Foot- L1 : Le Stade Rennais perd le derby…et bien plus encore !

Mercredi soir, à la Beaujoire, si certains ont poursuivi leur extase, d’autres se sont brutalement réveillés avec un mal de crâne digne des pires migraines. Là où les Nantais étaient attendus un peu étourdis et encore ébouriffés de leur succès du week-end dernier en coupe de France, ce sont présentés des Rennais empruntés par période après dix jours sans match, à un niveau trop hétérogène pour prétendre à trois points ou à minima, un, qui risque de manquer cruellement.

Au regard des compos d’équipes, il ne devait pas y avoir photo. A priori sur le papier, comme ça. Côté Nantais, Kolo Muani, Simon ou encore Chirivella, parmi les héros de la coupe de France, ne sont pas là au coup d’envoi. En face, Bruno Genesio présente son équipe-type, à l’exception de Nayef Aguerd, suspendu, sans lequel le Stade Rennais ne sait décidemment pas s’y prendre quand l’adversité est consistante. Adrien Truffert est préféré à Birger Meling, Baptiste Santamaria reconverti défenseur central axe gauche et le trio Martin-Majer-Tait reconduit au milieu. Devant, Gaëtan Laborde, bien qu’en manque de réussite, l’est également. Pas de Jérémy Doku, ni de Serhou Guirassy ou de Mathys Tel, dont le plus grand bien est dit sans que l’on puisse s’en faire une idée en Ligue 1. Alfred Gomis, opérationnel, est de retour. Avec la pression de faire, enfin, gagner des points à son équipe. Ou pas…

La première période ne renverse pas les coeurs ni d’un côté, ni de l’autre. Le gros parcage rennais, venu rempli d’espoir, se fait entendre à coup de « On est chez nous ». Bien plus sympa que d’autres « Rouge et Noir » lamentables, évoluant dans le sud de la France. Les premières escarmouches sont rennaises, avec Benjamin Bourigeaud très incisif sur son côté droit, Flavien Tait, obsédé par la frappe aux 20 mètres et Martin Terrier, toujours aussi fin et intelligent dans son jeu de remise. A force d’approcher le but d’Alban Lafont, les Rennais trouvent logiquement la faille par Tait, dont la frappe fait mouche à la demi-heure de jeu. Sans écraser son adversaire, loin de là, le Stade Rennais pense avoir fait le boulot sur ces 44 premières minutes… Dommage qu’il ne manque la dernière, en terme de concentration, d’application et de maîtrise. A la 45′, un festival d’approximation entre le dégagement raté d’Alfred Gomis, la mauvaise communication en défense et le marquage élastique dans l’axe permettent à Coulibaly, qui n’avait plus marqué depuis l’époque du franc ou presque, d’égaliser du genou. Dans l’air, on le sent, la soirée vient de basculer…

Au retour des vestiaires, les Nantais ne sont guère plus dangereux ou brillants mais tentent de presser les rennais dans leur camp. Pour autant, les déboulés visiteurs continuent, cette fois-ci majoritairement sur le côté gauche. Problème, Nicolas Pallois est encore sur son petit nuage et musèle Gaëtan Laborde, en recherche de but et de confiance. Si adroit à l’automne, l’ancien goléador de Montpellier n’a plus cette confiance et ce côté tueur et ne trouve pas les courses pour se mettre en position idéale. Stéréotypé, le jeu rennais ne pousse pas les locaux dans leurs retranchements. Flavien Tait, très en jambe, frappe plusieurs fois juste à côté et provoque un corner à l’heure de jeu. Sur celui-ci, tout le monde, Alban Lafont y compris, passe au travers. Absolument seul aux six mètres, au second poteau, Gaëtan Laborde reçoit une offrande absolue pour donner l’avantage aux siens. Hélas, comme le dit l’expression à la mode, le cadre se dérobe et sans doute, la Ligue des Champions avec. Rennes a laissé passer sa chance, Nantes ne va pas en faire de même. Ludovic Blas, relativement discret, s’offre un crochet côté droit pour centrer et trouver la volée… de Nicolas Pallois, en mode avant-centre ( 73′). Le chambrage qui suit devant le kop rennais est bon enfant, rappelant que Nantes reste chez lui et surtout, européen à l’heure qu’il est, ce qui n’est plus garanti pour le Stade Rennais. Les « Rouge et noir » essaieront bien de recoller durant le dernier quart d’heure, mais de façon trop brouillonne. Les entrées, peut-être trop tardives, de Tel et Doku, en plus de Guirassy, Meling et Ugochukwu n’y changeront rien. Nantes s’offre du rab de bonheur, après avoir connu un piteux barrage il y a un an face à Toulouse pour rester en Ligue 1. Tout va si vite…

Pour Rennes, en revanche, le rêve d’une seconde place, en cas de « Perfect » sur les trois derniers matchs, vient d’être giflé et remballé dans les cartons brutalement. Il va falloir digérer, se reconcentrer et être capable d’un immense match samedi soir, dans un Roazhon Park chauffé à blanc, pour non seulement revenir à trois unités de l’OM mais aussi rêver de recoller Monaco et Nice, désormais devant les Bretons. Deux équipes aux calendriers bien plus favorables (réception de Brest et Lille pour Monaco et Nice à la 37ème journée puis déplacement respectivement à Lens et Reims pour la dernière journée). Marseille, de son côté, recevra Strasbourg lors de la dernière journée, également en course pour l’Europe, deux points derrière Rennes. Lens, à quatre points, peut aussi encore créer la surprise… Inutile, donc, de se lancer dans de savants calculs. Seule certitude, pour la seconde place, Rennes doit gagner ses deux matchs et espérer que Marseille s’incline contre Strasbourg et que Monaco n’emporte qu’une de ses deux rencontres. Pour le reste, faites vos jeux, rien ne va plus mais une certitude, la troisième place, qualificative pour le tour préliminaire, puis barrage, de la Ligue des Champions, ne serait pas un cadeau. La marche serait aussi peut-être trop haute, en toute lucidité, pour le Stade Rennais, qui s’il nous aura habitué au spectacle cette saison contre l’ensemble de la seconde partie de classement, n’aura pas assez souvent été efficace contre le top 8, ne parvenant pas à s’affirmer en patron quand il le devait. Douze défaites, c’est beaucoup, c’est trop et c’est une chance de pouvoir encore rêver à un top 4. Mais attention, une sixième place est aussi possible, avec alors, un constat d’échec terrible qui contrasterait diaboliquement avec l’impression visuelle et émotionnelle laissée par cette équipe version 2021-2022. Il sera alors temps de faire le bilan, tant du mercato mené par les dirigeants qui pose encore bien des questions, que sur l’avenir et l’orientation à donner à un groupe qui mérite, quoi qu’il arrive, malgré ses défauts, d’être récompensés. Première partie du verdict, samedi, autour des 23 heures…