JRS50 – Rugby – REC : Gaël Dréan « Je partais de si loin que je ne pouvais que m’améliorer ! »

Il est la révélation de la saison rennaise, même s’il a encore beaucoup à apprendre. Agé de 21 ans, Gaël Dréan s’offre une première saison en fédérale une de tout premier plan, augurant un bel avenir dans l’ovalie. Une histoire qu’il n’aurait pas imaginée lui-même mais qu’il doit aujourd’hui façonner et faire murir, avec travail et ambition.

Quand il parle tango avec l’Argentin Pedro Ortega ou les anciens Narbonnais Téo Gazin, Romuald François ou Pierre Algans, il y a quiproquo ! Pour Gaël Dréan, les couleurs «Orange et Noir» n’ont rien à voir avec Narbonne et encore moins avec la célèbre danse argentine ! Non, le « Tango », ce sont les Merlus, le foot champagne époque Christian Gourcuff avec les Jouffre, Amalfitano, Gameiro et autre Morel. Longtemps suiveur du FC Lorient, Gaël Dréan bascule dans le monde de l’Ovalie à 8 ans. Le rugby a fini par récupérer ce pratiquant d’athlétisme et de foot en même temps que ses deux frangins, le grand et le petit, eux aussi mordus par le XV : « Mon père a joué au foot à La Montagne, une équipe qui a réalisé quelques belles épopées en coupe. Nous le suivions, il y avait un but de foot dans le jardin. Puis est venue la découverte du rugby à l’école. Nathan, mon grand frère, a ouvert la voie, je l’ai suivi puis c’est Gabriel qui nous a emboîté le pas. » Résultat, le petit Gaël, 8 ans, démarre ses gammes à Lorient tout en pratiquant beaucoup d’athlétisme, ce tout au long de l’adolescence : « Nous étions remuants tous les trois et le rugby nous a permis de bien nous défouler ! » Plutôt frêle et petit, malgré une pratique sportive intensive, celui qui régale aujourd’hui à l’aile du REC Rugby s’éclate sur les terrains, où sa vitesse fait des ravages. De l’insouciance, du plaisir, des essais, le cocktail est bon et satisfait pleinement le Morbihannais, qui choisit de rejoindre Plouzané, équipe de Fédérale 3, l’année de son Bac : « Je jouais régulièrement avec la Fac’ et j’ai continué en Senior à Lorient, où une équipe en Série s’est montée. J’avais une double licence, c’était sympa mais pour autant, je ne voyais pas de perspectives pour aller plus haut. La Fédérale 3, c’était déjà très sympa ! » S’il a abandonné les travées du Moustoir et s’est pris d’une certaine sympathie pour le Stade Toulousain, Gaël Dréan reste focus sur ses études mais progresse à vue d’œil. Les adversaires en F3 lui apprennent la rugosité et le contraignent à muscler son jeu, chose faite notamment à la Faculté de Brest. L’efficacité reste, elle, au rendez-vous. En 17 matchs, le Lorientais plante 19 essais et forcément, cela ne passe pas inaperçu !

« AU DÉBUT, À L’ENTRAÎNEMENT, JE N’OSAIS MÊME PAS FAIRE UNE PASSE… »

Féru de rugby et au fait de tout ce qui se passe dans les contrées bretonnes de l’Ovalie, Jean Lesacher, responsable de la communication du REC, repère le phénomène et en avise Thomas Mottin, coach des espoirs. Le contact est pris entre le joueur et le staff rennais et le changement de destin rugbystique opère : « Quand Rennes m’a appelé, franchement, j’étais très surpris mais je n’ai pas hésité bien longtemps ! Je pouvais continuer mes études là-bas, tenter une aventure sans être trop loin de la famille et faire de gros progrès. Je suis arrivé là-bas à l’été 2020 et me suis entraîné dès août avec le groupe de Fédérale 1. J’ai pu faire deux matchs de préparation et deux matchs avec les espoirs puis rideau, avec le Covid… » Les semaines passées sur les terrains de Crubillé, même sans compétition officielle, sont néanmoins précieuses pour le néo-Rennais : « Lors de mes premiers entraînements, j’étais super impressionné, vraiment, je n’osais pas faire une passe ou prendre une initiative de peur de mettre par terre la séquence travaillée. Puis petit à petit, les gars m’ont parlé, m’ont encouragé à tenter. L’absence de match fut difficile mais pour autant, nous avons pu continuer à nous entraîner et ce, toute l’année. J’ai appris comme jamais question rugby : tactique, placement, jeu de mains, réflexion sur le jeu. J’ai continué de me renforcer musculairement. D’un autre côté, je partais de tellement loin que je ne pouvais que m’améliorer ! (rires). » Une fois le retour au jeu décidé par les instances, place aux entraînements et aux matchs. La préparation de la saison en cours se passe bien et une énorme surprise attend Gaël.

