La dernière fois que le nom de Jordan Tell a fait la une de l’actu rennaise, Christian Gourcuff était encore l’entraîneur des « Rouge et Noir » et l’attaquant, alors grand espoir venu de Caen, marquait l’unique but rennais d’un nul décevant à Troyes (1-1). C’était en 2016… Cinq ans et demi plus tard, l’attaquant désormais au Clermont Foot, faute d’avoir confirmé les espoirs placés en lui, s’est rappelé au souvenir des supporters rennais, d’une très belle tête admirée aux premières loges par Dogan Alemdar, totalement passif sur le coup. Dix minutes auparavant, c’est Lucas Da Cunha, lâché à l’OGC Nice par le Stade Rennais et prêté lors de ce mercato d’hiver aux Clermontois, qui avait remis son équipe dans le coup tout en faisant valoir la malédiction des anciens rennais heureux de marquer face à leur ancienne formation (60′, 1-1). Symboles de la dernière demi-heure horrible proposée par le Stade Rennais, ces deux-là ont su punir en deux fois une équipe qui elle, n’aura su convertir sa domination.
Car il faut le dire, impossible d’imaginer pareil scénario à l’issue des 45 premières minutes, largement dominées par le Stade Rennais. Si l’entame était poussive, la suite était une accumulation d’occasions franches. Dans le but clermontois, Ouparine Djoco s’employait en face à face devant Martin Terrier puis face à une volée « taupée » de Gaëtan Laborde. Baptiste Santamaria, à la 18′, d’une tête rusée imparable, ouvrait logiquement le score sur un caviar de Benjamin Bourigeaud. Un peu plus tard, ce dernier était à la conclusion d’une magnifique remontée de balle avant d’échouer sur le gardien auvergnat. Si certains imaginent déjà Jérémy Doku dans les plus grands clubs européens, celui-ci ne parvient pas à faire la moindre différence tandis que Martin Terrier, en dehors de son occasion du début de match, traverse la première période comme une ombre. Au milieu, peu de dépassement de fonction. A signaler en revanche, les bons apports offensifs de Lorenz Assignon, plus en difficulté après la pause, défensivement notamment.
Joueur le plus incisif, bien que maladroit, Gaëtan Laborde s’offre une nouvelle occasion en or aux neuf mètres face à Djoco mais reprend juste à côté, dès la reprise de la seconde période. Dans la foulée, nouvelle occasion pour Benjamin Bourigeaud, qui loupe son contrôle en position pourtant idéale. La suite, vous la connaissez et les Rennais n’auront même pas le regret d’occasions manquées sur un siège intense en fin de match… Il n’y en aura pas !
Bien plus qu’à Lens, ou que face à Nice, Lille ou Monaco, le Stade Rennais, qui concède sa cinquième défaite lors des sept derniers matchs, aura mis deux raclées aux cancres Saint-Etienne et Bordeaux mais n’y arrive plus par ailleurs ! Trop fébriles en défense, avec les absences pesantes d’Hamari Traoré, de Nayef Aguerd et n’en déplaise à certains, d’Alfred Gomis, les « Rouge et Noir » sont plus que jamais dans le dur et sont rentrés dans le rang, même si loin d’être largués. Nice et Marseille partis loin devant, les adversaires s’appellent désormais Strasbourg, Monaco, Lens, Nantes, Lille ou encore Lyon ! Une « descentada » qui fait mal, tant l’assurance dégagée à l’automne semblait promettre une très grosse saison au sommet de la Ligue 1. La chute n’en est que plus brutale et l’abnégation, l’agressivité défensive et offensive et un supplément d’âme, que doit aussi amener le coach et son staff, sont demandés immédiatement, dès le prochain match, et totalement indispensables pour repartir de l’avant. Rien n’est perdu, certes, mais à force de perdre tant de points, la désillusion pourrait être terrible. Plus qu’une éventuelle recrue d’hiver, rarement fiable à long terme, c’est un état d’esprit mais aussi de la constance technique et tactique que doit vite (re)trouver le Stade Rennais, ce dès le derby à la maison, dans un stade plein, face à Brest, le 5 février prochain. Ce jour-là, il faudra bloquer Lilian Brassier et Romain Del Castillo, s’il joue… D’ici là, les quinze jours qui arrivent s’annoncent être l’occasion d’une sérieuse remise en cause à tous les étages, tout en gardant un œil sur un mercato annoncé muet par les dirigeants. Cette défaite à Clermont doit être la dernière du genre, l’Europe ne s’annonce pas, elle se mérite !