Après son match nul indigent en terre bourguignonne et avant la trêve internationale, le Stade Rennais se rendait dans la capitale pour, lui aussi, rêver plus grand. Ou rêver encore, tout simplement, à un avenir européen n’ayant jamais été aussi incertain. Un déplacement difficile sur le papier pour tenter de reprendre la cinquième place, chipée la veille par des Lillois en grande forme, au contraire du SRFC sur courant alternatif. Avec un premier 0-0 sous l’ère Bruno Genesio, et les critiques parfois excessives allant avec, une réponse était attendue de la part des Bretons. Elle est propre et nette !
Pas épargné par les blessures ces derniers mois mais avec le retour d’Hamari Traoré et celui à venir de Xeka, le Stade Rennais se pensait enfin débarrassé par les pépins physiques. Mais après seulement trente secondes de jeu, Adrien Truffert est contraint de céder sa place à Birger Meling. Le ralenti ne laisse guère de doute, la torsion de la cheville est bien visible, et le retour en béquilles, quelques minutes plus tard, du latéral gauche breton confirme ce nouveau coup dur côté SRFC. L’entraîneur rennais l’a déclaré cette semaine, il n’est pas venu à Paris pour « mettre le bus ». Aucun intérêt, face à un onze de « tanks », n’ayant guère envie de courir, à l’exception de Kylian Mbappé. Les Bretons sont hauts, organisés, et posent des problèmes aux Parisiens dans le premier quart d’heure, mais Karl Toko Ekambi, aussi entreprenant qu’imprécis, ne convertit pas deux situations intéressantes. Une fois la mise en route passée, les hommes de Christophe Galtier réagissent, par quelques initiatives individuelles. Dans le jeu collectif, c’est le néant mais la qualité de certains entraîne quelques sueurs froides. La première alerte est signée Lionel Messi, bien repris par Warmed Omari. Le Stade Rennais le sait, avec une ligne défensive au niveau de la médiane, il s’expose aux ballons dans le dos et forcément à la vitesse de Kylian Mbappé. C’est le début du show Steve Mandanda. Le portier s’interpose deux fois, coup sur coup, seul face à l’international tricolore et permet aux siens de rester dans le match. Grand bien lui prend puisque juste avant la mi-temps, Benjamin Bourigeaud, au four et au moulin dans l’axe du terrain, envoie une passe laser dans le dos de la défense parisienne. Karl Toko Ekambi, encore lui, contrôle dans la course et enchaîne une frappe croisée sur laquelle Gianluigi Donnarumma est impuissant. Bien en place et uniquement contrarié sur des ballons dans le dos, Rennes mène à la pause (0-1).
Après une fin de première période parfaite, l’entame de seconde est au diapason. Nouveau travail monstrueux de Benjamin Bourigeaud au milieu, le capitaine rennais lance Lesley Ugochuwku dans la profondeur, qui s’en va servir Arnaud Kalimuendo sur un plateau pour le but du break. Celui qui fut vendu au profit d’Ekitiké l »été dernier prend une savoureuse revanche qu’il ne célèbre même pas, le plaisir de ce 0-2 suffisant à sa joie. Paris est sous l’eau et s’il y a bien une réaction du club de la capitale dans la foulée, elle est bien trop dépendante des fulgurances de Kylian Mbappé, souvent lancé au « casse-pipe » jusqu’à la porte d’Auteuil… En mode Forrest Gump, il ne peut sauver à lui seule une patrie définitivement défaillante et pathétique ce dimanche. Par la suite, Rennes a de nombreuses grosses occasions de clôturer définitivement le suspense à plusieurs reprises dans ce deuxième acte, mais pêche dans la finition, peut-être dû, en partie, à la débauche d’énergie entreprise jusque-là. Derrière, Steve Mandanda est dans un grand jour et repousse les assauts adverses. A la 84e, sur le premier tir de la décennie vers le but de Marco Verratti, sa sublime horizontale est sans aucun doute le tournant de cette fin de match. Le SRFC s’est fait la spécialité d’être l’une, si ce n’est la bête noire du Paris Saint-Germain version QSI, et rentre du Parc des Princes avec une nouvelle victoire face au leader et un 2/2 cette saison sans le moindre but encaissé.
Cette victoire, ô combien précieuse avant la trêve, relance le Stade Rennais, surtout avec les victoires lilloise et monégasque. Le Stade Rennais reprend sa cinquième place et rappelle par la même occasion, que s’il traverse bien une mauvaise passe, le potentiel et la qualité ne se sont pas envolés du jour au lendemain. A ceux qui invitaient à virer le coach, imaginant que tout balancer pour un trimestre de difficultés était gage d’intelligence, la réponse est là. Pour autant, le plus dur commence et confirmer reste le plus dur en 2023 pour le SRFC, à dix journées de la fin. Avec une confirmation attendue contre Lens début avril, pour continuer la tournée du Top 5, les « Rouge et Noir » n’ont plus de temps, ni de points à perdre.