Robin Molinié : « Aucune excuse pour ne pas tout donner ! »

En mai, il avait fait mal au CRMHB en conduisant Créteil à la victoire et le CRMHB à un final sous tension. Aujourd’hui, celui qui reconnaît avoir suivi le résultat de Toulouse-Ivry auprès du kiné cristolien en jouant ne boude pas son plaisir d’avoir rejoint la Bretagne. Comme une évidence.

« Déjà, en 2014, David Christmann m’avait contacté. L’équipe d’alors avait cette grinta, cette identité locale, cela faisait très envie mais ça ne s’était pas fait… Il y avait déjà Romain, Romaric, Sylvain ou Hugo au centre de formation… » Presque huit ans plus tard, Robin Molinié empile les victoires avec Romain Briffe sur le terrain de pétanque face à la doublette Kamtchop-Baril-Hochet, en préparation au Château du Bois-Guy, à Parigné. Information non vérifiée mais illustrant à merveille l’intégration express du Grenoblois à son nouveau club depuis deux mois.
Natif de l’Isère, fan des Girondins de Bordeaux et de l’UBB par un papa rugbyman, Robin Molinié, 30 ans, garde également les « Jaunards » de Chambé dans le cœur, pour y avoir fait notamment son sport études et sa jeunesse handball. Un choix rapidement dicté par des cousins handballeurs pros et un grand frère ayant tracé la route pour lui : « Dès mes 6 ans, j’étais licencié, je voulais jouer au hand. Il n’y a pas eu à hésiter ! ». De sélection en sélection, en respectant les étapes, il finit par intégrer le centre de formation de Saint-Raphaël, aux côtés de Kévin Bonnefoi notamment sous la houlette d’un certain Christian Gaudin : « Christian, beaucoup l’ont critiqué et ont leurs raisons. Me concernant, tout ne fut pas parfait mais c’est un coach qui a de vraies qualités et a eu de très bons résultats avec Saint-Raphaël. Quand on est un jeune joueur, l’avoir, c’est apprendre l’exigence, la rigueur et le travail. Si je lui en ai sans doute voulu à l’époque de ne peut-être pas avoir assez ma chance, je vois avec le recul que je n’étais pas assez performant quand il me la donnait. ». Lucide, le robuste isérois n’est pas du genre à ressasser et saisit les opportunités au rebond. Comme celle de filer en joker médical à Besançon, alors en Proligue, pour six mois.

DÉCLIC À BESANÇON, CAPITANAT ET FIN DIFFICILE À CHARTRES

En manque de temps de jeu dans le Var, il explose dans le Doubs à 21 ans, prenant conscience de ses qualités mais prenant surtout ses responsabilités sur le terrain. Il découvre aussi un nouveau poste, celui d’arrière-gauche : « J’avais fait toutes mes classes comme demi-centre et j’ai acquis cette polyvalence avec Besançon. Cette année a été un déclic. ». L’histoire est lancée et à son retour dans le sud, elle doit s’écrire ailleurs : ce sera à Chartres, candidat déclaré d’alors à la montée dans l’élite. En sept saisons dans l’Eure et Loire, Robin Molinié connaîtra deux montées avec les « Ciel et Marine », Pascal Mahé, le coach qui lui fit confiance et lui donna sa chance, et de grands moments : « Je suis devenu peu à peu un leader dans l’équipe, quelqu’un sur qui l’on s’appuie. Le poste de demi-centre l’exige, l’annonce des combinaisons, l’orientation du jeu. J’aime aussi shooter et tirer, et la possibilité de décaler à gauche m’offrait cela. » Parmi les chouchous de la Halle Jean Cochet , l’histoire d’amour se termine mal, et pas qu’un peu…

Après avoir largement dominé Vernon et assuré son titre de Proligue ainsi que la montée en Lidl Starligue, les Chartrains fêtent la montée avec un public en fusion. Pris par l’émotion du moment, entre frustration, colère mais aussi, rage, le capitaine du CCMHB adresse un doigt d’honneur en direction de la tribune officielle, geste capté par des vidéos retrouvées sur les réseaux sociaux : « Sur le terrain, nous avions fait une saison quasi parfaite, ultra plaisante entre joueurs mais de nouveaux dirigeants sont arrivés et ont signifié aux « anciens » que nous ne serions pas de l’aventure la saison suivante et ce, sans vraiment y mettre les formes. Un peu comme si demain, ici, une nouvelle direction arrivait et dégageait d’emblée Romaric, Romain et Sylvain, comme pour effacer l’encrage local. Il y a eu de l’incompréhension, montée au fil du temps, de l’amertume et ce soir là, tout est ressorti au travers de ce geste, qui était destiné en particulier à une personne déjà repartie du club qui se reconnaîtra. C’est vraiment dommage d’avoir fini ainsi, j’avais signé mon départ même si j’aurais aimé conclure autrement. Avec mes coéquipiers, avec le public, il y a eu une très belle histoire. Quand je suis revenu avec Créteil, les supporters m’avaient même réservé une banderole chaleureuse, même si on s’était imposés sur le fil… »

