Extrait JRS : Rugby – National : Pedro Soto, un Millonario pour assurer les arrières du REC Rugby

Arrivé en France il y a deux ans depuis Buenos Aires, Pedro Soto a posé cet été son baluchon à Rennes après deux ans passés à Barcelone puis à Limoges. Passionné de foot et afficionado de River Plate, Pedro Soto est aussi international… lituanien ! Comment ? Pourquoi ? On vous dit tout !

Dans la vie, il n’y a qu’une seule chance de faire une bonne première impression. Pedro Soto, 27 ans, ne l’avait pas loupée sans pour autant présager de la suite des événements qui allaient se présenter à lui… Nous sommes le 20 novembre 2021 et le numéro 15 de l’USAL inscrit les 25 points de son équipe, dont un drop de fou sur la dernière possession de son équipe pour les trois points qui changent tout (23-25). Ce genre d’exploit, le public du Vélodrome ne l’a pas oublié et espère désormais le revoir, vêtu de « Noir et Blanc ». Lui non plus n’a pas oublié : « Ce match à Rennes, il fut assez fou car Rennes était plus fort. Il ne restait plus de temps, plus de possibilité, leur défense était infranchissable et j’ai tenté ce drop. Ce jour-là, tout marchait. Je ne sais pas si c’est ce match qui a décidé le REC à me suivre mais ça a sans doute dû jouer un peu », s’amuse aujourd’hui l’arrière réciste dans un français impeccable.

Toute la famille réunie en France en 2023 pour la coupe du monde ?

Arrivé en 2021 à Limoges, le troisième Puma du club, après Jorge Gonzales et Pedro Ortega, avant d’être rejoint par Gonzalo Bontempo et Carlos Muzzio, n’a pas traîné pour apprendre la langue de Molière : « Pour moi, c’était évident mais surtout un plaisir. Si j’ai choisi de voyager et de venir en Europe, c’est pour vivre du rugby, oui, mais pas que, loin de là. J’aime m’imprégner d’une culture, visiter, apprendre la langue. Ma chance est aussi-là, au-delà du sport ». Son départ de la capitale argentine, en 2020, fut un déchirement, forcément, mais aussi une sorte de délivrance, un ticket aller sans retour prévu à ce jour vers un avenir meilleur : « J’ai grandi en Argentine, j’y ai famille, amis et mon histoire mais celle-ci passait aussi, un jour, par un départ vers l’Europe. La situation au pays est très compliquée, l’insécurité et la corruption sont présentes et rendent le climat très tendu et difficile. Là-bas, le rugby est amateur, on ne vit pas de cela et je voulais tenter ma chance ici. Pour gagner ma vie mais aussi, connaître un autre contexte. Quand je suis parti, forcément, mes parents et mes sœurs, dont je suis très proche, étaient très tristes. Moi aussi. Mais nous étions aussi très heureux car j’allais pouvoir vivre cette expérience. Le confinement nous a rapprochés, soudés, nous jouions au ping-pong, étions autour de la piscine mais à la sortie, il fallait ce nouveau départ, accepté de tous. » Dans les prochaines semaines, la maman, d’abord, puis l’an prochain, le papa, avec la coupe du monde en France, rendront visite au néo-Breton : « Mes sœurs aussi, normalement, qui aimeraient aussi venir en Europe. Nous sommes très soudés et nous parlons tous les jours par internet mais cela ne compense pas totalement leur absence. Je vais être heureux de les revoir bientôt ! »

« J’étais à Périgueux pour la demi-finale, comme un vrai fan ! »

Après avoir évolué comme son papa au Banco Nacion, club de D2 situé à Buenos Aires, Pedro qui rêve d’endosser la tunique « Ciel et Blanc » se résout à rallier le vieux continent après avoir renoncé à son rêve international et arrive à Barcelone, où il dispute une saison avant de pouvoir rejoindre l’hexagone et Limoges. Choc thermique et culturel garanti mais pour autant, de bons souvenirs : « L’USAL n’est pas aussi avancée dans son développement que le REC mais j’ai vécu de beaux moments là-bas, notamment avec le barrage remporté qui nous a permis d’accéder à la Nationale 2. Nous avons vécu un scénario de folie, c’était intense et à ce moment-là, j’avais déjà signé au REC, qui disputait lui les phases finales que l’on sait. J’avoue avoir eu un mélange d’émotions quant à mon départ mais il fut effacé quand le REC a terminé en force. J’étais à Périgueux pour la demi-finale, comme un vrai fan. Cette montée, personne ne l’avait vue venir, j’avais signé début mars une promesse d’embauche pour évoluer en N2. Alors démarrer la saison en national, ce mois-ci, quel plaisir ! » Joueur rapide, d’instinct, très bon au pied et capable d’évoluer centre et recruter dans le projet REC comme arrière, Pedro Soto découvre déjà avec appétit sa nouvelle vie bretonne. Visites de Quiberon, Saint-Malo, du Mont-Saint-Michel mais aussi repas avec les coéquipiers, et pas uniquement avec les Argentins, le garçon fait le nécessaire pour une intégration express et une efficacité promise à être primordiale dès septembre : « Le groupe bosse vraiment bien. Il y a une très grosse qualité, je découvre tout le monde, petit à petit et je me sens parfaitement bien. J’ai été impressionné par notre niveau de jeu en amical contre Vannes, qui évolue quand même en Pro D2. Pour une première tous ensemble, j’ai trouvé l’ensemble très intéressante et j’ai hâte que nous soyons dans la compétition pour progresser. Nous avons l’envie de découvrir cette division, de jouer et de prendre un maximum de plaisir. La concurrence à l’entraînement, sur chaque poste, va aider en cela. »


La cohésion de groupe sera encore précieuse cette année et Pedro Soto ne devrait guère être en difficulté pour prendre sa place dans le jeu comme dans le vestiaire. Avec sa spécialité à lui à faire partager et découvrir aux non-initiés, le Monumental, River Plate : « Je suis un fou de foot et de River, un vrai « Millonarios » (le surnom des supporters de River, ndlr). Quand j’étais ado, je mentais à mes parents pour y aller avec mes amis. Comme vous l’avez sans doute vu sur des images ou suivi dans l’actu, là-bas, la passion atteint des sommets parfois dramatiques, ultra-tendus mais quand vous avez ce club dans le cœur, impossible de faire autrement. Depuis que je suis parti, j’ai toujours regardé chacun des matchs. Avec le décalage horaire, il faut s’organiser mais hors de question de louper un match. River fait ma partie de ma vie, comme le football est dans la vie de tous les Argentins. C’est une affaire sérieuse ! »
A l’image de celle réussie par le REC avec l’arrivée d’un joueur déjà prêt à faire se lever, avec les sourires aux quatre coins du stade, un Vélodrome qui ne l’a pas oublié et qui va se plaire à le découvrir, avec un objectif : lui faire également une belle première impression pour le pousser vers la victoire dès la venue du Suresnes !