S’il avait déjà situé Rennes sur la carte du rugby français, le XV réciste a désormais gravé dans le palmarès de l’Ovalie française le patronyme de la capitale bretonne sur la ligne 2021-2022, Fédérale Une. Un exploit retentissant, non pas au vu de ce que les Récistes ont offert sur le terrain toute la saison et de la qualité de jeu offerte, mais au regard des adversaires croisés, des conditions parfois compliquées en semaines pour s’entraîner en comparaison à d’autres clubs aux dimensions taillées pour la Pro D2 ou encore à sa saison régulière, bouclée à la quatrième place avec quelques loupés en cours de route. Des expériences enrichissantes, qu’ont peu connu les trois leaders de poules croisés avant de soulever le bouclier (Fleurance, Périgueux et Hyères) avec le résultat final que l’on sait. Ces défaites ont sans doute énormément appris à un groupe qui a construit son titre à force de travail, de résilience, de détermination et de talent, et enfin de solidarité, ceci à tous les étage de sa si belle école de rugby !
Dans le stade de Valence d’Agen, sous un soleil où la domination bretonne démarrait déjà dans les tribunes, avec près de 200 bretons ayant fait le déplacement, la confrontation tient toute ses promesses entre une formation varoise très expérimentée et possédant une bonne circulation de balle, vers l’offensive et un bloc rennais ultra fort défensivement, malins et efficace au sol. Et quelle solidarité ! Ces gars-là n’ont pas fait le déplacement pour rien, ont décidé que ce bouclier viendrait trôner dans les futurs locaux dédiés à leur club, et nulle part ailleurs, quitte à abandonner une jambe ou un bras sur le terrain. Hyères déflore bien la table de marque à la 22′ par une pénalité de Munro à laquelle répond Jacob Botica (35′). 3-3, c’est ultra-serré, les espaces sont rares mais les Rennais, à force d’impacter leurs adversaires, autant physiquement que mentalement, vont réussir un écart capital juste avant le repos, avec deux pénalités récupérées avec opportunismes et transformées par la botte magique de Jackie Botica (40′, 40’+5′). A la pause, le REC a son destin en main (3-9).
Et comme souvent cette saison, il ne va pas trembler devant le poids de l’Histoire se dessinant devant lui. Ces guerriers, héroïques dans chaque ligne, ont utilisé la tête, pour tactiquement museler leurs adversaires pourtant gaillards et pas nés de la dernière pluie mais aussi leurs muscles, leur instinct « animal » pour dévorer chaque débordement, chaque joueur tentant de s’échapper. La seconde pénalité de Munro ramène l’espoir en face mais Botica, d’un drop, climatise directement un adversaire qui comprend alors qu’il faudra vraiment y aller pour espérer. L’essai suite à la seule erreur rennaise du match, signé Dubié n’est pas transformé par Munro (11-15). Un loupé qui aura son importance au décompte final, les sudistes se brisant les dents ensuite durant 25 minutes sur le mur breton, infranchissable et monstrueux d’agressivité et d’efficacité, à l’image de la troisième ligne Cazette, Gazin, Ortega. Les joueurs de Grégory Le Corvec n’avaient perdu que deux petits matchs cette saison, étaient les favoris numéro 1 au titre mais ne connaissaient pas encore l’effet REC et vérifient l’adage du jamais deux sans trois au pire des moments. Coté REC, l’explosion de joie et l’arrivée sur la pelouse de la tribu bretonne était à la hauteur d’une performance retentissante. Kévin Courties à genou dans l’herbe, jetant sa casquette au loin, les effusions de joie avec proches et supporters puis la remise du bouclier, comme un symbole, aux capitaines Gaétan Béraud, blessé une grosse partie de la saison mais si important dans la vie du groupe, et Alexandre Guéroult, pionnier de cette exceptionnelle bande et incroyable combattant, en point d’orgue d’une journée qui restera dans le cœur des amoureux du sport rennais et même breton.
Attention, cependant, spoiler : nous ne sommes peut-être qu’au début d’une série à grand succès !