Sauvées in extremis au goal-average particulier et au bénéfice du forfait général de Fleury, le SGRMH sera de nouveau en division 2 la saison prochaine, pour la cinquième saison de suite. Un résultat positif dans une saison riche en enseignements et rebondissements, sur laquelle a accepté de revenir le coach Olivier Mantès.
Quel sentiment prédomine à l’issue de cette ultime victoire à Toulouse et de ce maintien validé sur le fil ?
Si l’on répond à chaud, au lendemain de Toulouse, c’est le soulagement, bien sûr. Je préfère être à notre place, nous maintenir sportivement que d’être relégués et dans l’attente d’éventuelles décisions administratives pour un repêchage, avec tout ce que cela aurait incombé d’attente de décision, de complications pour la préparation de la suite. Là, nous pouvons nous projeter, et déjà avancer sur la saison 2023-2024. Ceci étant dit, nous sommes à la place que nous méritons sur l’ensemble du championnat, sans être surpris d’être dans cette partie du classement. Il nous a manqué des choses pour coller au milieu de tableau et la lutte fut âpre avec Lomme, Vaux et Palente. Des clubs qui étaient à « égalité » avec nous, et pas que sportivement, au départ de la saison…
C’est-à-dire…
Au-delà des résultats, je constate que les quatre qui ont bagarré de bout en bout pour le maintien sont aussi parmi ceux qui n’ont jamais été ciblés par la CNACG (La Commission Nationale d’Aide et de Contrôle de Gestion, ndlr). Il y a eu un réel souci d’équité dès le départ, avec certains clubs aux budgets gonflés et par conséquence, plus de possibilités de recrutement et d’effectif. Une joueuse ou deux de plus, ça compte… On appelle cela le plan d’apurement et trois clubs au moins ne l’ont pas respecté, tout le monde le sait. Cela a clairement faussé un championnat et j’avoue qu’il serait incompréhensible qu’ils ne soient pas sanctionnés. Que ceux qui n’ont pas triché soient sanctionnés sportivement est un fait, c’est le résultat d’une saison, mais à condition de partir sur un pied d’égalité avec les autres au départ. A cet égard, j’ai une grosse pensée pour Vaux et Palente aujourd’hui…
« Les blessures de Manon Sol, Melissa Delalande puis Charlotte Satgé ont pesé lourd »
Pour revenir au SGRMH et au terrain, qu’a-t-il manqué pour être à l’abri plus tôt dans la saison ?
Le championnat est très dense, se joue à peu de choses. Palente a, par exemple, battu deux fois Noisy. Tout le monde pouvait accrocher tout le monde. Pour ce qui nous concerne, la pièce est trop souvent tombée du mauvais côté, par manque de maîtrise, de savoir-faire dans la gestion des moments-clé. Si cela n’arrive qu’une fois, ok, mais le scénario s’est beaucoup trop répété et traduit l’écart entre le milieu de tableau et notre niveau. Après, les évènements ne nous ont pas aidés.
Fais-tu référence aux problèmes de salle d’entraînement ?
Je pense d’abord à nos blessées de longue durée. Nous avons été privés sur la quasi-intégralité de la saison de Manon Sol et Melissa Delalande puis sur une grosse partie de la phase retour de Charlotte Satgé. Toutes les trois avaient un rôle très important dans ce que nous souhaitions réaliser cette saison et Manon et Charlotte étaient capitaines, c’est dire aussi leur importance au sein du groupe, au-delà d’un schéma tactique. Avec trois joueuses comme celles-ci indisponibles, les options sont tout de suite moins nombreuses et la difficulté plus grande, même si tout le monde a fait de son mieux pour compenser. Concernant les conditions d’entraînement, nous nous sommes adaptés comme nous l’avons pu, et nous n’avions pas vraiment le choix…
Est-ce la saison la plus difficile que tu aies vécu à la tête des Roses ?
Non, pas du tout. Celle de la descente en N1 il y a cinq ans l’avait été bien davantage. Là, nous étions préparés à bagarrer pour le maintien, on savait que ce serait compliqué jusqu’au bout. Les adversaires et nos possibilités étaient identifiés et une dixième place aurait déjà été une belle performance. Ce groupe a donné le maximum, les filles ont réalisé aussi de très belles choses même si nous avons manqué de régularité. Si certains pensent que nous devions terminer beaucoup plus haut, libre à eux mais avec la connaissance du quotidien, des possibilités et complémentarités en présence, je reste convaincu que nous terminons assez proches de là où nous pensions pouvoir nous classer en début de saison.
Six joueuses s’en iront cet été mais quid des nouvelles têtes ?
