On le voyait venir, un peu trop. Avec une teinte de fatalisme et d’agacement. Ce but venu de nulle part marqué par de très faibles strasbourgeois, symptomatiques des faiblesses et limites actuelles du Stade Rennais. Steve Mandanda repousse la frappe de Kévin Gameiro, que personne n’a empêché de frapper, Lébo Mothiba, maillot dans le short, comme à son habitude, a suivi, libre de tout marquage, pour marquer. Rennes est puni, et concède le nul à l’issue d’un match d’une grande tristesse, sans relief ni intensité. Triste, comme ce ciel gris au-dessus d’un Roazhon Park déçu, et dépité. Sans occasion ou presque, non plus, avec seulement trois tirs cadrés de part et d’autres. On ne pourra même pas pester sur une série d’immanquables, il n’y en eut que trop peu. Peut-être les bonnes situations mal gérées par Arnaud Kalimuendo, une nouvelle fois en très grandes difficultés, ou la frappe détournée d’Amine Gouiri en seconde période. C’est peu, bien trop peu, pour espérer ou même, finalement, cultiver les regrets. Ceux-là viendront surtout de la faiblesse d’un adversaire qui jouera le maintien s’il ne change rien et qui n’a strictement rien proposé.
Rennes pensait avoir fait le plus dur en première période, avec une très belle inspiration d’Adrien Truffert, buteur de l’extérieur de la surface d’une superbe frappe du droit (21′) ! Un geste idéal pour lancer une belle victoire mais hélas, les « Rouge et Noir » n’ont jamais su enfoncer le clou. Une absence de pressing offensif, trop peu d’idées et de propositions et une gestion du ballon trop stérile, ne mettant pas les visiteurs hors des clous. Malgré les rentrées en seconde période de Martin Terrier, Ibrahim Salah ou encore Fabien Rieder, ce n’était pas l’après-midi du SRFC qui continue son dangereux surplace au classement. Avec un sixième nul en dix matchs, et seulement deux petites victoires contre Metz et Nantes, le compte n’y est pas du tout et l’ensemble inquiète. Les scénarios en Ligue 1 se répètent, se ressemblent mais les choses peinent à changer. Rennes, pour le moment, ne surprend plus et pire, ne fait plus la loi à domicile et ne gagne pas à l’extérieur. Alors supporters comme observateurs s’interrogent : pourquoi ne pas tenter d’utiliser sur les ailes, ne serait-ce qu’une demi-heure, Benjamin Bourigeaud et Martin Terrier, avec une pointe en fixation, quand on se souvient des belles heures vécues l’an passé dans ce dispositif ? Fallait-il remonter le bloc du milieu de terrain au vu de l’absence de velléités offensives en face ? Pourquoi ne plus utiliser du tout Bertug Yildirim, pourtant intéressant lors de ses premiers pas et depuis cantonné au banc ?
Autant de questions légitimes auxquelles Bruno Genesio a sans doute les réponses, ainsi que tous les tenants et aboutissants. Quand l’équipe tournait et cartonnait, sa gestion et ses choix étaient loués, à juste titre. Aujourd’hui, ils interrogent, là aussi logiquement. La question n’est pas de savoir si Pierre, Paul ou Jacques sont capables de faire mieux mais plutôt comment le coach et son équipe réussiront à changer le cours d’une saison plutôt mal engagée, bien que rien ne soit perdu, loin de là. Les ambitions posées en début de saison imposent cependant l’exigence et la nécessité de voir mieux que ce qui est proposé jusque ici et de voir enfin un effectif qualitatif et quantitatif trouver la bonne mesure. A une semaine de défier l’OGC Nice, invaincu, les discussions et recherches de solutions ne vont pas manquer tout au long d’une semaine importante pour ne pas s’enfoncer dans le doute.