Jean Cocteau disait : « Dans la vie, on ne regrette que ce qu’on n’a pas fait. » En prenant à la lettre les mots du dandy écrivain, peintre, réalisateur de cinéma et académicien, les joueurs rennais se doivent donc de lever la tête, le buste droit, et d’avancer vers un objectif encore plus sexy qu’un quart de finale d’Europa League Conférence. L’Europa League Conférence? Cette compétition nouvelle, visiblement « secondaire, voire pire » de l’aveu à peine voilé de l’UEFA qui a donc jugé inutile d’y mettre la VAR, bafouant ses propres règlements vus par ailleurs. De par le sérieux qu’a mis le Stade Rennais à la jouer, le public du Roazhon Park à nous y faire vibrer, cette C4 mérite mieux et devra être améliorée. Rennes, elle, a respecté la compétition, plus que son propre organisateur ne l’a fait, à l’image de ses joueurs, pour y écrire une belle histoire, au-delà de l’élimination.
Oui, les « Rouge et Noir » n’ont pas de regrets à nourrir, du moins sur ce match retour. Pour l’aller, le débat est ouvert tant le contraste entre les deux matchs fut flagrant ce jeudi. De l’intensité, une envie insatiable d’aller de l’avant pour gaver de plaisir son public et kiffer le moment, tout en se donnant une chance d’écrire une belle page d’histoire, voilà le leitmotiv des Bretons, appliqués d’entrée. Le premier but de Benjamin Bourigeaud, sur service de Martin Terrier, faisait exploser tout un stade (et la main courante du bas de la tribune Mordelles, sans blessés graves heureusement, mais avec une grosse frayeur pour tout de même dix blessés légers, ndlr) déjà en fusion, au bout de 8 minutes seulement, sur le premier tir cadré de la partie. Entraînant, inspirant, le milieu de terrain « moitié ch’timi, moitié breton », est en pleine bourre et emmène tout le monde avec lui ! Vite, une prolongation, même si la tendance semble au départ vers l’étranger pour le joueur qui ne se cache pas de vouloir découvrir autre chose… Dans la foulée de cette ouverture du score, Marc Albrighton sort, blessé puis Leicester fait briller Dogan Alemdar qui s’impose devant Harvey Barnes (15′). Rennes accumule ensuite les corners, faisant le siège du camp anglais. Avec 68% de possession, Rennes a largement dominé la première période mais néanmoins, été trop peu incisif dans les 20 derniers mètres, avec un duo Terrier-Laborde totalement cadenassé, notamment par un exceptionnel Wesley Fofana, qui jouait là son premier match depuis plus de sept mois.
Désirant arroser cela comme il se doit, l’ancien stéphanois, déjà monstrueux en défense, va crucifier tout en Stade au bout de 5 minutes après la pause. Leicester profite du seul temps faible rennais du match et obtient deux corners. Sur le second, où Hamari Traoré, touché sur l’action précédente et une magnifique parade à bout portant d’Alemdar, était resté hors du terrain, Rennes est puni. Fofana saute plus haut qu’Aguerd et décroise parfaitement sa tête pour l’égalisation. Dur, très dur pour Rennes mais les « Rouge et Noir » ne lâchent pas l’affaire et repartent vite à l’assaut, après avoir digéré la « valda Fofana ». Le festival arbitral, « without VAR », comme à l’aller, peut commencer. D’abord un contact entre Gaëtan Laborde et Wilfried Ndidi est non sifflé (56′). Le ton est donné. Plus tard, une main au sol, sur un raid de Meling et un cafouillage monstre dans la surface, un coup de coude digne des bas fond de Premier League sur Guirassy, KO quelques minutes, n’est pas sifflé, pas plus qu’une main visible de tous dans les arrêts de jeu… Si le foot se joue désormais avec la vidéo, pourquoi pas dans cette compétition pourtant vantée par l’UEFA, plus prompt à outre-passer le droit français et à imposer des masques FFP2 aux journalistes en salle de presse et aux photographes et stadiers en bord de terrain, quand celui-ci n’est plus obligatoire en extérieur ? Allez, passons, revenons au « jeu » joué avec d’autres règles que d’habitude… Flavien Tait, entré en jeu, avait égalisé une superbe frappe enroulée sur une remise intelligente de Serhou Guirassy sur un énième raid d’Adrien Truffert (76′). L’exploit est alors très proche, et Guirassy cru toucher les étoiles à la conclusion d’une sublime action collective, aux six mètres face à Kasper Schmmeichel. Mais l’international danois n’est pas le premier venu et réalisait l’exploit qui allait qualifier les siens, malgré un siège étouffant des Bretons durant les 15 dernières minutes de jeu, hâchées par les innombrables simulations et gains de temps d’Anglais malins comme des « Foxes » ! Baptiste Santamaria, d’une frappe sèche, fut aussi proche de ponctué son superbe match d’un but mais le ballon passa juste à côté…
Au coup de sifflet final, la joie des Bleus, épuisés et trimbalés pendant de longs moments en ce jeudi soir, en disait long sur la difficulté pour sortir Rennes d’une coupe qui aura au final, apporté son lot d’émotions au SRFC. Pas le temps pour autant de s’apitoyer, où de refaire le match avec VAR ou un arbitrage plus favorable, Metz arrive au Roazhon Park dimanche, avec l’urgent besoin de points, dans un moment où la décompression sera interdite. Rennes peut reprendre sa place, méritée, sur le podium de Ligue 1 et ne doit pas s’en priver. L’OM et Nice s’affrontant dimanche soir, les Bretons tiennent une occasion en or de remettre au goût du jour l’ambition légitime de retourner en Ligue des Champions l’an prochain. Sur le spectacle proposé et ses passages forts de la saison, le Stade Rennais le mérite, au moins largement autant que les deux clubs azuréens. Et si le niveau y sera bien plus élevé qu’en ELC, Rennes a appris et mérite de mettre en application les enseignements reçus depuis l’automne 2020. Et puis cette fois-ci, il y aura ce fabuleux Roazhon Park plein, bouillant, et surtout, il y aura la VAR…