Vous l’apercevez occasionnellement dans le costume de consultant sur le plateau de “l’équipe du Soir”, où il défend avec ferveur son club de cœur, le Stade Rennais. Etienne Didot, 38 ans, n’est pourtant alors que de passage à Paris, lui qui vit désormais dans le pays de son épouse, au Chili. Une vie entre Paimpol, Paris et Santiago, où comme sur le terrain à l’époque, le garçon est toujours en mouvement !
Deux ans après avoir raccroché les crampons, le foot ne te manque-t-il pas trop ? Comment se passe la vie « d’après » ?
Franchement, tout va très bien ! Je m’étais préparé à arrêter et je ne vais pas vous mentir, les entraînements, les déplacements et tout le reste, ça ne me manque pas une seule seconde ! Bien avant que je ne joue mon dernier match, nous avions déjà pensé et mis en place notre vie d’après, avec mon épouse et mes trois filles. L’idée était de revenir à une vie normale mais aussi de vivre un grand changement en partant vivre dans le pays de Maria, le Chili. Nous voulions que nos filles vivent leur culture chilienne, j’avais investi là-bas dans la restauration, tout était prêt. Du coup, au dernier coup de sifflet, tout s’est enchaîné, je n’ai jamais eu le temps de ressentir un vide.
Tu connaissais déjà le pays et son rythme avant de t’y installer définitivement ?
Bien sûr, nous y allions très régulièrement lors des vacances, depuis mes 23 ans. Nous avons nos copains là-bas aussi, les enfants connaissent et sont parfaitement bilingues. Elles l’ont d’ailleurs été bien avant moi mais maintenant, c’est naturel d’y rentrer. C’est un petit pays, magnifique où la diversité des paysages et de la nature est fascinante. Moi qui suis passionné par la terre, la nature, je me régale. Je viens cinq à six fois par an en France, où j’ai le temps de voir la famille, de venir à Paimpol, ma ville. Ce mode de vie me comble, vraiment.
Es-tu reconnu parfois, au Chili ?
C’est marrant de me demander ça mais ça m’est arrivé oui. Des touristes français, à l’aéroport de Santiago, sont venus une fois vers moi. Ils ont repéré un petit demi-chauve, perdu là-dedans et ils m’ont parlé foot, c’était marrant. Mais j’ai mieux ! En voyage en Patagonie, sur la Terre de Glace, j’ai croisé des Bretons ! C’était génial, nous sommes vraiment le plus grand peuple voyageur au monde !
Quelle activité exerces-tu en Amérique du Sud ?
Je voyage pas mal, entre l’Uruguay, l’Argentine, la Colombie pour repérer des joueurs, faire le lien avec des agents ou des clubs en Europe. Ma carrière me permet d’avoir une vraie connaissance des besoins pour évoluer en France, notamment, et j’essaie d’être le plus précis sur le potentiel de bons joueurs évoluant ici. Je ne suis pas agent, ne m’occupe pas de transferts mais je travaille en collaboration avec pas mal de clubs français. Ce boulot me permet de voir énormément de matchs, de vivre toujours dans ma passion tout en voyant plein de choses autour. Quand je rentre en France, je suis invité, occasionnellement, sur le plateau de l’Equipe TV, dans un rôle que j’aime bien.
Eric Blanc y a justement été virulent avec ton club. Te sens-tu l’âme d’un défenseur des « Rouge et Noir » sur la scène médiatique nationale face à ce genre d’avis négatif sur Rennes ?
Chacun donne son avis, souvent tranché mais on ne se tapera jamais dessus en coulisses (rires) ! Quand je ne suis pas d’accord, je le dis, en argumentant. Ce qui est certain, c’est qu’on ne devient pas le PSG, Marseille ou même Lyon en quelques bonnes années, du moins à leurs yeux. Rennes doit encore frapper d’autres grands coups, au-delà d’Arsenal, de la coupe de France, pour être encore vu davantage. Cependant, dans les discussions, au moment d’évoquer qui pour le podium derrière Paris et l’OM, Rennes revient de plus en plus. Alors quand il faut défendre mon club, je suis là !
