Englué dans le milieu de tableau et incapable de lancer une série de victoires en Ligue 1, le Stade Rennais joue gros ce mois-ci pour rester cohérent avec ses ambitions annoncées de se mêler à la lutte pour le podium. Car on est déjà arrivé au quart de la saison…
A la sortie d’un très décevant partage des points face au Racing Club de Strasbourg, les mots prononcés en zone mixte par les jeunes rennais venus répondre aux médias fleuraient bon la méthode Coué, ou bien pire, le déni devant une situation devenant compliquée : « De l’inquiétude ? Pas du tout », tranchait ainsi Lorenz Assignon, qui enchaînait, sans trembler : « On a un effectif de fou avec des joueurs qui ont des qualités hors-normes. Il faut juste qu’on reste soudés… »
Ok, allons-y pour « l’effectif de fou » mais gardons aussi le droit de ne pas être aussi dithyrambiques que le latéral droit rennais. De l’autre côté de la défense, Adrien Truffert restait plus mesuré mais pas plus tourmenté par la triste prestation réalisée, à l’image d’un mois d’octobre très maussade : « Personne n’est inquiet. On a un groupe avec de la qualité. On sait qu’on va faire mieux… » C’est recommandé, en effet, et vite…
Effet de com’ ou tentation de voir la vie plus rose qu’elle ne l’est actuellement vraiment, ces sorties interrogent sur la prise de conscience réelle d’une équipe qui doit faire beaucoup mieux, tant dans le contenu de ses productions que dans ses résultats. Il y a ce que l’on dit, et ce que l’on fait. Parfois, l’un rattrape l’autre et donne l’assurance de lendemains qui chantent. En l’état des choses, à début novembre, on n’en prend pas le chemin… Bruno Genesio, lui, ne voyait pas ce qu’il pouvait « reprocher aux joueurs sur leur état d’esprit, avant d’ajouter que pour les médias, mais pas pour lui, « c’est toujours le résultat qui fait tirer des enseignements. »
« Engranger rapidement pour retrouver son rang »
C’est en tout cas le juge de paix et la seule matière disponible pour évaluer les progrès ou atermoiements d’une équipe, les entraînements et éventuelles dynamiques ou progressions de joueurs n’étant pas visibles du grand public ou des journalistes.
Un choix qui induit alors, forcément, des critiques sur les matchs et parfois bien plus au sein d’un Roazhon Park qui commence à s’impatienter, même s’il reste mesuré et au soutien d’une équipe qui va en avoir besoin. Car novembre déboule avec sa pluie, ses interrogations et un programme tout aussi chargé qu’épineux. Si le Stade Rennais n’est qu’à six points de ses objectifs, il n’est aussi que six points devant le bas de tableau et doit à l’évidence engranger rapidement pour retrouver son rang.
Pour ce faire, il va falloir aller bouger Nice, leader invaincu pourtant peu séduisant du championnat à la défense de fer, la meilleure de Ligue 1 et de loin (4 buts encaissés en 10 journées) ! Tout sauf une sinécure, quand on sait les difficultés rennaises à marquer loin du Roazhon Park (2 petits buts seulement sur les 16 inscrits…). Compliqué d’imaginer alors une orgie de buts du côté de la promenade des Anglais où un petit exploit serait cependant le bienvenu.
Viendra ensuite une semaine charnière au Roazhon Park, avec la double réception du « Pana », pour valider la bonne phase aller d’Europa League puis celle d’un Olympique Lyonnais en perdition. Si on imagine facilement Bruno Genesio touché par la situation de son ancien club, il n’y aura aucune place pour les sentiments, seulement l’obligation de gagner, coûte que coûte, face à une équipe traversant la pire crise de son histoire récente. Viendra ensuite en fin de mois l’une des bêtes noires du Stade Rennais, bien que vaincue l’an passé, Reims, pour un troisième rendez-vous de rang à domicile, avant d’aller défier Marseille début décembre. Un programme costaud, mais abordable, sous certaines conditions…
Celle tout d’abord de fermer les vannes en défense, avec trop de buts encaissés en rapport aux occasions concédées. Souvent mise hors de position, la défense rennaise qui présentait contre Strasbourg la particularité d’avoir été formée à 100% au club, manque parfois d’autorité et d’expérience, mais aussi de maîtrise.
Les différentes formules utilisées depuis août démontrent que la formule définitive n’est pas actée et les erreurs individuelles plombent un rendement collectif pourtant très intéressant la plupart du temps. Au milieu de terrain, les difficultés d’adaptation et les blessures, même si les progrès sont là, pour Enzo Le Fée, privent pour le moment Bruno Genesio d’un duo avec Nemanja Matic.
Alliant le chaud et le froid, cette association permettrait de redonner à Benjamin Bourigeaud son champ d’expression préférentiel côté droit et d’offrir du temps de jeu à Martin Terrier à gauche, à se partager avec Amine Gouiri notamment. Ludovic Blas, s’il apporte par sa technique, pêche dans la capacité à déborder ou fructifier l’aile droite. L’ex-Nantais pourrait ainsi jouer derrière une pointe, qui pourrait être Arnaud Kalimuendo, Amine Gouiri ou Bertug Yildirim, très intéressant lors de son match face au Maccabi en point de fixation. Désiré Doué, de plus en plus à l’aise en milieu offensif, peut aussi tenir cette place d’électron libre et venir combiner dans les petits espaces avec des joueurs « copains » avec le ballon. Sur le papier, on peut imaginer un 4-2-3-1 ou 4-3-3 mais comme aiment à le répéter tous les coachs de Ligue 1, ce sont les joueurs qui font le système et non l’inverse…
Quelle que soit l’option choisie, le Stade Rennais n’a en tous cas plus le choix et ne peut plus se contenter de partager les points avec un Lens moribond en début de saison, à Brest, contre Le Havre et Strasbourg à la maison, ou encore à Montpellier. Ces points envolés risquent de coûter très cher en mai prochain et il faudra quelques perfs pour rattraper cela avant la trêve, à Marseille ou face à Monaco par exemple. Avant cela, novembre à la maison ou presque, excepté Nice, se présente pour remettre les pendules à l’heure et donner raison au coach et à ses joueurs convaincus que la saison est encore longue et les occasions de se refaire la cerise nombreuses. Pour continuer de voir le verre à moitié plein, aux joueurs de ne pas le vider encore un peu plus et de faire le plein de points et de confiance. Avec la qualité de l’effectif, même s’il ne nous parait peut-être pas hors normes, cela reste largement jouable et plus en adéquation avec les attentes que le club a lui-même fixées.