Il est déjà compliqué de gagner des matchs en Ligue 1, contrairement aux idées reçues, encore plus en ne jouant vraiment qu’une mi-temps. Vendredi soir, dans le derby breton, les « Rouge et Noir » l’ont prouvé en affichant deux visages radicalement opposés. L’un très inquiétant amenant certains supporters à déjà, à 18 journées de la fin quand même, pronostiquer une issue pessimiste, l’autre plus encourageant et rassurant, avec des fondamentaux toujours là, à condition de placer les bonnes pièces aux bons endroits.
De cette rencontre au Moustoir on retiendra évidemment que le 3-4-3 ou 3-5-2, c’est selon, de Bruno Genesio, est probablement mort et enterré, même si le coach, si inspiré face à Paris, s’en défend. Transpercés au cœur du système à de maintes reprises en première période, faisant passer ce 2-0 pour un bon score au repos, Hamari Traoré et ses partenaires ne s’y retrouvent pas. Contre une équipe au rythme de sénateur comme le PSG, cela peut passer mais face à un pressing et à des transitions rapides comme celles de l’OM ou de Lorient, c’est à oublier ! Sans un grand Steve Mandanda, l’affaire aurait pu tourner à la gifle. Au milieu du terrain, le pauvre Lesley Ugochukwu, pris dans la nasse, n’offrait aucune projection ou conservation. Lovro Majer, en mode relayeur récupérateur organisateur était totalement perdu, loin du but adverse. La zone où, justement, le croate excelle et doit être… Désiré Doué dans le pêcher d’individualisme, malgré une action XXL d’entrée de jeu, manquait tout ou presque de ce qu’il entrepris tandis qu’ Adrien Truffert et Christopher Wooh se retrouvaient parfois avant-centre. Pendant ce temps-là, Amine Gouiri enchaînant les fractionnés sans le moindre ballon potable. Stop, arrêtez tout…
Heureusement, Bruno Genesio possède en lui la lucidité qu’offre l’expérience. Pas dupe, conscient que le troisième but est souvent capital dans un match, il tranche. On repasse à 4 derrière, avec la charnière Rodon-Theate, et surtout, à un double pivot au milieu entre Baptiste Santamaria, très intéressant notamment dans son jeu long chirurgical et Flavien Tait, si précieux dans les petits espaces et les relais. L’équilibre revient, non sans un troisième but lorientais refusé à juste titre pour hors-jeu et un attaque défense d’une mi-temps opère. Hélas, à ce petit jeu, les entrants Jérémy Doku-Kamaldeen Sulemana ne sont pas au diapason de leurs deux collègues de l’axe et s’obstinent tête à baisser à vouloir faire des différences, qu’ils ne font plus ou inutilement, dans une percussion qui gagnerait à opérer une fois lancés et non sur des démarrages d’appuis… Résultat, une domination trop stérile, l’absence de solutions dans le jeu aérien, malgré la tête toute proche d’offrir le match nul par Amine Gouiri (89′) et un sentiment d’impuissance mêlé à une emprise pourtant incontestable. Le seul but viendra d’une nouvelle combinaison du duo inoxydable Bourigeaud-Traoré avec un centre en retrait repris en taclant par Flavien Tait. Insuffisant, cependant, pour éviter un troisième revers successif à l’extérieur…
Rennes lâche des points, comme Lens à Troyes, ainsi que Monaco et Marseille, qui s’affrontaient. Pas de quoi déclarer le feu à la maison, mais en revanche, inciter à rester humble, dans un haut de tableau très relevé cette saison, où rien ne sera simple. Non, Rennes n’est pas programmé pour écraser tous ses adversaires, hors top 5, la marge étant infime, et pas que pour le SRFC… Les « Rouge et Noir » sont attendus, partout, et à l’évidence, la prestation lorientaise n’a sans doute pas été assez saluée, tant dans la capacité de transition que dans celle à quadriller et bloquer la domination rennaise en seconde période. Non, Rennes ne marquera plus 5 buts par match, surtout avec son atout numéro 1 sur le flanc pour de longs mois. La défense à trois n’a pas non plus un avenir dingue devant elle mais ne doit pas être l’objet de tous les maux. Qu’on se le dise, ce n’est pas le système qui fait l’équipe mais les joueurs qui font le système.
Fort de nombreux enseignements, Bruno Genesio charbonne déjà dur sur une réponse, par le terrain, la semaine prochaine avec une double réception passionnante, d’abord face au Strasbourg de l’enfant du pays, Mathieu Le Scornet puis face à un concurrent direct à l’Europe de plus en plus menaçant, Lille. Les conclusions éphémères, que ce soit pour le podium ou pour une chute improbable, peuvent courir, le Roazhon Park est déjà prêt à vibrer à double dose la semaine prochaine…