Foot- Culture : 1982 – Le cauchemar de Séville ce soir au Roazhon Park !

Une expérience émouvante, étonnante et pleine de féérie. Entre Maurice Béjart et les Monthy Piton, comme aime à le décrire son créateur Massimo Furlan, « Le cauchemar de Séville » sera à l’honneur au Roazhon Park pour une représentation unique, dans tous les sens du terme, le 17 mai. Une curiosité à foncer découvrir sans hésiter !

Si les victoires se fêtent et offrent des émotions et frissons instan­tanés, puissants mais rapide­ment rangés dans les tiroirs de nos plus beaux souvenirs, les défaites, elles, ne s’en vont pas, restent mar­quées au fer rouge telles des cica­trices. Ce constat, Massimo Furlan, metteur en scène, comédien et per­formeur italo-suisse, l’a dressé, à maintes reprises : « Avec l’équipe na­tionale d’Italie, j’ai connu ces souf­frances, y compris récemment, introduit le réalisateur de 56 ans. Ce que l’on retient du sport, ce sont les émotions et celles-ci sont souvent dé­cuplées et encore plus puissantes dans la défaite. L’enfance est un ter­rain où l’on en cultive énormément. Dans ma chambre, j’ai gagné une trentaine de coupe du monde, et je ne sais combien de scudettos ! Ce toujours, bien sûr, avec des buts et des gestes de fous. Mes rêves d’en­fant, refaire les matchs selon mes en­vies, j’ai voulu les réaliser une fois adulte, grâce à l’art vivant. Ajoutez-y la madeleine de Proust des postes de radio pour amener l’ambiance so­nore. Petit, je « regardais » les matchs en les écoutant à la radio italienne… » Et quoi de mieux, alors, pour mêler, grâce, dramaturgie, folie et beauté du jeu que ce fameux France-Allemagne de Séville en demi-finales de la coupe du monde disputée en Espagne, le 8 juillet 1982 ? Rien, tant tout y était.

Les 14 joueurs de l’équipe de France sans ballon, ni adversaires

Le 17 mai prochain, Claude Guinard, directeur du festival Les Tombées de la nuit, organisateur de l’événement, aura le cœur battant : « Ce projet a pris son point de départ il y a près de cinq ans et il va enfin aboutir. Ce fut long, très long…, témoigne cet irré­ductible supporter du Stade Rennais depuis 50 ans, capable d’aller voir un Rennes – Abbeville en D2, en plein hiver. » Le projet nait de la rencontre avec Massimo Furlan, dont le rennais découvre le travail au Vélodrome et au Parc des Princes en 2006: « Mas­simo rejouait dans le stade chaque geste de Michel Platini lors de ce fa­meux France-Allemagne, c’était in­croyable. Le spectacle s’appelait « Numéro 10 ». Aux commentaires, Di­dier Roustan et Basile Boli commen­taient. Par la suite j’ai demandé à Massimo s’il pouvait réaliser cette performance à Rennes, nous étions en 2011 mais il m’a répondu qu’il ne pourrait travailler dans un stade que sur un match totalement embléma­tique ayant eu lieu sur place. Faute d’en trouver un pouvant mettre tout le monde d’accord, l’idée a été mise de côté un moment… » Les deux hommes se croisent ensuite régulièrement, parlent d’abord de foot et collaborent sur d’autres pro­jets, y compris à Rennes, et remettent au goût du jour l’idée de réaliser la performance au Roazhon Park. Avec l’arrivée de la coupe du Monde fémi­nine, l’écrin semble idéal mais il n’en sera rien, la FIFA semblant peu en­cline à sortir de ses habitudes.

Peu importe la date, cela doit se faire ! Seul hic, Massimo Furlan ne souhaite plus performer : « Arrivé à un certain âge, physiquement, les possibilités ne sont plus les mêmes ! Il fallait donc penser autrement et j’ai décidé de transmettre mon envie, ma représen­tation de ce fameux match à d’autres, qui se sont investis follement dans l’histoire. Pas de ballon, ni d’ad­versaire, les 14 français et les commentaires, via des petites radios et l’histoire est lancée… »

La première mouture est jouée à Co­lombes le 2 juin 2018 et commentée alors par Hervé Mathoux et Stéphane Guy. La version 2022 de Cauchemar de Séville regroupera 14 acteurs et performeurs rennais, à qui les gestes seront transmis par oreillette minute par minute, pour régaler durant 120 minutes et plus les supporters à venir du Roazhon Park. Un événement rendu également possible par le Stade Rennais et notamment Jacques Delanoë : « Le club et Jacques, que je connais bien, sont at­tachés au territoire et désireux de proposer beaucoup d’événements di­versifiés à ses supporters. Leur sou­tien a été précieux pour enfin, proposer l’événement » conclut Claude Guinard. Aux commentaires, qui d’autres que Vincent Simonneaux pour donner vie à l’histoire, assister de Cyrille L’Helgoualch, ancien milieu de terrain du Stade, dont la compagne incarnera Christian Lopez sur le ter­rain, idole de Monsieur ! L’histoire est belle et prouve également que réunir art vivant, culture populaire commune et sport n’a rien d’impos­sible mais tient simplement en la vo­lonté d’ouvrir son esprit de part et d’autres. Si on ne refera pas l’histoire, la revivre sans ballon et sans Schuma­cher mérite le détour !

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