A 26 ans, Bastien Demeuré empile les diplômes liés au basket comme les années sur le banc de l’URB. Assistant coach de Pascal Thibaud depuis maintenant six ans, celui qui a commencé comme bénévole au club est aujourd’hui un maillon indispensable du staff. Entre coaching, logistique, analyses et statistiques, Bastien Demeuré nous a accordé de son précieux temps pour raconter son quotidien.
Comment arrive-t-on si jeune à devenir et durer comme assistant coach d’une équipe de N1 ?
J’ai toujours été un passionné de basket ! Le coaching m’a très vite intéressé car mes frères étaient eux-mêmes entraîneurs. Dès 13 ans, j’ai commencé à entraîner et j’ai toujours adoré ça. J’ai continué mes études en parallèle et je suis arrivé en BTS comptabilité au lycée Bréquigny. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me rendre aux entraînements de l’URB. J’y allais en tant qu’observateur dans un premier temps et puis Pascal Thibaud m’a demandé de réaliser un fichier de statistiques. J’ai produit quelque chose d’assez complet et je lui ai rendu ce fichier rapidement. Ça lui a plu ! J’ai par la suite intégré l’URB en tant que service civique et c’est comme ça que tout a commencé !
Quelles relations entretenez-vous avec le coach Pascal Thibaud ?
C’est plus qu’un mentor, c’est un deuxième père pour moi. Il m’a énormément appris et m’a fait confiance. J’ai un très grand respect pour lui. Cela m’a même joué des tours car je n’arrivais pas forcément à m’imposer oralement ! Mon rôle, c’est aussi d’apporter d’autres solutions, de dire quand cela ne va pas et clairement, au début je n’y arrivais pas vraiment. Un préparateur mental est venu renforcer le staff, il est présent pour les joueurs comme pour les entraîneurs et j’ai pu discuter de ça avec lui. Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux et je n’hésite plus à dire ce que je pense ! C’était important pour moi de passer cette étape car j’aspire à devenir coach d’une équipe professionnelle.
« Je sais ce dont a besoin Pascal en termes de séquences vidéo et statistiques pour étayer son coaching »
Est-ce nécessaire d’avoir une vision commune du basket pour constituer un binôme efficace ?
Oui, nous avons les mêmes principes de jeu. Après, nous ne sommes pas de la même génération donc nous pouvons amener des choses différentes. Je suis encore jeune dans le métier donc j’essaye au maximum de regarder aussi ce qui se passe ailleurs. Il y a tout ce que j’apprends au fur et à mesure de mes différents diplômes pour devenir entraîneur et dès que je le peux, je vais à d’autres matchs comme à Nantes où Jean-Baptiste Le Crosnier est coach. Je l’ai connu à Pacé, c’est également un mentor pour moi. Mais je l’avoue, mon emploi du temps actuel ne me permet plus beaucoup d’aller le voir ! (rires). En tout cas, je sais ce dont a besoin Pascal en termes de séquences vidéo et statistiques pour étayer son coaching. Par exemple, il veut savoir ce que chaque joueur donne sur 40 minutes. Comme ils n’ont pas tous le même temps de jeu, cela permet de mettre tout le monde sur le même pied d’égalité et de faire des choix pour les matchs à venir.
Quelle est l’importance des statistiques aujourd’hui dans un match de basket ?
Elles nous aident à faire des points précis à chaque fin de quart temps. Nous avons les données du match en temps réel grâce aux deux statisticiens officiels du club présents dans les tribunes. Nous savons quel joueur a fait quoi sur les paniers, les rebonds… Cela permet des réajustements tactiques. On communique aux joueurs leurs chiffres et on fait des changements si nécessaire. Il peut également y avoir des réajustements en fonction du jeu des adversaires. Nous les analysons en amont, nous savons leurs forces et faiblesses et le jeu mis en place mais nous ne sommes pas à l’abri de modifications.
« Chaque joueur doit lui-même analyser son adversaire direct et expliquer son jeu à ses coéquipiers »
Comment se passe concrètement l’analyse d’un adversaire ?
Tout se passe par la vidéo. Je prends une dizaine d’heures par semaine pour regarder les matchs, prendre des notes et faire des montages. Le but, c’est de comprendre la tactique, quel joueur est un bon shooter, quel joueur est bon dans la raquette, etc. Je regarde les trois derniers matchs de notre adversaire et je fais un compte rendu à Pascal. Cette année, j’ai progressé dans mon analyse vidéo et notamment sur la maîtrise de l’outil car j’ai eu la chance d’être formé sur une matinée par Yoann Cabioch. C’est un entraîneur breton qui, aujourd’hui, est coach NF1. Il vient de gagner la WNBA avec Chicago en tant que responsable vidéo. Sa réussite est une vraie source de motivation !
Est-ce que les joueurs ont également des visionnages vidéo ?
Oui. Cela peut être un peu lourd pour eux alors nous les impliquons entièrement dans cette analyse. Chaque joueur récupère un montage de son adversaire direct, il doit analyser lui-même son jeu et expliquer ses forces et faiblesses à ses coéquipiers. De mon côté, j’ajuste ou développe quelques points mais certains sont vraiment très bons et n’ont pas besoin de moi ! Avec Pascal, nous essayons d’innover pour que l’implication soit maximale. Comme le fait que lui et moi, nous sommes toujours au milieu du banc pendant un match. Généralement, les coachs sont en bout de banc. C’était un souhait de Pascal, cela montre que nous aussi nous sommes complètement impliqués et c’est plus facile pour donner des indications aux joueurs quand ils sortent du terrain. Comme ça, ils sont aussi au faite de nos échanges stratégiques pendant le match.
Peuvent-elles avoir un rôle motivationnel, ces séquences vidéo ? Par exemple, les utilisez-vous pour rebooster un joueur en mal de confiance ?
Eh bien, c’est exactement ce que nous avons fait l’avant-veille de notre victoire à domicile face à Tarbes ! Nous étions sur six défaites consécutives, il fallait trouver quelque chose pour inverser la tendance. Les joueurs sont venus le mercredi après-midi pour regarder des vidéos où justement, ils font de bonnes séquences. Le lendemain soir, nous avons organisé une réunion avec le préparateur mental et toute l’équipe. Nous avons donné les points forts de chacun et les axes d’amélioration. Certains râlaient un peu avant de venir, ce qui est normal ! Généralement, on essaye de « couper » la veille d’un match. Ça nous semblait malgré tout nécessaire et au final, ils étaient tous ravis en sortant ! Le but était de les rebooster et derrière, nous remportons notre première victoire à domicile ! Est-ce grâce aux montages ? Peut-être bien ! (rires)