Directeur du centre de formation du CRMH depuis un an et demi, Mehdi Boubakar, dans le sillage du staff de l’équipe pro, vit de belles heures avec la très belle saison réussie par ses joueurs en N1. Installée sur le podium, la nouvelle génération des Irréductibles a de beaux jours devant elle mais peut aussi compter sur son coach pour ne pas bruler les étapes !
Au moment d’attaquer avril, la réserve cessonnaise est à la fête avec la deuxième place du championnat. L’objectif de la fin de saison est-il de conserver ce classement ?
Cette 2e place récompense la solidarité, la qualité et le travail d’un groupe qui marche très bien depuis le début de saison. Mais au-delà de ça, quand vous êtes une réserve d’équipe pro, que la montée n’est pas possible, l’objectif est avant tout la progression des joueurs, individuellement comme collectivement. Le plus important est qu’ils s’épanouissent, réalisent un truc sympa ensemble avant, évidemment, d’ambitionner d’aller jouer plus haut, en Proligue voire dans l’élite.
Retrouver des joueurs formés à Cesson en équipe première fait-il partie de la feuille route fixée par le club ?
Aujourd’hui, c’est une fierté d’avoir vu Mathéo Briffe signer son premier contrat pro mais comme je le répète aux garçons, le plus important n’est pas le premier mais le deuxième puis le troisième contrat d’une carrière pro. D’autres doivent suivre après Mathéo, saisir les moindres minutes qui leur sont offertes pour se montrer, répondre présent et pousser les forces en présence. Nous avons vu Raphaël Neel-Heude marquer un but contre Nantes, Yann Pichon faire ses premières apparitions en pro ou Michal Baral marquer contre Paris, notamment. Ce sont des exemples qui montrent que la formation tient une place dans la politique globale du club, avec comme ligne directrice le goût du combat et un état d’esprit irréprochable. Je suis garant de ces valeurs-là et vigilant à ce que chaque joueur de chez nous les intègre. Nous travaillons main dans la main avec Sébastien et Yann et nous savons l’importance de la formation dans un club comme le nôtre.
Sur ta double fonction de directeur du centre et d’entraîneur de l’équipe, la notion d’éducateur prend presque le pas sur celle de coach ?
D’une certaine manière oui, même si ce sont deux rôles différents tout en étant proches. Pour mon groupe, et l’ensemble du centre de formation, y compris dans les catégories du dessous, il est primordial d’inculquer les valeurs d’éducation, de respect, de travail tout en insistant aussi sur l’identité du club à défendre, à comprendre. Je suis en lien permanent avec nos éléments scolarisés, avec des référents et un œil avisé sur les notes des uns et des autres. Un joueur dont les résultats scolaires chutent, c’est un joueur qui peut aussi douter. Ce sont des témoins qui passent parfois à l’orange, au rouge et le dialogue permet ensuite de trouver les bonnes solutions. Avant de former des joueurs, nous formons des hommes. Il est de notre devoir que les garçons, qu’ils trouvent ou non un club à l’issue de leur formation, aient un bagage, des perspectives. Le côté coach a aussi son lot d’éducatif mais plus focalisé sur le terrain et la formation du joueur, la performance.
Dans ta méthode et ton projet de jeu, essaies-tu d’être en osmose avec le jeu proposé par l’équipe première ?
L’identité forte du club est basée autour d’une grosse défense, de l’agressivité et de la volonté de se projeter vite dans les espaces. Après, la vérité, comme dans tout collectif, c’est que ce sont souvent les joueurs qui font le système plus que l’inverse. Il faut s’adapter aux spécificités des uns et des autres, dialoguer avec les joueurs pour parfois les faire évoluer vers un jeu plus adapté à la tactique mise en place. Chaque entraîneur le dira, c’est aussi de cette relation à son joueur que naît la possibilité de construire un projet de jeu, au-delà des inspirations et préférence d’un technicien.
Es-tu dérangé par la multiplication des agents dans le handball et ce, de plus en plus tôt autour de tes jeunes ?
C’est un vrai sujet et ça commence, c’est vrai, de plus en plus jeune même si avec un jeune engagé avec une convention, ils ne peuvent pas agir et portent plus un rôle de « conseil ». Si un club ne veut pas laisser partir un joueur lié par convention, il ne partira pas. Il est important de protéger notre formation, que les joueurs puissent grandir puis découvrir pour les meilleurs le très haut niveau dans leur club formateur si possible, au pire dans un autre club en France. Mais on le voit, les choses changent et aujourd’hui, les inter-pôles n’ont plus la même saveur, ressemblant à une sorte de marché où les gamins sont scrutés, approchés comme des marchandises. La France a la chance d’être attractive, des jeunes viennent de l’étranger pour finir leur formation ou débuter en pro et beaucoup de clubs sont costauds financièrement, plus sérieux et solides que dans beaucoup d’autres championnats. On constate une vraie ouverture au niveau européen dans les deux sens mais il n’y a pas de raison de paniquer si nous continuons de travailler et d’encadrer tout cela au mieux. Ensuite, quand l’argent intervient, on le sait, tout se complique mais cela est loin d’être uniquement propre au handball…