Cette fois-ci, l’ascenseur émotionnel qu’aiment emprunter les joueurs de Bruno Genesio cette saison a pris le bon sens, montant vers l’explosion de joie et le « si tu gagnes j’oublie tout », comme face à Brest en Ligue 1, avec le même détonateur, Désiré Doué mais à l’inverse du scénario cauchemar vécu contre Fenerbahçe, avec l’égalisation dans les arrêts de jeu. Pour autant, une fois l’ivresse d’un second succès en trois matchs consommés, la lucidité sur la prestation du jour impose quelques nuances.
Habitué à emballer ses matchs à domicile, le onze de Bruno Genesio, organisé en 4-3-3 ne parvient pas initialement à mettre la pression sur les visiteurs. La domination est certes rennaise mais plutôt bien endiguée par les joueurs Lucescu. Sans mettre un rythme de folie, les Bretons empilent néanmoins les occasions : Gouiri allume la première mèche sur un ballon donné en retrait par Assignon mais ne peut convertir de près. Au même endroit ou presque, un bon mouvement Bourigeaud-Gouri-Majer offre à Lovro Majer une grosse occasion mais sa frappe est trop enlevée. Benjamin Bourigeaud puis Martin Terrier s’essaient à leur tour, sans succès avant que le buteur maison ne rate pas sa seconde occasion parfaitement décalé dans la surface pour ajuster le gardien et trouver la lucarne (23′) ! Rennes est devant, logiquement, mais ne se libère pas, laissant ensuite le contrôle du jeu aux Ukrainiens.
Ceux-ci, pas maladroits avec le ballon, vont en faire bon usage et égaliser sur leur première action construite. Shepelev se débarrasse de Lorenz Assignon et trouve au centre Dubinchak, qui d’une belle talonnade, décale Tsygankov, qui, en deux temps, après un exploit de Steve Mandanda, égalise en force sous la barre (32′). Sans avoir été menacé, et faute d’avoir enfoncé le clou, le Stade Rennais est rejoint et contraint de tout recommencer au moment de rentrer aux vesitaires !
Après le repos, les « Rouge et Noir » souffrent toujours d’un certain manque d’intensité. Le Dynamo, solide en défense, est bien regroupé et la précision technique fait défaut aux Rennais, en manque de créativité au milieu. Flavien Tait s’affairant à fluidifier les liaisons et Lesley Ugochukwu a ratisser un maximum de ballon, c’est à Lovro Majer que revient la tenue du jeu mais le milieu de terrain croate est dans un jour sans. Il est logiquement remplacé par Désiré Doué, tandis qu’Arnaud Kalimunedo remplace lui Amine Gouiri, passeur décisif. Cette dernière demi-heure n’a aucun intérêt pour Steve Mandanda, qui peut sortir la chaise longue pendant que ses coéquipiers offre un attaque-défense interminable, sans réelle occasion de passer devant. On le sent, il faudra un exploit ou une boulette pour permettre aux Rennais de gagner un match qu’ils n’ont alors pas le droit de perdre en contre. Et les deux combinés vont permettre aux 24000 personnes présentes de respirer enfin ! Sur un pressing sur le sympathique Popov, Désiré Doué récupère le ballon près de la ligne de touche puis s’engouffre dans la surface. La classe technique et le sang froid du joueur, beaucoup trop individualiste jusque-là dans son entrée, avec de nombreux ballons perdus suite à des grigris inutiles, font la différence et c’est tout un stade qui chavire, nettoyant d’un trait un agacement légitime face à l’aisance de garçon (89′, 2-1).
La coupe d’Europe, c’est aussi cela, des matchs parfois long, stressant, où tout un loin d’être parfait mais où rien n’est jamais joué. Avec cette victoire, Rennes écarte définitivement ou presque Kiev de la course à la qualification et reste en tête à égalité avec Fenerbahçe. Idéal pour préparer un derby s’annonçant bouillant dimanche à 17 heures au Roazhon Park face au voisin nantais, battu à Fribourg, et poursuivre une série s’étalant désormais à 8 matchs sans défaite.