Débarquée en Bretagne il y a un an et demi, Charlotte Satgé s’est vite imposée comme une joueuse majeure du collectif grégorien. Promue capitaine suite à la blessure de Manon Sol, la Martégale à l’accent chantant revient sur sa nouvelle vie, loin des cigales, et sur les leviers à activer pour aller décrocher le maintien.
Tu es arrivée à Saint-Grégoire à l’été 2021. Comment se passe ton adaptation à la Bretagne ?
Pour le moment, tout va très bien. J’avais de l’appréhension car c’était la première fois que je quittais le sud. C’est toujours difficile de partir loin de sa famille et de ses amis. Même sportivement, je suis toujours restée longtemps dans mes clubs précédents et ça n’a pas été facile de changer de cocon sportif. J’ai eu la chance d’être très bien accueillie par le club, les joueuses et le staff. Certes, le soleil me manque, mais on finit par s’habituer. Je fais ma cure de soleil quand je rentre « à la maison » et l’été ici, car il y en a quand même. Et puis, ça me permet de chambrer mes coéquipières et mes amis bretons (rires).
Après un maintien validé relativement tôt la saison passée, la lutte s’annonce peut-être encore plus serrée cette saison. Comment cela se gère-t-il au quotidien ?
C’est quelque chose de très énergivore et ça représente beaucoup de pression. Quand tu enchaînes les défaites, tu remets pas mal de choses en question et ça te fatigue mentalement. Nous avons déjà connu ça l’année dernière, et pour certaines joueuses, il y a deux ans. Il est essentiel d’être capables de se détacher des années précédentes et de rester focalisées sur celle en cours. Même si l’objectif reste identique, les saisons ne se ressemblent jamais et chaque match à son histoire. Nous avons aussi la chance d’avoir un groupe extrêmement soudé, c’est primordial au quotidien, et ça nous évite d’exploser en route.
« Pourquoi je fais tout ça ? »
Quels sont les ressorts pour aller chercher ce maintien ?
Le plus important, c’est de rester solidaires, quoiqu’il arrive. La saison est encore longue, nous avons eu beaucoup de blessées, et pourtant, nous avons réussi de belles performances. La victoire face à Sambre nous a fait beaucoup de bien. Je pense même que c’est un déclic pour la suite de la saison. Nous avons prouvé que, malgré notre classement actuel et un effectif diminué, nous pouvions battre des équipes de haut de tableau. Ça nous rappelle que c’est possible et qu’il ne faut jamais rien lâcher. Nous devons partir au combat à chaque rencontre et jouer chaque seconde, chaque minute à fond.
Au-delà du travail et des répétitions à l’entraînement, l’importance du mental est-elle primordiale dans un contexte de lutte pour le maintien ?
Quand les défaites s’enchaînent, on se demande parfois où sont passées les bonnes émotions. Pourquoi je fais tout ça ? Et les victoires viennent nous rappeler les raisons de tous ces sacrifices au quotidien. C’est pour ce genre de moments, face à Sambre, que nous faisons tout ça. Quand ça va moins bien, il est indispensable d’avoir le soutien de l’équipe et de pouvoir s’appuyer sur les autres filles. Nous avons aussi eu pas mal de blessées ces derniers temps. Ça engendre des réorganisations aux entrainements, moins de rotations pendant les matches. C’est là que nous voyons la force de l’équipe pour se serrer les coudes. C’est aussi dans ces périodes que certaines joueuses se mettent en évidence.
« Je suis une sorte de confidente quand il y a des choses qui ne vont pas »
En tant que capitaine de cette équipe, tu as forcément un statut particulier. Prends-tu régulièrement la parole dans le vestiaire ?
Oui, ça fait partie de mon rôle. Avant chaque match, quand nous sommes tous ensemble, j’ai l’habitude de faire un discours pour motiver les troupes. Cependant, mon comportement au quotidien n’a pas fondamentalement changé. Je dirais que je suis plus dans l’écoute et la discussion, et que je suis un relai entre le staff et les joueuses. Je dois montrer l’exemple en étant irréprochable sur le terrain, être prête à partir au combat. Je dois emmener les filles avec moi.
Quels liens entretiennent une capitaine et son entraîneur ?
Je suis surtout dans la communication avec Olivier Mantès, mais je ne suis pas la seule à le faire. Il y a d’autres filles qui jouent aussi ce rôle-là. Je dirais qu’en tant que capitaine, c’est plutôt vers moi que les joueuses vont venir pour transmettre des messages, que ça soit à l’entraîneur ou au staff en général. Je suis une sorte de confidente s’il y a des choses qui ne vont pas. J’accorde énormément d’importance au dialogue, c’est pour moi fondamental dans la vie d’un groupe.
En parlant des autres joueuses, y a-t-il, comme dans d’autres sports, un noyau dur pour les décisions importantes ?
Pas vraiment, cela dépend surtout des caractères et des personnalités de chacune. Certaines vont être des leaders sur le terrain et d’autres à l’extérieur. Pour ma part, je communique beaucoup avec Juliette Guerrier. Anaëlle Fontaine est une vraie bout-en-train en dehors du terrain et transmet sa bonne humeur. Eden Dumoulin passe parfois des coups de gueule pour remettre tout le monde en place. Laurine Chesneau a, pour sa part, plus le profil d’une meneuse de groupe, en ayant connu l’échelon au-dessus.
Lors de plusieurs matches, vous étiez proches de ramener un résultat. Comment expliques-tu le fait que vous n’ayez pas réussi à basculer du bon côté ?
Ça été l’objet de plusieurs de nos rassemblements. Nous avons tenu pas mal de matches, pour, au final, craquer dans les dernières minutes, et c’est rageant. Ça n’excuse pas tout mais il ne faut pas oublier que nous avons un groupe assez jeune. Nous craignions tellement de perdre que nous nous focalisions sur le temps qu’il restait, les buts d’avance que nous avions plutôt que de continuer à jouer. Dans notre situation, avec l’obligation de prendre des points, l’enjeu a parfois pris le pas sur le jeu. Il faut apprendre à ne pas se mettre une pression inutile en fin de match et continuer à jouer comme nous savons le faire.