Ton club, justement, réalise une année très intéressante avec une belle récompense finale possible, comme une nouvelle qualification en Ligue des Champions. Est-ce aussi ton avis ?
Franchement, sur la qualité de jeu, dans un bon jour, Rennes peut rivaliser avec n’importe qui en Ligue 1. J’ai eu de la chance sur les deux matchs où je suis venu cette année, face à Lyon et Troyes. Je devrais venir plus souvent (rires) ! Plus sérieusement, je pensais début décembre qu’ils étaient armés pour terminer troisièmes. Les contre-performances de l’hiver risquent de peser au final mais dans le contenu, l’état d’esprit qui anime l’équipe, j’aime beaucoup ce qui est réalisé et je les vois aujourd’hui placés, en embuscade, tout à fait capables d’aller chercher un gros classement en mai prochain !
Qu’aimes-tu dans cette équipe et en quoi ressemble-t-elle à celle que tu as connue ?
Franchement, il y a beaucoup de talent, à l’image de Lovro Majer, qui a ce truc en plus mais personnellement, j’adore les joueurs travailleurs, qui finissent le match en ayant tout donné à l’image de Birger Meling ou Gaëtan Laborde. Mon chouchou, c’est « Bourig ». Il incarne parfaitement ce que l’on attend du Stade Rennais : le respect du maillot, le don de soi, le combat et du talent. Cette équipe a une identité de jeu, du caractère et ce qui me fait penser à l’équipe de 2006-2007 est surtout l’ambiance qui y règne. On sent qu’il y a une vrai solidarité, un projet commun et cela peut mener haut !
Près de quinze ans après ton départ de Rennes, éprouves-tu toujours quelques regrets de ne pas être resté plus longtemps ?
Je l’ai toujours dit et répété, je n’ai jamais souhaité partir de Rennes. Je suis devenu « professionnel » le jour où j’ai rejoint Toulouse. Avant, j’étais un supporter du SRFC qui jouait sur le terrain ! C’était de la passion, du kif, un bonheur total. Sans Guy Lacombe, qui avait ses raisons, j’aurais peut-être fait toute ma carrière à Rennes, c’était mon envie, être le Maldini rennais, comme l’avait dit Frédéric De Saint-Sernin à l’époque. La vie en a décidé autrement, c’est comme ça, j’ai pu vivre d’autres belles aventures. Mais Rennes, c’est ma vie, mon histoire. Qui sait un jour, peut-être reviendrais-je ici…
Trouves-tu que le club a beaucoup changé ?
Dans les infrastructures, le fonctionnement, bien sûr, il a évolué mais l’essentiel, c’est qu’il n’a rien perdu de son ADN. Je retrouve l’ambiance et l’esprit qu’il y avait ici quand j’ai débuté. Nous avons la chance, à Rennes, d’avoir M.Pinault qui a permis au Stade Rennais, année après année, de devenir ce qu’il est aujourd’hui. Il y a encore beaucoup de choses à vivre, à gagner mais il ne faut tout de même jamais oublier tout ce qui a été déjà fait et les années superbes que l’on vit actuellement. Ne jetons pas tout à la moindre défaite ou au moindre loupé devant le but et savourons que Rennes soit désormais bien installé sur la carte du foot français, dans les clubs qui comptent.
On ne peut pas te laisser sans évoquer la Bretagne. Te manque-t-elle maintenant que tu es si loin ?
La Bretagne est partout avec moi, elle est en moi et fait partie de notre quotidien. La Bretagne nord, hein, mais je vais te dire une chose : paradoxalement, quand je jouais à Toulouse, je n’ai pu remonter dans le 22 qu’une à deux fois par an, maximum. Aujourd’hui, je viens cinq à six fois par an… En étant bien plus loin, je suis ici plus souvent (rires) ! Un jour, nous reviendrons, peut-être, ce n’est pas exclu mais pour le moment, place au Chili et à tout ce que j’ai encore à y vivre avec les femmes de ma vie !