Extrait JRS – Rugby – REC : Clément Vaidy : “Nous sommes montés en gamme dans tous les services que nous proposons”

À tout juste 22 ans, Clément Vaidy occupe un poste encore méconnu du grand public, celui de Stadium Manager. Chargé de gérer l’enceinte du Vélodrome les jours de match du REC Rugby, le rennais pure souche nous décrypte les spécificités d’un métier pas comme les autres.

Comment es-tu devenu Stadium Manager ?
Après un passage du côté de Toulouse pour mes études, je suis revenu à Rennes il y a deux ans pour le projet campus 2023. C’est un programme qui permet à 2023 apprentis de se former aux métiers du sport en profitant de l’organisation de la prochaine coupe du monde de rugby en France. L’objectif est aussi de professionnaliser les clubs amateurs et semi-professionnels. J’ai l’avantage de venir du rugby et d’en faire depuis mes 10 ans. Après la saison incroyable du REC l’année dernière, il y avait ce besoin. Il y a aussi eu un magnifique engouement pendant les phases finales et c’est dans ces conditions que Jorge Gonzalez m’a demandé de devenir Stadium Manager. Avant ça, c’était lui et le vice-président qui géraient cette partie-là, et avec la double montée, l’idée était pour eux de pouvoir se libérer du temps.

Comment se passent les premiers mois ?
C’est forcément un peu particulier puisque le poste n’existait pas avant au club et qu’il a, en quelque sorte, été créé pour moi. De ce fait, j’ai tout de suite été dans le rush (rires). Néanmoins, j’ai été bien préparé par Gonzo et Pierre-Yves Marion. J’ai officiellement commencé en septembre dernier, mais j’étais déjà sur le pont au mois de juin pour prendre un maximum d’informations, afin d’être opérationnel pour la reprise du championnat. L’avantage que j’ai, c’est que le poste se construit petit à petit et je n’ai pas eu besoin d’apprendre tout d’un coup. Au fur et à mesure, je vois les perspectives de développement, notamment en prenant des idées à droite et à gauche. Même si je suis limité par le budget, j’ai une liberté intéressante et je peux mettre en place pas mal de choses. C’est encore le tout début du poste et il y a déjà une belle évolution au niveau de l’affluence, nous sommes passés de 500 spectateurs la saison dernière à 1.500 cette année. Plus globalement, nous sommes montés en gamme dans tous les services que nous proposons.

Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton travail ?
Le jour J, c’est le rush, de 9 heures à minuit, et tu commences déjà à prévoir pour le match suivant, deux semaines plus tard. Il y a toujours des imprévus et il faut anticiper pour ne pas être pris de court. Je gère toutes les réservations, celles de billets, de la buvette, des médias, des officiels, des accès ou encore des accréditations. Les jours de match, je m’occupe aussi de toute la mise en place. Je branche tous les TPE pour les paiements en carte bancaire, les machines à café et à glaçons, les talkie-walkie, et je mets en route les panneaux LED. Je dois aussi accueillir les médias, généralement six heures avant le match. Après, je m’occupe de la mise en place du foyer avec le traiteur, que ce soit pour la collation des joueurs, les repas bénévoles ou les repas pour les dirigeants et officiels. Enfin, il y a la réception des partenaires une heure avant la rencontre, à la mi-temps et à la fin du match. Ça été tout un combat pour récupérer le gymnase à côté du Vélodrome et avoir un vrai espace d’accueil, mais c’est évidemment beaucoup mieux que la tente de l’année dernière.

As-tu repéré des choses à améliorer ?
Nous avons un vrai axe d’amélioration pour gérer les entrées au Vélodrome. Nous n’avons pas encore d’application pour les billets à l’entrée et nous devons faire avec des billets papier. Pour gérer cela, nous devons mettre dix bénévoles aux portes, alors qu’avec une application et une scannette, nous pourrions réduire considérablement le nombre de personnes à l’entrée du stade. Les bénévoles sont précieux et nous sommes passées de cinq ou six l’année dernière à trente aujourd’hui. Tout cela me permettrait de les placer à d’autres endroits dans le stade et de développer d’autres services.

Tu as parfois dû voir des choses étonnantes. Y-a-t-il une anecdote qui t’as particulièrement marqué ?
Il y a toujours des imprévus, mais celui qui m’a causé le plus de soucis, c’est le jour où le portail automatique du stade est tombé en panne. Tu ne peux pas faire rentrer les cars et ça encombre évidemment la route, qui plus est un jour de match. Le temps que tu perds là-dessus est aussi du temps de perdu pour le reste des missions de la journée. J’ai une autre histoire qui est assez originale. Nous avons constaté que certains dimanches de match, sans doute dû au fait qu’il n’y a pas beaucoup de restaurants ouverts dans le coin, il y a des gens qui viennent juste acheter des galettes-saucisses en payant d’abord le prix de la place et repartent sans regarder le match. Une galette-saucisse à plus de dix euros en somme (rires).

Nous avons remarqué l’arrivée d’un kop avec de jeunes supporters en tribune. Etait-ce une demande des joueurs ou du staff ?
Non pas particulièrement, c’était avant tout un souhait de ma part, car je voulais qu’il y ait plus de bruit. En discutant avec des gens, j’ai appris que l’école de commerce de Rouen faisait régulièrement ce genre de choses avec les clubs de la ville. Mon colocataire, qui est passé par cette école en Normandie, m’a dit qu’il y avait aussi un groupe de supporters à Rennes et qu’il cherchait à s’entraîner pour un challenge de fin d’année. Nous n’avons pas tardé à mettre ça en place. Même si certains ne comprennent pas trop encore leur présence, les joueurs et le staff sont contents. Pour le moment, leur présence ne suscite pas de réactions négatives mais plutôt de l’incompréhension.

Y-a-t-il des consignes particulières pour les chants, afin d’harmoniser ambiance et scénario du match ?
C’est le premier truc sur lequel nous avons insisté. Il y a certaines phases de jeu qui demandent du silence et nous avons appuyé là-dessus. Je suis en contact avec les capos, et venant tous les trois du rugby, ils ont tout de suite compris nos demandes. Cependant, il faut parfois les freiner un peu. Par exemple, face à Tarbes, nous sommes battus et le kop continuait de chanter. Là, ça ne collait pas à l’ambiance de la fin de match et à la déception. Malgré tout, c’est agréable d’entendre cette ambiance au Vélodrome. Nous allons travailler pour bonifier tout cela avec le temps.