Parti de Chartres, c’est du côté de Créteil que l’Isérois rebondit, se rapprochant par la même occasion de Paris, lieu de travail de sa compagne. Le challenge cristolien est simple : se maintenir en Lidl Starligue avec un effectif tourné vers la formation encadré par quelques anciens, dont Robin fait partie. Le challenge est relevé mais les joueurs du Val-de-Marne s’arrachent pour se maintenir. L’arrêt de la saison aide, avec des positions gelées et malgré une place de lanterne rouge, un renouvellement du bail ! Ayant signé pour deux ans, le néo-Cessonnais est soulagé : « L’arrêt de la saison nous a peut-être sauvés, oui… Lors de la seconde saison, en revanche, ce fut différent. Nous avons vécu une phase aller très compliqué, où personne ne donnait cher de notre peau. Puis la phase retour fut exceptionnelle, dans l’ambiance, les résultats. Nous avons fait ch… tout le monde, nous sommes arrachés pour obtenir des résultats improbables et superbes ! Cela n’a pas été souligné mais sur la poule retour, nous faisons la même chose que Limoges sur sa poule aller. Avec ce groupe là, ce fut une perf exceptionnelle, avec neuf victoires sur les quinze derniers matchs. ». Parmi elles, ce match, si bizarre pour Robin, disputé face à Cesson. L’enjeu est simple : une victoire Cessonnaise et les Bretons sont maintenus dans l’Elite. Un autre résultat laisse Ivry, le voisin, en vie : « Franchement, ce match, c’était horrible. Toute la semaine, on m’a parlé de ça… Soit tu es un con (sic) si tu sors le gros match, marque un paquet de buts et envoie ton futur club en D2, soit un enfoiré si tu ne joues pas, te défiles ou ne respectes pas le club qui t’emploie… Le choix s’est opéré naturellement. Il fallait jouer, être bon et respecter à la fois Créteil, mais aussi les dirigeants de Cesson qui avaient choisi de me faire confiance pour cette saison, en leur montrant que j’étais performant mais aussi respectueux de mon employeur… Mais dès le match suivant, j’étais le premier supporter du CRMHB et de Toulouse face à Ivry. Pendant le match que l’on disputait à Aix, je demandais sans cesse au kiné le score. Ce fut un énorme soulagement de savoir que nous repartirions en D1… » Avant lui, d’autres n’ont pas eu cette chance, s’étant engagés en décembre avec les Irréductibles pour jouer dans l’élite mais devant repasser par la case Proligue. Pas cette fois !

« L’ADN DE CESSON EST REVENU »

C’est donc dans la désormais Liqui Moly Starligue que Robin Molinié va (re)découvrir la Bretagne qu’il connait déjà un peu grâce à un frère ayant fait ses études à l’INSA à Rennes et des cousins déjà présents en Bretagne. Pour la Glaz Arena, « impressionnante », l’opération séduction a déjà opéré : « Les installations du club sont remarquables. Je suis très agréablement surpris par tout ce qui est mis en place autour de nous pour performer. Nous avons vraiment tous les outils à disposition et le club de Cesson a grandi, c’est évident et c’est aussi ce qui m’a donné l’envie immédiate de venir. Le club s’était un peu perdu dans son identité de jeu, son agressivité il y a quelques années de cela mais on sent que l’ADN des Irréductibles est revenu. Nous l’avions subi l’an passé en venant ici avec Créteil. Il y a une belle dynamique, un groupe qui s’est formé très vite et naturellement et beaucoup de possibilités. » Sur les siennes, le n°15 du CRMHB veut surtout apporter sa pierre à l’édifice, lui qui évoluera sur la base arrière en demi-centre ou sur le poste d’arrière-gauche, en alternance avec Romain Briffe : « Lui est plus « jumper » et passeur, moi peut-être plus dans le shoot et la recherche du tir. Ça a tout de suite matché entre nous, nous parlons le même handball. On sera complémentaires, j’en suis sûr, comme avec l’ensemble des joueurs. » Dans le vestiaire, le néo-cessonnais doit aussi apporter sa personnalité et sa gnaque : « Je suis désormais un « ancien», je dois apporter mon expérience. Je veux être utile, avoir un rôle sur le terrain et en dehors, partager. Nous n’aurons aucune excuse pour ne pas tout donner. A nous d’emmener le public et d’empiler les victoires, surtout à domicile ! » Un peu comme lors des soirées de juillet sur le « Boulodrome » du Château du Bois-Guy mais cette fois-ci, avec tous ses coéquipiers et du public en témoin !