A l’image des plus fervents afficionados de Football Manager, il y aura, dans les jours à venir, des supporters qui se féliciteront des transferts réalisés par leur club favori, tout en sachant qu’ils ne toucheront pas un centime à titre personnel, sur ces « affaires » rondement menées… La fameuse plus-value qui, depuis que le foot est devenu ce qu’il est, équivaut, pour certains passionnés de foot autant que d’économie, à une victoire sur le terrain… Le Stade Rennais n’est pourtant pas Bordeaux ou Marseille et n’est nullement dans l’obligation de vendre pour (sur)vivre. Pourtant, Lovro Majer, autour des 30 M€ selon plusieurs médias, et Jérémy Doku, autour des 55 M€, vont bel et bien quitter la Bretagne alors que le club a rarement été aussi bien armé pour aller chercher titres et victoires. Il s’agit d’un choix et non d’une contrainte, tout à fait assumé par le club.
Les valises désormais garnies d’euros frais venus de Bundesliga et de Premier League et sans aucun doute utilisés à bon escient, elles le sont aussi en terme de regrets côté sportif. Comment se réjouir, même au nom de sommes phénoménales, du départ d’un joueur de la qualité de Lovro Majer, certes encore irrégulier sur la durée mais au toucher de balle soyeux, à la vision du jeu au-dessus de la moyenne et à la patte unique. Avec plusieurs récitals effectués lors de ses deux saisons rennaises, l’international croate a démontré sa dimension de joueur de carrure internationale et n’aurait pas dépareillé dans l’effectif de Bruno Genesio cette saison. Aller à Wolfsburg constitue peut-être une progression, c’est à prouver, pour le joueur mais le club allemand pouvait probablement se refuser plus facilement qu’un top 10 Ligue des Champions. La volonté du joueur y est sans doute pour beaucoup, et laisse amer, car on ne remplace pas la classe et la grâce d’un tel joueur par un virement bancaire, quel qu’en soit le montant.
Pour Jérémy Doku, l’analyse diffère quelque peu. Trois saisons, beaucoup de blessures, d’interrogations, parfois d’incompréhensions puis depuis janvier, l’envol. Explosivité, capacité à éliminer n’importe qui et désormais, lecture de jeu souvent fatale pour l’adversaire, l’international belge justifie enfin tout le potentiel qui lui était prêté. Jeune, déjà habitué à jouer l’Europe, il ne pouvait pas échapper aux radars des mastodontes européens et Manchester City devrait donc venir chiper le « dragster » Rennais sans que le club breton ne puisse dire mot. L’attractivité du champion d’Europe tout comme l’aura de Pep Guardiola font qu’un non est impossible et personne n’en voudra au joueur de vouloir rallier la fameuse PL, pas plus qu’au club d’accepter la plus grosse indemnité de transfert de son histoire pour vendre un joueur. Mais que les regrets vont être nombreux sur un joueur dont on aurait aimé tellement plus au vu des capacités et des prestations réalisées depuis quelques mois, au point de réaliser qu’il y avait là, dans la capitale bretonne, sans doute l’un des tous meilleurs ailiers au monde qui couvait, et dont l’explosion définitive, si pas de nouveaux pépins physiques, risque d’éblouir la planète foot dans les mois à venir.
Entre Majer et Doku, le Stade Rennais va encaisser un pécule permettant de nouvelles arrivées, peut-être aussi retentissantes que celle de Matic dimanche, mais c’est aussi un peu de romantisme, de folie, d’amour ou d’agacement, selon les prestations, qui vont s’envoler depuis Saint-Jacques cette semaine vers de nouveaux horizons. Loin des rugissements d’un Roazhon Park qui n’a pas la certitude de retrouver les mêmes émotions avec les futurs remplaçants de deux joueurs sinon exceptionnels, d’exception, ils régaleront d’autres publics, d’autres couleurs. Et cela, quoi qu’en pensent les fans de gestion, n’a pas de prix et laisse forcément des valises de regrets.