C’est l’une des particularités du handball, plutôt gênante, qui offre des moments toujours compliqués à gérer. Dans le monde de la petite balle pégueuse, pas de marché des transferts avec des dates pour l’encadrer ou des sommes indécentes pour voir un joueur passer d’un club à l’autre. Non, simplement l’anticipation, à tout moment d’une saison, de la fin du CDD liant les joueurs à leurs clubs et ainsi, des destins liés avec un autre club que celui qui vous emploie quand bien même la saison n’a parfois même pas démarrée. Avec des situations complexes à gérer ensuite : on se souvient ainsi, en mai 2019, du match Pontault-Cesson capital pour le maintien, perdu par les Irréductibles avec face à eux, dans les buts, leur futur gardien Robin Cantegrel auteur ce soir-là d’une grosse performance qui envoyait directement son futur club en Proligue… L’an passé, même cas de figure avec Robin Molinié, décisif dans la victoire avec Créteil face au CRMHB. Avec, cette fois-ci, une issue plus favorable et un maintien : « C’est toujours très particulier de jouer ces matchs-là, nous confiait l’arrière-gauche cessonnais. Si on lève le pied, on manque de respect à notre employeur, nos coéquipiers et si l’on réussit une grosse performance, on peut envoyer sa future équipe en D2… » A l’évidence, le système doit être repensé, et vite, car les conflits d’intérêts sont légion et l’éthique fortement secouée, empêchant parfois les joueurs de rester focus sur leurs objectifs quotidiens. Des réflexions sont-elles engagées en la matière ? Difficile à savoir mais une clause empêchant un joueur d’évoluer face à son futur club pourrait éviter bien des supputations et tourments.
Toujours est-il que Cesson n’échappe pas, comme chaque année, à cette valse des joueurs et a confirmé l’information révélée par le commentateur des matchs sur le site Lnh.Fr : Jozé Baznik et Hugo Kamtchop-Baril quitteront la Bretagne à l’issue de leur contrat s’achevant en juin prochain. Si la courtoisie amène le club cessonnais à ne pas divulguer la destination et à laisser au club gardois le soin de faire son annonce, ce sera bien du côté de Nîmes, où le gardien et le pivot du CRMHB, très en vue cette saison, rejoindront Mathieu Salou et Jean-Jacques Acquevillo, ayant déjà pris cette route ces dernières saisons, comme Jérémy Suty avant eux.
Hugo Kamtchop-Baril, l’un des pivots les plus talentueux et aussi abordable qu’adorable, va manquer au CRMHB. Depuis que ses soucis physiques, notamment aux genoux, l’ont laissé en paix, le Charentais, formé par le CRMHB et apparu en pro en 2014-2015 sous les ordres de David Christmann, est en feu et réalise, depuis le retour dans l’élite de son équipe, des performances XXL. 104 buts à 75 % de réussite l’an passé, déjà 49 cette année à 79%, ce jeu d’attaque exceptionnel au moment d’attraper les ballons impossibles et de les convertir, parfois même de la main gauche, va fortement manquer à Cesson mais ravir Nîmes et ses ambitions européennes. Une expérience nouvelle qui pourrait lui ouvrir les portes des Bleus, s’ils poursuit sa progression, à l’instar du Nantais Théo Monar, aujourd’hui juste derrière les intouchables Fabregas, Tournat et Karabatic.
Dans les buts, Jozé Baznik, arrivé discrètement la saison passée en compagnie de son compatriote slovène Rok Zaponsek, rapidement reparti, s’est fait une place de choix dans les cœurs des suiveurs cessonnais à force de très grosses performances depuis janvier 2020. L’an passé, 31 % d’arrêts, cette année 30 %, Pépé est devenu en Bretagne le numéro 1 qu’il ambitionnait et a mérité d’être. 286 arrêts pour le club cessonnais l’ont même mené jusqu’à sa sélection nationale. A Nîmes, il fera la paire avec Alexandre Demaille, qui quitte lui aussi Saint-Raphaël pour faire place à Vincent Gérard, en provenance du PSG. Sa grinta, son talent et aussi sa personnalité vont manquer à un vestiaire et un public qui s’était habitué au show avec un gardien très communicatif après chaque parade.
Pour le remplacer, le CRMHB mise sur un autre style, tout aussi spectaculaire, avec Arnaud Tabarand. Gardien expérimenté de 36 ans, passé par Paris, Créteil, Vernon, Billère et Istres,il s’est engagé pour deux ans. Ce gardien physique (1.94 m, 100 Kg) fera la paire avec Miguel Espinha. Sur le site officiel du club, il confirme et détaille son choix : « Je suis très heureux de rejoindre Cesson, dans un projet ambitieux. J’ai senti que le club avait vraiment envie que je vienne et que l’on travaille ensemble. C’est un grand plaisir pour moi, nous en avons discuté avec ma famille et nous sommes très heureux d’arriver ici. Avec l’ambition de faire de grandes choses.« . Même son de cloche du côté du coach, Sébastien Leriche : « Arnaud est un gardien expérimenté sur la première division française. C’est un gardien régulier à ce niveau, qui devrait nous offrir une garantie sur le poste. Il possède un tempérament de compétiteur et s’intégrera rapidement à l’équipe. Nous misons sur une association forte sur le poste de gardien avec l’arrivée d’Arnaud et la présence de Miguel Espinha pour la saison prochaine.« . Avec 10 arrêts à la Glaz jeudi privant Cesson d’un septième succès cette saison, le futur gardien des Irréductibles a d’ores et déjà marqué des points tout en privant sa future équipe d’en ramasser un de plus. Le 5 février prochain, même dilemme pour Jozé Baznik et Hugo Kamtchop-Baril avec la réception de Nîmes…