Dès notre plus jeune âge, une question revient sans cesse : que feras-tu plus tard ? Cette pression sociale est discutable mais ce n’est pas le thème du jour. Nous allons parler de tous ces jeunes qui rêvent de pratiquer leur sport au plus haut niveau en se projetant à travers nos athlètes vêtus de bleu. Et après ?
Des transferts au nombre de zéros abracadabrant et des salaires démentiels défraient la chronique depuis plusieurs années dans les sports les plus médiatisés. Tout le monde s’accorde à dire que cette extrême minorité n’est pas représentative du monde sportif, tout en comprenant que cela fasse rêver plus d’un jeune. Tomber dans ce piège est le danger par excellence, mais il n’est pas le seul. Pour se débarrasser à tout jamais de cette première fausse idée, voici une information révélée par Complément d’enquête suite aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 : la moitié des athlètes français envoyés au Brésil vivait sous le seuil de pauvreté en gagnant moins de 60% du revenu moyen de l’époque, c’est-à-dire 987 euros. Oui, l’atterrissage est brutal. Beaucoup doivent donc travailler à côté pour vivre convenablement. Pour ceux qui ont le privilège de pouvoir gagner leur vie correctement, le problème est seulement retardé. Beaucoup n’ont pas de quoi s’assurer un avenir financier stable pour le reste de leurs jours. Une fois le jubilé passé, ils se retrouvent face au mur : que faire quand on a l’impression que nos seules et uniques compétences tournent autour de notre discipline sportive ? Le monde de l’entreprise peut paraître effrayant.
Puis, plus rien…
La petite mort du sportif, voilà une expression très utilisée parlant d’elle-même. Alors que leur quotidien est dicté par des objectifs de récompenses, avec un emploi du temps millimétré et médiatisé, quand vient l’heure, silence puis plus rien. La pratique du sport de haut niveau est très identitaire. Comment se présenter quand on a passé plusieurs années à s’introduire comme « sportif de haut niveau » ? Il est du devoir des clubs et des institutions de se saisir de cette problématique et d’accompagner les athlètes sur « l’après ». D’ailleurs, l’arrêt « Expovit » précise que « l’employeur, tenu d’exécuter de bonne foi le contrat de travail, a le devoir d’assurer l’adaptation des salariés à l’évolution de leurs emplois », ce que l’on appelle communément le devoir d’employabilité. Des associations et des entreprises travaillent sur ce sujet, il est possible de se rapprocher de ces structures ayant les compétences requises pour l’accompagnement et ouvrir le champ des possibles. L’erreur fatale est de se dire qu’un cycliste professionnel est voué à vendre des vélos après avoir quitté la compétition ou qu’un ancien sportif se reconvertit forcément entraîneur. Une personne a des passions et une sensibilité qui dépassent le domaine du sport qu’elle pratique. Intégrer cette dimension dans son club ne peut être qu’enrichissant et rend la structure attractive auprès des sportifs souhaitant travailler sur la suite de leur carrière. C’est un pari assurément gagnant.
Pourquoi attendre le dernier moment ?
Et si l’on s’y prenait à temps ? Nous devrions pousser le monde de l’éducation et du sport à coopérer davantage. En toute transparence, jusqu’au niveau BAC (et équivalents), le système est plutôt favorable au double projet sport-études. C’est après que cela se corse.
L’athlète est malheureusement très vite confronté à un choix : Tu veux aller chercher médaille ou titre ? Concentre-toi sur l’entraînement ou tu n’y arriveras jamais. Stop. Ces discours ne sont plus tolérables. Suivre un double projet n’est pas impossible, même nécessaire. Une blessure irrévocable est malheureusement vite arrivée, sans parler du nombre de jeunes qui, ne progressant pas assez vite, sont laissés sur le bord de la route. Bien sûr, tout est une question d’adaptation.
Les écoles et universités doivent proposer aux sportifs d’étaler leur cursus sur davantage d’années pour permettre aux athlètes de s’entraîner quotidiennement. Notamment pour les sports collectifs où jouer avec tous les emplois du temps des sportifs est complexe. De plus en plus de formations sont également disponibles en e-learning, facilitant l’organisation des déplacements. De leur côté, les structures sportives doivent prendre en compte les contraintes du monde scolaire et s’en accommoder, trouver des compromis. Les accompagner, c’est les protéger.