« Plus une série se prolonge, plus elle se rapproche de sa fin ». C’est implacable et voila la série de victoires au Roazhon Park qui prend fin, presqu’au pire moment, face à un concurrent direct à l’Europe. Toujours en difficultés loin de ses bases, Rennes se sait fort dans son jardin, intenable. Et tout commence comme face à Strasbourg trois jours plus tôt, idéalement. Sur une erreur du jeune défenseur lillois Yoro, Amine Gouiri ouvre le score au bout de 27 secondes et fait déjà chavirer le Roazhon Park, pour ce qui est le second but le plus rapide du club après celui de Romain Danzé face à Bordeaux. Une entame parfaite, comme souvent à domicile, laissant présager une belle soirée. D’autant plus que les Rennais ne s’arrêtent pas là et continuent de pousser. Lors de 20 minutes convaincantes, Amine Gouiri, toujours lui, trouve le gant de Lucas Chevalier, très efficace au sol, Karl Toko-Ekambi échoue sur une belle opportunité et Djed Spence, pour sa première au Roazhon Park, se met lui aussi en évidence en trouvant le petit filet extérieur du portier lillois sur un énorme missile juste à côté, en position idéale à la conclusion d’un délice d’action collective. Un match intéressant du latéral droit anglais pour sa première en « Rouge et Noir ». Sans être forcément brillant et en laissant le ballon à son adversaire, le SRFC tient son rang et se montre dangereux sur ses quelques accélérations. En face, le LOSC est dans la lignée de ses matchs précédent les occasions en moins, ou presque, en dehors d’un sauvetage de Rodon sur la ligne et d’une occasion de Jonathan David, suite à une perte de balle de Flavien Tait, passant juste devant le poteau. À la pause, Rennes est devant mais peut regretter de ne pas avoir fait le break (1-0) quand il en a eu l’occasion. Mais cela aurait-il suffit ? Pas sûr du tout…
Car la seconde période va être une longue souffrance pour les Bretons, totalement dominés, privés de ballon et bien contraints d’admirer la qualité collective lilloise, emmenée par André Gomes, auteur d’une dinguerie de match techniquement. La première alerte de la seconde période voit Jonathan David égaliser mais le but est refusé pour une position de hors-jeu. Avertissement, sans réaction. Lille monopolise toujours le ballon et accentue sa domination. Sur une récupération haute et suite à une magnifique déviation d’Angel Gomes du talon, Edon Zhegrova, affaire en or à « MPG », se retrouve seul à l’opposé face à Steve Mandanda et ouvre parfaitement son pied gauche pour remettre les deux équipes à égalité. Totalement logique, tant Lucas Chevalier n’a quasiment rien à faire, si ce n’est une belle intervention face à Amine Gouiri, parfaitement servi par Benjamin Bourigeaud. Les Nordistes régalent et le Stade Rennais ne voit pas le ballon. Le trio Gomes-André-Gomes, ça ne s’invente pas, domine l’entrejeu et empêche les sorties de balle rennaise. Les changements de Fonseca amènent vélocité et maîtrise, avec Weah et Cabella et logiquement, le couperet tombe à cinq minutes du terme de la rencontre quand Baptiste Santamaria perd un ballon dans sa moitié de terrain. Eden Zhegrova, intenable, sert Rémy Cabella au centre qui fusille le portier breton, impuissant. Dur mais largement mérité au vu de la seconde période lilloise. Avec l’énergie du désespoir mais trop de limites et d’absences, le Stade Rennais tente bien de revenir dans les ultimes minutes mais c’est trop insuffisant pour arracher l’égalisation. Sur l’ultime action du match, André Gomes fixe Joe Rodon et décroise sa frappe à ras de terre pour définitivement clore le spectacle (1-3).
« Nous sommes tombés face à une meilleure équipe que nous », le constat est signé Bruno Genesio en zone mixte et il résume fidèlement l’opposition du soir. Le Stade Rennais, fidèle à son visage 2023, n’est plus intraitable à la maison et doit maintenant trouver des solutions pour rattraper ces précieux points à l’extérieur. A la mi-temps, les Bretons comptaient huit points d’avance sur leurs adversaires du soir. Au coup de sifflet final, deux… Gagnant, perdant, gagnant, Rennes en mode yoyo connaît une période instable à l’aube d’une deuxième partie de saison où il faudra des certitudes. Début de réponse dimanche prochain face à Toulouse face à un adversaire n’ayant rien à perdre. Au-delà encore du résultat, les attitudes seront scrutées de près !