moyens trop limités pour les garder, nous avons misé sur la jeunesse. Des joueurs qui ont des objectifs individuels, des ambitions. Certains ont tutoyé le haut niveau, et savent qu’ils ont encore quelque chose à apprendre, à gagner. Venir ici est un excellent moyen. A nous de les servir sur leurs ambitions personnelles, ce qui ne fonctionnera que si eux se mettent au service du collectif. C’est ainsi que les choses peuvent fonctionner, dans une réciprocité indispensable.

Que dire de l’épatante progression de garçons venus de la N2 comme Adrien Sclear, Ewan Le Carour ou encore Ismaël Kherzane et Arnaud Maïga ?

Ce qu’ils font est super intéressant, au même titre que d’autres joueurs de l’effectif. Comme je le disais, ils ont cette faculté d’assimiler, de s’approprier les choses, apprennent très vite. Ils performent la semaine, en match mais surtout, parviennent à répéter cela, avec régularité. C’est une excellente nouvelle et aussi le fruit du travail de formation réalisé. Il reste du travail mais ces garçons sont aujourd’hui des joueurs de Nationale Une et ont fait ce qu’il faut pour mériter d’être considérés ainsi.

Est-ce une baisse du niveau général de la N1 qui permet à ces garçons venus du niveau du dessous de performer ?

Non, je ne le crois pas, je dirais au contraire qu’il y a un basket français qui est de plus en plus dense et structuré sur ses trois premières divisions. Quand on voit certains effectifs de notre poule, avec des anciens de Pro A ou des joueurs confirmés de Pro B, cela indique bien que rien n’est simple à ce niveau, que chaque victoire s’obtient à condition d’être à 100% concentrés du début à la fin. Dans notre poule, les équipes comptent généralement 9, 10 ou 11 pros. Nous n’en avons que 7 et les pluriactifs comme Joffrey, Clément ou Lucas sont des cas rares, désormais !  Avec les Bleus, mais aussi Monaco, Villeurbanne et même la folie Wembanyama, le basket tricolore a de sacrées locomotives qui amènent tout le monde vers le haut.

Peut-on déjà imaginer des ambitions de faire aussi bien que la saison dernière, et de s’offrir une saison aussi dingue ?

Je ne suis pas partisan de juger par le biais d’un classement, ou de tirer des plans sur la comète. Notre ambition, c’est le jeu, plus qu’un nombre de points ou un classement. Du jeu découleront les résultats et les ambitions. Ce qui compte le plus, comme le disait John Wooden, entraîneur légendaire de baseball, c’est d’avoir tout donné, plus que d’avoir gagné. Aujourd’hui, nous sommes en position pour vivre une belle saison mais cela tient au fait de faire les efforts, d’être ensemble et au même moment dans le projet collectif.

Ton équipe va être de plus en plus attendue et n’aura pas le bénéfice de l’effet de surprise, comme l’an passé. Comment contrer cela et continuer de performer ?

Tout le monde est conscient au club, des joueurs aux dirigeants, que tout peut aller vite dans les deux sens. Les points pris, les victoires, c’est à nous et c’est très bien mais la première mi-temps contre Challans a montré que lorsque l’on est moins bien, on peut aussi prendre 20 points d’écart. Gardons l’humilité, le goût du travail et le stress, le positif, celui qui vous pousse a bien faire. Nous rediscuterons ambitions et classement dans quelques mois et nous verrons bien mais la priorité aujourd’hui est de garder la dynamique, l’envie et le plaisir que nous avons aujourd’hui à chaque match.