Depuis dix ans, il arpente le parquet de Colette Besson, passant de la N3 au haut de tableau de N1 aujourd’hui. Témoin privilégié de l’évolution du club et garant de son état d’esprit, Joffrey Sclear n’entend pas s’arrêter en si bon chemin et ne s’interdit aucune ambition, tout en gardant les pieds sur terre.
Si la modestie et le format du championnat vous ont privé de tout triomphalisme après cette première place de la phase 1, la fierté est-elle tout de même au rendez-vous ?
C’est vrai que ce classement ne restera pas dans les livres d’histoire et revêt d’un côté anecdotique mais pourtant, pour être franc, cette première place a du sens. C’est une fierté au regard du travail accompli et du chemin effectué, collectivement, surtout au regard de l’année précédente. L’effectif a changé mais nous n’étions pas attendus là, c’est clair, et ceux qui sont restés sur les deux années ont pu savourer le plaisir d’une saison pleine, avec des sourires et des victoires.
Comment expliques-tu un tel contraste entre ces deux saisons ?
Une saison, c’est l’addition de beaucoup de choses, ce n’est pas toujours simple pour qu’un groupe se trouve et performe. L’été dernier, les joueurs qui sont arrivés se sont parfaitement intégrés et la qualité d’un meneur comme Sébastien Cape a forcément tiré l’ensemble vers le haut. La montée des jeunes depuis le Rennes PA a, elle aussi, contribué à l’émulation du groupe. Les relations sont excellentes entre tous les joueurs et forcément, dans un match, cela compte dans les temps forts comme dans les temps faibles. Les victoires à Loon ou à Tours ont décomplexé le groupe et les matchs très aboutis contre Lorient ou Chartres à la maison ont démonté nos capacités. Après, il était hors de question de se fixer des limites.
Pas de limites non plus, au moment d’aborder la phase 2 puis les éventuels play-offs ?
Aujourd’hui, nous ne nous interdisons rien, pas même d’imaginer lutter pour monter. Si nous pouvons poser des « problèmes » à nos dirigeants en cas d’accession, ce serait quand même quelque chose. Ce qui est sûr, c’est que nous allons garder cette ambition de jouer chaque match à fond pour le gagner. Nous avons perdu Sébastien Cape pour la seconde phase mais l’arrivée d’Harvey Gauthier et le retour de Guillaume Eyango doivent nous permettre de rester compétitif. Nous ne sommes pas attendus, n’avons pas la pression des gros de la poule ayant annoncé la couleur. Alors pourquoi ne pas se faire plaisir jusqu’aux playoffs ?
Sur le plan personnel, comment juges-tu ta saison ?
Je suis déjà content de ne pas avoir connu de pépins physiques, au contraire de la saison précédente. Je peux enchaîner, c’est bien, mais après, je ne suis pas non plus entièrement satisfait. J’estime que je peux faire mieux sur pas mal de choses, j’ai des imperfections dans plusieurs domaines qu’il faut gommer, et j’ai l’envie de progresser encore.
Cela ne doit pas être simple avec ton emploi de professeur d’EPS en parallèle à ta carrière ?
C’est un choix dont je suis heureux, j’aime le fait de pouvoir allier les deux. J’ai deux jours et demi au collège par semaine. Ça passe vite, c’est très intense mais j’apprends beaucoup. Il n’y a finalement que le samedi où je me pose et repose un peu mais c’est un choix pleinement assumé qui m’épanouit complètement aujourd’hui.
Tu es un joueur fair-play, avec un très bon esprit qui ne fait pas de vagues. Essaies-tu de transmettre ces valeurs que tu portes sur les parquets à tes élèves ?
Cela va dans les deux sens. En tant que professeur, je me vois mal péter des plombs ou chauffer tout le monde sur un parquet et à l’inverse, le basket m’a donné beaucoup de choses pouvant se transposer dans mon métier. Hors de question de m’ériger en exemple, évidemment mais par contre, le respect des partenaires, de l’adversaire, de l’arbitre sont à mes yeux fondamentaux. Cela peut paraître bateau mais c’est tellement important et pas si simple, au final, à mettre dans la tête de nos jeunes qui construisent leur personnalité aussi au travers de ce qu’ils voient, dans le sport mais aussi ailleurs. Le respect est un enjeu, les règles indispensables à la vie de groupe et il est primordial de ne pas y déroger. Le sport est une école de vie qui peut offrir cela et qui amène aussi l’apprentissage de la gestion de ses émotions. Là aussi, c’est au haut niveau de montrer l’exemple.
Tu es passionné de sport, fan du Stade Rennais et prof d’EPS. Trouves-tu dans les autres sports des ingrédients à apporter à ton basket ?
Bien sûr. Dès que j’en ai l’occasion, je vais voir d’autres sports, comme le foot, le hand à Cesson ou à Saint-Grégoire, ou le rugby. Il y a toujours beaucoup de choses à observer et à prendre. La gestion des temps chauds au hand, la pression inhérente au foot et la gestion émotionnelle allant avec ou encore l’intensité physique des échauffements au rugby. Je me souviens d’être allé voir le REC cette saison et d’être resté scotché devant leur avant-match, disputé à très haute intensité, comme le match lui-même ou presque… C’était assez impressionnant et j’imagine que cela conditionne à être déjà totalement dans le combat avant même le coup d’envoi. C’est forcément enrichissant de transposer ensuite toutes ces choses-là, dans la mesure du possible, dans son sport.
Pour revenir au terrain, le plus dur ne va-t-il pas être désormais, de confirmer, quelle que soit l’issue de la saison ?
C’est toujours le cas au haut niveau. Nous sommes toujours appelés à nous remettre en question, à faire mieux et à repartir d’une feuille blanche chaque saison. Avec ce que nous avons montré cette saison, l’ambition sera de faire aussi bien, et de stabiliser le club en haut de N1 si nous ne montons pas. Ce serait déjà une énorme performance, quand on se remet aussi en tête que le club n’avait jamais enchaîné trois saisons de rang à ce niveau-là.
Un dernier mot famille, avec l’arrivée cette saison dans le groupe de ton cousin Adrien. Quel regard portes-tu sur ses performances et quelle est votre relation ?
Je suis son premier supporter et je suis vraiment super content pour lui, de ce qu’il vit avec nous ainsi que de sa progression. Franchement, il progresse bien, apprend beaucoup et est à l’écoute. Il a compris ce qui est nécessaire pour franchir les étapes une à une et je lui souhaite de viser le plus haut possible. Il va exploser très bientôt, j’en suis sûr, il possède de très grosses qualités. S’il va me dépasser ? Sincèrement je lui souhaite et surtout, qu’il s’éclate et ne se pose aucune limite.