Aujourd’hui au Japon où il termine son contrat fin mars avant de rentrer près de ses proches à Saint-Raphaël, pour un dernier tour de piste en D1 ou D2, Igor Anic, ancien capitaine du CRMHB passé aussi par Nantes, livre son avis sur le derby et son environnement.
Deux salles deux ambiances
Passé par Cesson à l’époque du Palais des Sports entre 2012 et 2014 puis de 2019 à 2021 dans la Glaz Arena, le pivot polyglotte, capitaine lors de son dernier passage en Ille-et-Vilaine, a aussi connu Beaulieu et le HBC en 2014. Peu de temps, certes, mais suffisamment pour être marqué par l’impressionnante communauté violette : «Avec Cesson, quand on prenait le bus pour partir, on se mettait de suite en tête que l’on va rentrer dans une arène bouillante, hostile dans le bon sens du terme. On le sait, jouer à Nantes devant la plus belle ambiance de France, c’est chaud, difficile. Personnellement, ce sont les matchs que je préfère jouer, quand le public est contre soi et que l’on arrive à exister, à répondre sur le terrain. C’est quelque chose qui m’a toujours transcendé, notamment à Nantes. » A domicile, Igor Anic garde des souvenirs différents, forcément, mais pas moins forts : « Au Palais des Sports, ce n’était pas simple non plus pour eux ! Ils étaient un peu au-dessus de nous mais nous ne voulions pas leur laisser le moindre centimètre et notre public poussait en cela. A la Glaz, je n’ai connu qu’un derby mais je sais que l’ambiance ne cesse de grimper et de prendre de l’intensité. Celui qui arrive le 16 mars risque d’être très chaud et celui de l’an passé était, de ce que les garçons avec qui je suis toujours en contact m’en ont dit, exceptionnel ! »
La pression… sur le H !
Si le CRMHB est en quête de points pour se rassurer et prendre des distances définitives sur le bas de tableau, le HBC Nantes court lui, comme chaque année, aux trousses du PSG et de Montpellier pour disputer l’an prochain la plus belle des compétitions, la Champion’s League. Jouer à Cesson est ainsi, pour le H, une date cochée parmi tant d’autres pour prendre deux points plus que pour disputer une suprématie régionale : « Il faut être clair, la pression sera sur Nantes, pas sur Cesson. A mon époque déjà, le H était un peu devant, avec déjà plus d’argent aussi. Là-bas, le discours, ce n’est pas de battre Cesson parce que c’est un derby mais parce que tout faux-pas est interdit pour ne pas perdre de terrain sur Paris ou Montpellier. »
Un propos corroboré par l’énorme soufflante prise par les joueurs nantais l’an passé lors de la défaite inaugurale de la saison à la Glaz, comme confirmé par plusieurs joueurs de l’époque. Côté cessonnais, l’importance comptable sera aussi là, mais pas que : « Si Cesson perd, personne n’en voudra aux joueurs ou au staff, ce serait la logique sportive. Mais je connais le club, plusieurs joueurs avec qui j’ai joué et ils vont vouloir mettre le feu à la Glaz, renverser la table et taper fort, sur chaque duel. S’ils gagnent, c’est déjà une énorme perf, un exploit mais cela peut aussi impulser une dynamique, avec beaucoup de confiance accumulée. Je sais qu’avec Sylvain pour trouver les mots et Romaric pour mobiliser son monde en défense, Nantes va souffrir et ne se baladera sûrement pas ! »
Le cœur breton
Cesson et Nantes, ce sont aussi deux clubs aux évolutions différentes, aux moyens opposés mais à l’attachement au territoire et à la formation affirmé et prouvé à maintes fois. Igor Anic le confirme : « Les deux clubs, même s’ils n’ont évidemment pas les mêmes moyens financiers ni le même développement, attachent de l’importance à leur histoire, aux jeunes et à leur public. Ils sont aussi restés familiaux malgré une structuration de haut niveau à Nantes et de plus en plus pointue à Cesson. Aujourd’hui, les moyens financiers et l’expérience européenne constituent la grosse différence entre deux clubs qui restent humains. Ils ont aussi en commun d’avoir deux jeunes entraîneurs, tous deux passés par la formation et les jeunes, qui prouvent leurs belles qualités au plus haut niveau et prouvent qu’avoir été un grand joueur ne suffit pas à faire de vous un grand entraîneur, et inversement. » Et au jeu des pronos et préférence, Monsieur Anic, une idée ? « Je ne suis pas branché prono, mais je vois un match très serré, à un ou deux buts d’écart. Cesson ne va rien lâcher, c’est certain et j’avoue que j’ai toujours un penchant pour le « petit » dans les matchs. De plus, j’ai encore des copains sur le terrain côté CRMHB alors une victoire des Irréductibles ne serait pas pour me déplaire.» Puissent les dieux du hand écouter l’ancien capitaine !