Personne ne l’ignore, le sport dans son mouvement actuel est une économie à part entière, un écosystème complexe qui se régule par des apports extérieurs, ce qu’il engendre et aussi, ce qu’il projette, avec la part d’incertitudes que cela comporte d’un exercice à l’autre. Pour performer, il faut former puis vendre ses meilleurs éléments, mais aussi aller chercher ailleurs ce qu’il y a de meilleur que ce que l’on a chez soi. Si Jacques Delanoë expliquait le mois dernier dans nos colonnes la volonté de bâtir à long terme en tenant compte du court terme, la réalité indique que c’est bien lui qui dicte la danse, que le ballon soit rond, ovale ou pégueux.
Construire un effectif, voilà le cœur d’un réacteur qui si il n’est pas bien réglé, pour mettre la machine hors d’usage très rapidement, peu importe tout ce qui aura été fait en amont, depuis tant de temps. Le juste prix, le bon salaire, la bonne complémentarité, tout coach ou directeur sportif s’y frotte à chaque intersaison, avec la conviction d’avoir réussi le coup de l’année ou parfois la déception d’avoir du se résigner à laisser partir les meilleurs. Pour permettre ensuite aux équipes constituées de s’exprimer, il faut du temps, des résultats, un coach faisant l’unanimité, même en période de crise, mais aussi un stade, la salle… Du public, remplissant si possible à guichets fermés les lieux, des abonnements afin de fidéliser et d’assurer les recettes billetterie mais aussi une expérience supporter-client nécessaire à générer d’autres sources de rentrées économiques. Des évolutions qui ont amené le CRMHB a quitter son historique Palais des Sports pour une Glaz Arena. S’il veut aller un jour lointain en Pro D2, le REC Rugby devra lui aussi changer de terrain… Renoncer à son histoire d’hier pour en écrire une nouvelle, telle est la contrainte, aussi, de ce sport qui ne cesse d’aller vite.
Le Stade Rennais arrive lui aussi à un virage capital de son histoire. Quotas limitant d’abonnements, faisant des déçus, hospitalités pas assez nombreuses, expansion commerciale compliquée, ce bon vieux Roazhon Park ne ferait visiblement plus l’affaire au moment où le club enchaîne les campagnes européennes et les stades pleins chaque week-end mais doit surtout faire face aux contraintes limitantes du Fair-Play financier, ironie de l’histoire, qui n’intervient que pour les clubs qualifiés en coupe d’Europe. La rumeur enfle sur la possible construction future d’un nouvel écrin, de l’autre côté de la rocade, pas très loin de l’Histoire qui s’écrit depuis des décennies.
Bonne ou mauvaise idée ? Business contre romantisme ou tout simplement, évolution logique des choses ? Les décisions qui seront prises obéiront à une logique plus économique qu’émotionnelle et nostalgique mais pourraient bien permettre au Stade Rennais de regarder encore plus loin à l’horizon, de passer une nouvelle étape. Sans néanmoins ne jamais oublier d’où il vient et rester qui il a été et est devenu, au risque de se perdre en chemin…