Deux joueuses déjà expérimentées vont nous rejoindre : Guillemette Cauly, qui arrive de Bouillargues, est une habituée de la D2. C’est une taulière qui va nous apporter du leadership, de la voix sur le terrain, et une expérience précieuse, avec une vraie polyvalence sur la base arrière avec un poste préférentiel de demi-centre. Eugénia Mellano, internationale argentine, propose elle aussi diverses solutions sur les trois postes de derrière et renforce le groupe en caractère. Elle arrive de Noisy et a aussi évolué à la Stella. Elle a connu la D2 pendant cinq ans et sera vite dans le bain. Agathe Hennion arrive de Harnes (N1) après avoir été formée à Lomme, où elle était barrée à l’aile droite. A 22 ans, elle vient remplacer Laurine Chesneau. Bila Peneaud, née en 2005, arrive au poste de pivot, depuis La Roche/Yon où elle évoluait en N1 via le Pôle de Nantes. C’est une joueuse très dynamique, athlétique, qui a beaucoup d’atouts pour s’acclimater à la D2. Julie Tessier arrive également du Pôle de Nantes et jouait à Carquefou. C’est une arrière polyvalente qui aura sans doute besoin d’un peu de temps avant de prétendre au temps de jeu en D2. A ce jour, le recrutement est clos sauf en cas de départ d’ici à fin juin ou opportunité mais nos moyens ne nous permettent de toute façon aucune folie.
« Il faut une envie commune au sein du club d’aller au plus haut niveau »
Ressens-tu un peu de lassitude ou d’usure sur ton poste ou parfois, l’envie de connaître autre chose que le SGRMH ?
Chaque joueuse ou membre de staff qui change, chaque année, implique une remise à zéro des compteurs et une nouvelle histoire à écrire et c’est cela qui est passionnant, qui rallume toujours la flamme. Les premières parties de saisons sont toujours passionnantes, avec de nouvelles associations, des mises en places et des idées travaillées avec les groupes. Je n’éprouve aucune lassitude car je repars toujours avec un nouveau cap, de nouvelles personnes à découvrir, à comprendre et un puzzle à assembler. J’ai, de plus, la chance d’avoir une direction qui comprend et sait ce qu’est une construction de projet, de club, au-delà de résultats négatifs pouvant s’enchaîner. Je suis conscient que ce n’est pas le cas partout et cette qualité de cadre de travail fait aussi que je suis très heureux ici. Nous travaillons au-delà d’un objectif de classement et j’aime être intégré à ce projet d’ensemble, dans le temps.
L’ambition sera une nouvelle fois le maintien ou viserez-vous plus haut ?
Aujourd’hui, nous raisonnons plus en vision de club qu’en objectif chiffré de classement. Le club essaie de faire monter tout le monde en compétence. A l’image de Laure Bulucua, qui travaille très bien depuis deux ans dans le développement des partenariats, nous essayons de solidifier le club à tous les étages pour être prêts le jour où nous pourrons prétendre sportivement à aller au-dessus, notamment via par le projet VAP. L’an prochain, nous aurons deux joueuses à plein temps, deux autres s’en approchant et cela démontre que l’on tend, progressivement, vers ce cahier des charges qui, néanmoins, évolue aussi en même temps. Il faut suivre le rythme, sans se brûler les ailes et rester raisonnables. L’ambition est de multiplier par deux nos possibilités budgétaires à termes, tout en gardant notre ADN de formation.
La formation justement, c’est aussi l’équipe réserve, qui descend en N2 et les ententes avec les clubs voisins. Où en est-on ?
Nos filles de la N1 ont connu une saison très compliquée, surtout moralement. Quand on a 16 ou 17 ans et que l’on enchaîne les défaites, c’est compliqué à vivre. Difficile pour progresser et pouvoir prétendre à aller plus haut ou se consolider. Je pense que l’écart D2-N2 est tout à fait raisonnable et peut-être plus conforme à un club dimensionné comme le nôtre. L’an prochain, le plaisir et les victoires seront de retour, je l’espère et le travail n’en sera que plus intéressant pour tous. Concernant nos ententes, tout se passe plutôt bien, avec des résultats chez nos jeunes et un apport réciproque avec nos amis et voisins du CPB, de Chateaubourg et Chantepie. La belle saison du Cercle en N1 est une vraie bonne nouvelle pour le bassin rennais, où les filles désormais ont les possibilités d’évoluer en fonction de leur niveau de la D2 à la N2, avec notamment la montée de Chartres. Tout cela doit profiter aux uns et aux autres en fonction des objectifs mais surtout, permettre au hand féminin de se développer. Quand nous avons démarré il y a vingt ans en N3, il n’y avait pas autant de clubs compétitifs et aptes à accueillir les joueuses et nous retrouvons beaucoup d’anciennes de chez nous à chaque niveau. C’est aussi une fierté du travail accompli dans le temps.
La problématique de la salle est-elle toujours de mise et vois-tu des possibilités ?
La solution de la salle de Bruz semble désormais plus que compliquée. D’autres pistes devront être étudiées, nous travaillons déjà avec les collectivités, avec l’envie de trouver une issue. Tout le monde, doit avoir les mêmes objectifs au club, des équipes de jeunes aux pros. Encadrement, bénévoles, dirigeants, il faut que nous enclenchions la marche avant avec une vraie osmose autour du projet, qui n’aboutira qu’à ce prix à moyen terme. Rester après les matchs, accompagner les enfants et s’investir auprès d’eux en venant aux matchs, fédérer autour de nos couleurs, de l’identité du club et valoriser ce qu’est le SGRMH, voilà aussi un travail à accomplir. Celui qui siffle à la Ricoquais ou revendique des changements, critique nos filles et leur investissement, n’a pas compris ce qu’est notre club. Achenheim monte aujourd’hui en LBE avec des moyens limités mais une union sacrée autour du projet du club. Il faut une envie commune au sein du club d’aller au plus haut niveau et l’ATC est un bel exemple à suivre.