Pour la première rencontre de championnat, le tandem Kévin Courties Vincent Bréhonnet choisit de le titulariser contre Périgueux, l’un des cadors du groupe : « Alors celle-là, franchement, je ne l’ai pas vue venir ! A la rigueur, être sur le banc, peutêtre mais titulaire, c’était tout sauf attendu. Le matin du match, j’avoue que je suis allé plusieurs fois aux toilettes, j’avais la boule au ventre et en même temps, terriblement envie d’y être… Ces mecs qui m’ont aidé à l’entraînement, qui m’ont permis de grandir, j’allais jouer à leurs côtés. Dans les tribunes, j’avais ma famille, c’était génial… » Tellement génial que le scénario et la beauté du sport s’en mêlent puisque le numéro 14 réciste n’a besoin que de trois minutes pour planter son premier essai en Fédérale Une : « C’était comme dans un rêve ! Franchement, comme imaginer un truc pareil ? J’ai la chance d’être au bon endroit, au bon moment. Ce ballon j’ai couru après et derrière j’envoie tout ce que j’ai et je vais aplatir… ça restera un souvenir incroyable. Le reste du match, lui, m’a ramené sur terre ! Nous avons souffert, perdu et c’est surtout cela que j’ai retenu. Il y avait eu un gros ascenseur émotionnel. » Sans forcément le savoir à ce moment-là, Gaël Dréan a lancé sa saison et va enchaîner pour réussir une phase aller exceptionnelle ! Au compteur, 10 feuilles de match et sept essais, à la surprise du jeune homme, qui ne veut surtout pas s’enflammer : « Avec les potes des espoirs, on se disait avec certains que si déjà nous faisions 5 feuilles dans l’année, ce serait beau ! Alors là, forcément, je ne peux qu’être très heureux. Pour autant, je sais encore tout le boulot que j’ai à accomplir. Je dois avoir un meilleur jeu de main, mieux comprendre les mouvements, améliorer ma lecture. Je ne suis pas passé par les centres de formation, j’ai encore tellement à apprendre ! » Cela tombe bien, le REC compte bien accompagner son ailier à franchir les étapes.

Interrogé sur cas, Kévin Courties, le manager, pose son bilan : « C’est un jeune joueur qui surfe sur la réussite. Il a encore beaucoup de travail à fournir pour atteindre le niveau qu’il mérite et c’est sur ce point qu’il a le plus progresser : la volonté de travailler et d’améliorer ses outils. Dans le sillage de Lucas ou encore Jackie, il ne finit pas sa séance avec le collectif. Il se donne individuellement du rabe. Le club l’aide à grandir en tant qu’hom – me en le centrant sur ses études tant que possible et l’équipe l’aide à grandir en tant que joueur. » Avec un avenir pro ? Gaël Dréan l’imagine avant tout en Ille-et-Vilaine : « Si on m’avait dit il y a un an que je jouerai en Fédérale Une et que je pourrais peut-être devenir professionnel et gagner ma vie en jouant au rugby, franchement… Aujourd’hui, j’ai mes études, je suis en colocation avec d’autres jeunes du club qui sont devenus mes potes, je m’éclate, tout va bien pour moi. Devenir pro ici, avec le REC, ce serait énorme, c’est certain. Nous en discuterons peut-être prochainement mais je dois déjà confirmer, jusqu’à la fin de la saison, tout ce qui a été fait. Nous avons une carte à jouer pour aller en phase finale et je pense que nous arriverons en pleine possession de nos moyens dans les semaines qui viennent. » Désormais connu et repéré par ses adversaires, le Lorientais va devoir appréhender le plus dur dans les semaines à venir, confirmer sur les pelouses de Fédérale Une ! Tout en esquive et en vitesse, pas sûr que le défi ne l’effraie. Une bien bonne nouvelle pour le REC et ses ambitions nationales !