Ses premiers pas de Cercliste ne nous rajeunissent pas et renvoient à la fin des années 80, une époque où le smartphone était encore un simple rêve… Celui d’être président n’était pas dans la tête de Gaëlig Labbé, 39 ans, pourtant aujourd’hui investi à la tache aux côtés de Franck Roussel et David Le Boursicaud. Avec conviction, détermination et le sang vert dans les veines !
Aun mois de la conclusion de la saison, quel bilan tirez-vous de l’exercice qui va s’achever, au-delà des classements des équipes fanions ?
La vocation du Cercle Paul Bert a toujours été d’être un acteur sociétal, d’amener la pratique sportive aux enfants de la ville, quartier par quartier, et de mettre à disposition une proposition qualitative. Aujourd’hui, le club va bien, compte un nombre de licenciés très important (550), répartis sur 35 équipes. Nous avons quatre salariés, Emmanuel Marty, Alan Gauvineau, Brendan Ledoaré et Lucas Vax, qui travaillent dur et apportent toutes leurs compétences dans l’éducation, la formation et bien sûr, à la tête de nos équipes. Tout cela n’était pas gagné pendant le Covid et à la sortie d’une crise sans précédent, où il a fallu retrouver nos licenciés, leur donner l’envie de revenir dans une société qui a profondément été bouleversée. A ce niveau-là, oui, le Cercle est sur une très belle année, même si bien sûr, il y a toujours à faire pour s’améliorer, être plus costauds. Financièrement, nous allons terminer l’exercice avec un manque d’environ 50.000 € pour rester compétitifs la saison prochaine.
Cela s’explique en partie par l’évolution des exigences pour évoluer en N1, avec notamment l’obligation désormais d’un contrat temps plein chez les joueurs ?
Tout cela évolue constamment et il est sûr que de passer de la N1 Elite à la N1 n’a pas été simple. L’équipe était habituée ces dernières années à évoluer sur le meilleur niveau N1 mais on voit bien que tout cela mue aujourd’hui. Nous avons aujourd’hui deux joueurs à mi-temps pour répondre à cette exigence, qui n’est pas mise là uniquement pour monter en Proligue mais bien pour évoluer en N1. Aujourd’hui, la N1 Elite est composée d’équipes avec beaucoup de pros, un statut VAP et des fonctionnements qui se sont un peu éloignés du nôtre. Néanmoins, grâce à nos fidèles partenaires privés, nous ne renonçons pas à y revenir à terme. Mais pour le moment, sportivement, nous ne sommes pas vraiment sur cet objectif-là…
L’objectif est plutôt de maintenir les garçons, en difficulté cette saison…
Notre saison est compliquée, on ne peut pas le nier mais pour autant, l’équipe apprend, progresse. Avec les blessures conjuguées d’Alex Vu en début de saison, puis celles de Stan Zmuda et Geoffrey Minel par la suite, c’est toute notre base arrière qui s’est retrouvée affaiblie. Nous n’avions pas non plus pu remplacer Samuel Alexandrine, notre pivot, auteur d’une saison exceptionnelle l’an passé. Emmanuel Marty, dont nous sommes très satisfaits de par son investissement total et la qualité du travail proposé, a dû lancer des jeunes au feu sans les préparer à cela, comme il le souhaitait au départ. Il a fallu s’adapter, faire au mieux mais je suis convaincu que nous allons nous maintenir, on y croit fermement.
Côté N1 féminine, la satisfaction est en revanche totale !
En début de saison, Alan Gauvineau m’avait dit qu’avec les matchs costauds d’emblée wau programme, la prépa allait continuer trois matchs… Finalement, les filles en ont gagné deux ! Je pense que l’équipe a bénéficié de la dynamique de la montée, de la belle ambiance qui existe entre elles depuis longtemps déjà. Il y a aussi l’effet de surprise qui joue, c’est indéniable, et elles en ont largement profité, ce qui est remarquable ! Mais l’an prochain, ce sera forcément un peu plus compliqué, les filles seront attendues partout.
Elles évoluent avec la réserve du SGRMH, une division sous l’équipe Une, tandis que les garçons jouent avec la réserve de Cesson. Quelles sont vos relations avec les clubs voisins ?
Il y a un très bon travail de fait sur les catégories jeunes, avec Chantepie également et Chateaubourg chez les filles. L’ensemble des entraîneurs sont en collaboration, échangent, s’entendent bien, que ce soit avec Mehdi et même Sébastien et Yann à Cesson, ou Olivier à Saint-Grégoire. Aujourd’hui, en N1, nous sommes à notre place, avec un rôle à jouer pour permettre aux meilleurs joueurs et joueuses d’aller plus haut mais aussi la capacité à offrir un vrai bon niveau à ceux qui n’y réussissent pas, même si accueillir des joueurs ou joueuses non pros en National devient de plus en plus complexe. L’idée reste, avec nos amis de Cesson et de Saint-Grégoire, d’être au service de nos jeunes, de mutualiser les compétences et de garder une équipe dans chaque catégorie au niveau national. Ensuite, il y a un travail identitaire à réussir, en collaboration, ensemble. Que les licenciés s’identifient au travers d’un maillot, de couleurs, en passant même par les noms de nos regroupements. L’avenir passera par des exigences de plus en plus élevées, structurelles et financières, qui doivent nous conduire à réfléchir et agir tous ensemble.
Avec le Sandball à venir, des actions régulières dans les quartiers rennais, les projets ne manquent pas. L’ADN du Cercle, avant la compétition, reste-t-il le lien social ?
C’est sa raison d’être. On ne prend pas une licence au CPB pour monter en Proligue ou Division 2 féminine. Nous sommes fiers d’offrir aux Rennais de vrais parcours, de sportifs mais aussi, une fois en équipe sénior, des perspectives pour devenir des actifs, épanouis et heureux chez nous. Le Sandball est l’illustration de ce lien, un rendez-vous devenu incontournable. Cette année, pour la dernière à la Prévalaye, nous espérons encore permettre à chacun de vivre un beau moment. Si les habitudes sociétales évoluent, entre le Covid d’hier et l’inflation d’aujourd’hui, nous ne voulons pas nous renier et continuer de faire « bien vivre » notre association, qui va au-dela du terrain.
Avoir été joueur et être devenu président, voilà qui illustre parfaitement le propos…
Quand on devient Cercliste, c’est à vie. Mes filles, dans la voiture, chantent les chants de supporters du CPB quand nous allons au match. Il y a la transmission, le partage. Quand Franck a souhaité avoir un peu d’aide à la présidence, cela s’est fait naturellement pour moi, comme pour David. Il était évident de continuer à apporter au club, d’une manière ou d’une autre, selon nos compétences et appétences. Nous sommes trois présidents, certes, mais surtout c’est une vision partagée pour continuer de faire avancer le club avec un écosystème en perpétuelle évolution, pas toujours simple à suivre, sans renier l’essence même de notre club. Nous le devons à tous nos bénévoles, si précieux et investis à nos côtés, comme à nos partenaires privés sans qui rien ne serait possible. Notre priorité est de rester fidèles à nous-même. Ce n’est plus la même chose qu’être joueur ou éducateur mais cela reste tout aussi passionnant !